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Retour d'expatriation, parcours de 7 femmes qui ont su rebondir

7 femmes en retour d'expatriation7 femmes en retour d'expatriation
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 2 juillet 2023, mis à jour le 3 juillet 2023

L'été est souvent synonyme de changement de pays. Nous vous présentons le parcours de sept femmes qui ont vécu à Jakarta et qui, à leur retour en France ou en Europe, ont su rebondir en mettant à profit leur expérience indonésienne. Leur organisation, leur adaptabilité et leur autonomie leur ont permis de se remettre en cause et de se lancer de nouveaux défis. Bravo mesdames !

 

Tara expatriation rebondir

Tara : « archéologue un jour, archéologue toujours ! »

L'expatriation a toujours été associée, pour moi, à une activité de recherche rémunérée. Archéologue de formation, j'ai été pensionnaire pendant un an à l'école biblique et archéologique de Jérusalem et allocataire de recherche pendant deux ans au Yémen. Mon mari a eu un poste en Jordanie, mais la même année, j'ai obtenu un post-doc en Syrie où nous avons déménagé pour quatre ans.

Jakarta a ainsi été la première expatriation où je n'avais pas d'intérêts professionnels, trop loin de mon champ de recherche. De plus, je venais de rater le concours du CNRS et il était temps pour moi de passer à autre chose. Ces trois années de "femme d'expat" devaient me donner le temps de me former à un autre métier. 

Spécialiste des sociétés à mégalithes en Orient, j'ai vite été intriguée par les mégalithes de l'île de Sumba. J'ai proposé un article à la revue Archeologia qui s'est montrée intéressée par le sujet. De fil en aiguille, j'ai découvert qu'il y en avait un peu partout dans l'Archipel. J'ai orienté toutes les vacances de la famille sur ces lieux insolites couverts de mégalithes. Je me suis rapidement inscrite à l'Indonesian Heritage Society, pour laquel j'ai contribué, en tant que Team leader, à un groupe de recherche sur le mégalithisme en Indonésie. Mes recherches ont abouti à un ouvrage publié en français chez Hexart et plus récemment en anglais chez Archeopress. 

Cette expérience indonésienne a été bénéfique, c'est une valeur ajoutée à mon parcours d'orientaliste. Finalement, je n'ai pas eu à changer de métier puisque j'ai obtenu un poste d'enseignante en archéologie à l'université de Genève.

 

Francoise expatriation rebondir

Françoise : « ayant évolué dans l’associatif depuis des années, je me sens comme un poisson dans l’eau ! »

De retour d’Indonésie, et après avoir élevé quatre charmants enfants devenus au gré des expatriations des adolescents en puissance, je me suis tournée vers l’associatif et j’ai intégré une équipe dynamique au sein de l’Eléphant Ose (LEO), association qui lutte contre le décrochage scolaire ; cela s’est fait 6 mois après notre retour sur les conseils d’une amie qui me voyait dépérir en rêvant à la vie d’avant… Etant ingénieure, avec un mastère en finance, et ayant travaillé dix ans dans le cabinet d’audit Price Waterhouse Coopers puis dans des associations en tant que trésorière (notamment dans l’association Indonesian Heritage Society à Jakarta), j’ai naturellement mis mes connaissances en gestion, comptabilité et finance au service de LEO en prenant le poste de responsable administratif et finance. LEO a malheureusement dû mettre un frein à ses activités puisque la COVID 19 est arrivée et avec elle, les confinements, couvre-feux, fermetures d’écoles et de collèges : nous ne pouvions plus travailler. En septembre 2020, je me sentais à nouveau désœuvrée quand une amie m’a invitée à proposer mon CV à la Maison des Jeunes et de la Culture du Vésinet, sachant que le poste de directeur administratif et financier allait être vacant. Trois entretiens plus tard, me voici embauchée en CDI ! Ayant évolué dans l’associatif depuis des années, je me sens comme un poisson dans l’eau !

Conclusion : n’ayez AUCUN complexe, foncez et surtout écoutez bien vos ami(e)s car elles /ils ont souvent plus confiance en vous que vous-même !

 

Brigitte expatriation rebondir

Brigitte : « ravie de mon nouvel envol et j’y crois ! »

On m’avait prévenue et c’est vrai : le retour en France est une nouvelle expatriation. Reprendre ses marques « hors vacances » dans son pays natal, régler toutes les formalités administratives et organiser la vie de toute la famille est un emploi à plein temps est la partie pas toujours facile et sympathique du retour. Très vite, car en France c’est la norme (!), la femme travaille, nos amies aussi, j’ai voulu retravailler, même si pendant toutes ces années, j’étais bien occupée mais bénévolement, ce qui n’est malheureusement pas valorisé en France. 

Compte-tenu de mon âge et de mes 10 années en Asie (dont 5 à Jakarta), je savais que je ne retrouverais pas un emploi « d’avant », et d’ailleurs en avais-je vraiment envie ?... J’ai donc très vite imaginé divers projets. Et un a finalement gagné (!) car il cochait toutes les cases en termes de valorisation de mes expériences : mon ancien métier, le marketing, mes années passées à l’étranger, les découvertes culturelles et le partage/transmission en tant que guide, et mon péché mignon, les sacs et les chaussures. Ainsi, à 55 ans, en plein Covid et par mes propres moyens, j’ai créé ma société, Invitation O Voyage, la marque de sacs à main qui vous emmène à chaque nouvelle collection vers une nouvelle destination. Et la destination de ma 1ère collection, « la route des épices », ainsi que mon logo ne sont pas étrangers à ma dernière expatriation à Jakarta ! 

La pandémie a complexifié la création de ma société, le dépôt de ma marque et la production, elle a remis en question ma stratégie, mon lancement très récent et mon développement commercial.

Mais l’expatriation est très formatrice : s’adapter en permanence à toutes les nouvelles situations qui se présentent, réagir et décider vite, rester positive, optimiste et persévérante ainsi que les personnes rencontrées durant mon parcours à l’étranger m’ont aidée dans la concrétisation de mon projet … je suis donc ravie de mon nouvel envol et j’y crois !!! 

 

Frederique expatriation rebondir

Fréderique : “ étrangère dans son propre pays, ce n’est pas qu’une formule...”

Après 26 ans à l’étranger, venir s’installer à Paris fut certainement un des plus difficiles défis que j’ai eu à relever ces dernières années. Ma vie d’expatriée et particulièrement à Jakarta fut extrêmement riche en rencontres amicales et professionnelles et je suis arrivée à Paris en novembre 2016 en ayant que très peu de contacts dans cette ville que j’ai dû découvrir et apprendre à aimer, moi la provinciale qui n’avait vécu sa vie de femme qu’à l’étranger. « Étrangère dans son propre pays » : ce n’est pas qu’une formule...

Dès notre installation, les premières difficultés ont été d’ordre administratives : récupérer un numéro de sécurité sociale (attention à ne pas sous-estimer ce défi !), trouver un lycée pour notre fils qui était en terminale, et enfin commencer les démarches pour travailler, notamment auprès de pôle emploi... il me tenait à cœur de retrouver rapidement une identité de femme active. 

Je suis professeur de danse, et après avoir reçu à Jakarta une reconnaissance évidente pendant l’exercice de mon activité, il a bien fallu que j’admette qu’à Paris, je devais me réinventer. J’avais 50 ans et personne ne m’attendait !

J’ai commencé à donner des cours dans des écoles de danse et des associations dans des conditions de travail plus ou moins agréables et satisfaisantes. Après une période de désillusion, j’ai décidé de me former à l’enseignement de la méthode Pilates. Je suis passée avec délice du statut d’enseignant à celui d’élève.

Ce nouveau métier m’a apporté une nouvelle reconnaissance et surtout m’a permis de rebondir de manière inespérée dans ma vie professionnelle.

Actuellement, j’enseigne quasiment exclusivement en ligne et aujourd’hui cette nouvelle manière de travailler me permet d’aborder sereinement un très prochain déménagement. 

Ce fut donc une adaptation difficile et j’avoue que je n’étais pas préparée à la rudesse de Paris après 8 ans de douceur indonésienne et 26 ans d’expériences à l’étranger. Cependant, j’ai toujours été émerveillée par la beauté exceptionnelle de cette ville, et la qualité de l’offre culturelle dont j’ai profité avec bonheur. Ce fut avant tout l’opportunité de nous rapprocher de nos filles parisiennes et ce bonheur-là est bien sûr une grande chance et un privilège. 

Pendant les moments de déprime, j’ai trouvé le meilleur des réconforts auprès de mes amies expatriées, et surtout auprès de celles qui vivaient ou avaient vécu la même expérience. Le lien créé est fort. 

 

Blandine expatriation retour

Blandine : "petite-fille d’apiculteur, j'ai décidé de suivre ma passion"

Après avoir fait un bilan de compétences à mon retour d’Indonésie, je me suis vite rendue compte que le travail que j’exerçais avant mon départ en expatriation ne me convenait plus. Petite-fille d’apiculteur, j'ai décidé de suivre ma passion et je me suis formée dans la santé de l'abeille. Je suis désormais cheffe d'exploitation apicole, du nom d'Apis Lazuli. Je me suis lancée dans un programme de préservation de l’abeille noire en Normandie. Cette espèce est en voie de disparition à cause de l’utilisation massive de races d’abeilles hybridées (pour la production industrielle du miel), ainsi que des multiples atteintes à la biodiversité (raréfaction des fleurs sauvages, utilisation de produits phytosanitaires…).

Je gère six ruchers, soit environ vingt ruches par rucher, trois implantés en Normandie et trois dans le département de la Creuse. Les ruchers sont fixes, et les abeilles ne voyagent pas pour suivre les différentes floraisons. De ce fait, les abeilles ne souffrent pas et l’impact écologique est minimal. Je suis aussi technicienne sanitaire apicole pour un groupement de défense sanitaire de l’Eure, je visite régulièrement mes collègues et organise aussi des conférences.

Les débuts sont bien compliqués, mais je ne renonce pas!

 

Lucie rebondir expatriation

Lucie : "activer le fameux réseau et travailler son CV !"

Tout à fait inconsciemment je réalise avec le recul que j’ai géré mon retour en France comme une nouvelle expatriation. Il faut croire que 20 ans à l’étranger dans 8 pays différents avec une famille de 4 enfants ça laisse des traces ! Je me suis tout d’abord consacrée à l’installation de notre nouveau domicile et au choix de l’école pour notre dernier enfant qui rentrait en seconde.

Ceci fait, je me suis mise en état d’observation et je suis partie à la découverte de notre nouvelle ville. Tout d’abord, savourer toutes les bonnes choses qui nous avaient un peu manquées à l’étranger : les terrasses de café, les flâneries dans les petites ruelles, les sorties culturelles... Profiter aussi du cycle des quatre saisons et des variations de couleur et de lumière. 

Enfin, j’ai activé le fameux « réseau ». J’ai retrouvé avec plaisir les amis croisés au quatre coins du monde et j’ai commencé à oser dire que je souhaitais retrouver une activité professionnelle, même si mon CV très atypique où alternent des périodes de bénévolat, de formation à distance, d’auto-entreprise, de différents jobs n’était pas facile à présenter à un recruteur français. 

J’ai été aidée par une amie coach qui a donné une cohérence à mes multiples expériences. J’ai mis à jour mon profil sur LinkedIn en ajoutant des liens pour illustrer et valoriser mes activités passées et pour mettre en évidence les multiples compétences que j’ai pu développer : adaptabilité, agilité, organisation, autonomie...

L’exotisme et les CV en dents de scie ne sont pas toujours appréciés des recruteurs, mais certains y voient une belle opportunité d’apporter un regard différent et sûrement un peu de soleil aussi !

Lucie a co-créé l'édition lepetitjournal.com Jakarta, elle est aujourd'hui responsable du service communication dans une entreprise.

 

Aurelie expatriation rebondir

Aurélie : "dans l’Union Européenne, il est vraiment très facile de créer des entreprises"

J’ai aimé l'Indonésie au premier jour, j’ai vite appris la langue et la culture via la formation de guide du musée de l'Indonesian Heritage Society. J’ai essayé d’incorporer sans risque financier mon entreprise de sandales en cuir faites à la main par des artisans malais et indonésiens que j’avais créée lors de mon séjour en Malaisie. En mai 2016, j’ai dû quitter Jakarta à regret avec trois petites filles et quatre valises dans des circonstances précipitées et catastrophiques, en direction d’Amsterdam, capitale des Pays-Bas.

Les enfants ne peuvent pas être gardés pour une somme aussi modique et les maisons ne peuvent pas tourner toutes seules partout aussi bien qu'à Jakarta, mais dans l’Union Européenne, il est vraiment très facile de créer des entreprises… Quitter l’Asie m’a donc permis de créer Incubator Studio, une agence de branding & digital marketing basée à Amsterdam, dédiée aux organisations de petite et moyenne taille ayant de grandes ambitions. Notre mission est d’extraire de leur essence de marque l'accélération stratégique de leur succès. Nous aidons des clients un peu partout dans le monde à vendre plus et mieux grâce à un positionnement, un marketing digital et des techniques de vente adaptées.

Développer une expertise de niche est un fil rouge payant dans une vie d’expatriation, qui permet de se retourner très vite et avec confiance.

Cependant, être entrepreneur est une vocation particulière qui demande un travail de longue haleine, régulier, intense, et nécessite d'être très présent dans les réseaux virtuels et présentiels. De plus, pour entreprendre, il faut vendre (aimer vendre ou apprendre à vendre, mais se forcer à vendre), et c’est un aspect très délicat pour les professionnels français en comparaison à nos homologues anglo-saxons.

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