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Rencontre avec Vincent Guérend ambassadeur de l'UE en Indonésie

Vincent Guerend ambassadeur UE IndonesieVincent Guerend ambassadeur UE Indonesie
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 8 mai 2019, mis à jour le 9 mai 2019

Quel est le rôle d’une délégation européenne, quels sont les grands dossiers Europe-Indonésie ? À l’occasion de ce jeudi 9 mai, journée de l’Europe, Lepetitjournal.com de Jakarta a rencontré Vincent Guérend, chef de la délégation européenne en Indonésie, en poste depuis 4 ans. Ce statut fait de lui l’ambassadeur de l'Union européenne auprès du gouvernement Indonésien et du Brunei. Éclairage sur les relations diplomatiques entre l'UE et l'Indonésie.

Lepetitjournal.com de Jakarta : Pouvez-vous nous expliquer le rôle d’une ambassade européenne ?

Vincent Guérend : Il y a 140 Délégations de l’UE à travers le monde. L’UE est présente en Indonésie depuis 1986.  Les premières Délégations de la Commission européenne ont été ouvertes dès 1958. Le rôle de ces délégations a progressivement été étendu. Le Traité de Lisbonne (2009) a renforcé encore davantage le rôle des Délégations qui assurent désormais la coordination entre ambassades européennes.  Les Délégations de l'UE comptent aussi désormais des diplomates des Etats membres en leur sein et non plus seulement des fonctionnaires des institutions européennes.

Le rôle de la délégation et le mien consiste à représenter, coordonner les positions européennes et défendre les intérêts de l’Europe. Nous avons en Indonésie 21 États membres de l'UE représentés sur les 28. Sur bien des dossiers, nous sommes leur porte-parole. Concrètement nous nous rencontrons mensuellement pour adopter et discuter de positions communes, travailler sur les différents projets de l’UE en matière de politique étrangère, de politique commerciale, de politique de développement, etc…

Quels sont les priorités et les engagements de l’UE en Indonésie ?

Ils sont nombreux. Les partenariats commerciaux, la sécurité, l’aide au développement, la santé, l’assistance humanitaire, la bonne gouvernance, l’environnement, le développement durable et les droits de l’homme. À titre d’exemple dans le domaine de l’aide au développement nous coordonnons des projets comme à Kalimantan où nous aidons les pêcheurs à améliorer leur technique de pêche ou nous aidons les petits exploitants comme à Flores à développer leur petite ferme. Ce sont environ 20 millions d’euros qui sont attribués annuellement consacrés au développement par l'UE. Dans le domaine de la sécurité antiterrorisme une collaboration a été mise en place. Lors d’évènements comme nous avons eu à Bali avec l’explosion du volcan Agung ou à Lombok après le tremblement de terre, la coordination consulaire entre ambassades et délégation a bien fonctionné pour aider nos compatriotes européens. L’UE apporte aussi de l'aide humanitaire et a ainsi envoyé 1,5 million d’euros d’aide à Palu à Sulawesi.

L’éducation est très importante nous aidons des projets éducatifs localement comme l’aide apportée en terme de formations aux enseignants ou l’aide à des parents d'enfants handicapés. Nous organisons chaque année à Jakarta et dans d’autre ville une grande foire de l’éducation ou des écoles et universités européennes viennent présenter leur programme, entre 17 et 18.000 jeunes   répondent présent. Le programme Erasmus d’échange universitaire permet à de nombreux jeunes indonésiens de partir étudier en Europe. Nous distribuons chaque année 340 bourses aux étudiants mais aussi aux enseignants. Actuellement 12.000 indonésiens étudient en Europe ce qui fait de l'UE l'une des premières destinations d'étude à l'étranger des Indonésiens. Ces échanges se font dans les deux sens : chaque année et de plus en plus nombreux des étudiants européens viennent étudier en Indonésie.

La culture est très importante dans nos relations également, nous venons d’organiser le festival du film européen, plus 100 films étaient en projection dans 8 villes en Indonésie. Grand succès pour ce millésime 2019, 32.000 spectateurs ont pu profiter de ce festival bâti en collaboration avec les ambassades et services culturels des Etats membres.

L’Europe est en cours de négociations d’accords commerciaux avec l’Indonésie où en sommes-nous ?

L’Europe en Indonésie c’est plus de 1000 sociétés qui emploient directement plus de 1 million d’Indonésiens. Le montant de nos échanges commerciaux bilatéraux s’élèvent à 27 milliards d’euros pour les produits *, l’Indonésie  bénéficie d’un excédent de 6.6 milliards d’euros. Nous échangeons aussi 6 milliards d'euros de services. L’Europe est la troisième source d’exportation et d’importation pour l’Indonésie. Un accord de coopération économique et d'investissement est en négociation depuis 2016. Nous en sommes à la huitième rencontre. L’UE ne s'est pas fixé de date butoir, la priorité est de conclure un bon accord. Dans les pays où ces accords ont été mis en place une croissance commune des échanges a été constatée.  Ces accords vont bien au-delà des simples tarifs douaniers, en couvrant également le droit de la concurrence, les marchés publics, le développement durable.

L’huile de palme est un sujet de tension entre l’UE et l’Indonésie, qu’en est-il exactement ?

Nous sommes toujours en très bon termes, mais le sujet de l’huile de palme est un point de tiraillement. L’Europe après l’Inde est la deuxième destination des exportations d’huile de palme indonésienne soit en moyenne 3 millions de tonnes ou 2,2 milliards d’euros. Cette production est la première exportation pour l’Indonésie et représente également 17 millions d’emplois directs et indirects. L’U.E s’est engagée lors des accords de Paris qu’à l’horizon 2030, 32% de son énergie soit renouvelable. Les accords prévoyaient que 7% des ces énergies soient produites par des bio-carburants dans lesquels rentre l’huile de palme. Or les chiffres montrent que la déforestation n’a fait que continuer durant la période 2005-2015. Les prescriptions ont été revue à la baisse : 3,8%. Le consommateur européen veut de l’huile produite de façon durable. C’est ce que nous demandons aux producteurs indonésiens. Des certifications ont été mises en place par les autorités indonésiennes, un moratoire qui interdit de nouvelles plantations d’huile de palme sur 3 ans a été décidé. Nous proposons de voir les effets de ces normes et de refaire le point en vue de la révision de la directive européenne sur les énergies renouvelables en 2023. L’huile de palme n’est nullement interdite en Europe, les tarifs douaniers sont d’ailleurs les plus bas en comparaison avec d ‘autres destinations. Notre demande porte sur un développement durable et une certification de cette huile.

Les Européens vont aller voter le 26 mai, c’est souvent en Europe mais encore plus à l’étranger des élections qui attirent peu d’électeurs.

L’U.E est une valeur ajoutée, elle est de plus en plus présente sur le plan international et c'est souvent au niveau de l'UE que nous pouvons faire la différence. Il est important de donner sa voix. Je ne peux qu’inciter nos compatriotes à participer et faire valoir leur droit. Il est possible d’ailleurs de donner une procuration pour ce vote.

Prenons exemple sur nos amis Indonésiens, 80% de taux de participation aux dernières élections.

Vous quittez vos fonctions fin mai, en quelques mots comment résumer ces quatre années passées en tant qu’ambassadeur de l'Union européenne en Indonésie ?

Intense et varié. J’ai eu la chance d’aller de Sabang à Merauke, l’Indonésie est un pays immense il faut du temps pour le comprendre. Il y a ici beaucoup d’intérêts pour l’Europe, et de bonnes bases pour continuer notre partenariat.

* hors pétrole et gaz

 

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