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Marie-Noëlle Duris : Créer du lien, c’est ce qui a guidé ma mission

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Écrit par Valérie Pivon
Publié le 28 juin 2020, mis à jour le 29 juin 2020

L’arrivée de Marie-Noëlle Duris, notre Consule de France, a coïncidé avec le lancement du petitjournal.com de Jakarta en septembre 2016. Nous avions eu le privilège d’obtenir sa première interview. Elle termine fin août sa mission en Indonésie et revient pour nous sur les moments forts de ses quatre années. La boucle est bouclée !

Qu’est-ce que vous avez appris pendant votre mission sur l’Indonésie ?

L’Indonésie est un pays complexe où l’adaptation culturelle est vraiment fondamentale.  Dans ce pays, les échanges professionnels reposent sur le personnel plus que sur le fonctionnel. Une collaboration efficace passe, le plus souvent, par une relation individuelle. 

Quand je suis arrivée en 2016, j’envoyais des emails. Je ne recevais pas (ou très rarement) de réponse ; très vite, j’ai compris que le sésame à obtenir pour être efficace, c’était le n° WA de son interlocuteur.

A chaque tournée consulaire en province, je me suis attachée à rencontrer les autorités locales. 

J’ai appris beaucoup sur moi-même. Ici, pour obtenir un résultat il faut savoir attendre sans se décourager. Ma patience et ma pugnacité ont parfois été mises à rude épreuve. Mais finalement, on apprend aussi à repousser ses propres limites.

 

Rien ne vous a été épargné durant ces quatre années, tsunami, tremblement de terre, acte terroriste, pandémie…

La sécurité joue un rôle central dans la mission consulaire en Indonésie. Avec mes collègues, nous avons accompli un important travail d’organisation et de préparation. Dans ce domaine comme ailleurs, c’est avec l’expérience qu’on s’améliore. On est de plus en plus réactif, efficace et efficient. La gestion de crise repose sur l’anticipation et la bonne coordination de l’ensemble des protagonistes. Nous entretenons des relations avec les agences de gestion de crise indonésiennes. J’ai également beaucoup coopéré avec mes collègues consuls européens pour parvenir à mutualiser nos informations et nos moyens de réponse en cas de crise. 

Le réseau des chefs d’îlots est un autre maillon fondamental du dispositif de crise et la relation avec l’Ambassade doit être soutenue. Ils sont souvent les premiers sur les lieux, comme lors de l’éruption du Mont Agung et du séisme de Lombok.

En mars dernier, les chefs d’îlots nous ont aidés à contacter, localiser et recenser les besoins particuliers des 2.000 touristes Français dont les vols avaient été annulés. Ils ont aussi prêté main forte pour l’accueil à l’aéroport des voyageurs sur les vols organisés par l’Ambassade.

On peut aussi toujours compter sur la présence de membres de notre communauté, qui n’ont pas forcément un rôle dévolu dans ce dispositif, mais sont toujours prêts à mettre leur compétences particulières ou l’étendue de leur réseau au service notre action.  Je ne les citerai pas mais suis bien certaine qu’ils se reconnaîtront.

Le plan de sécurité est un dispositif qui inclut un nombre important d’acteurs et nécessite un travail permanent, fourni sans relâche dans l’espoir de n’avoir jamais à le mettre en pratique. 

 

Quelles ont été vos relations avec les autorités locales ? 

J’ai entretenu d’excellentes relations avec les autorités locales. J’ai toujours été bien accueillie et mes interlocuteurs ont toujours été à l’écoute de mes besoins. L’accueil, le thé, la discussion mais surtout, l’indispensable photo et l’échange de WhatsApp introduisent une dimension humaine dans une relation qui pourrait n’être qu’administrative. En cas de problème avec un Français, je peux ainsi être directement contactée et en mesure d’exercer rapidement ma mission de protection consulaire.

 

Comment définir la communauté francophone ?

Elle est extrêmement variée et sa typologie est différente d’une ville à l’autre. Par exemple, là où il y a une école française, les familles sont plus nombreuses ; ce qui a une incidence sur l’âge moyen de la communauté, ses préoccupations, mais aussi ses projets et les difficultés auxquelles elle peut être confrontée. A Jakarta, il y a toujours une communauté expatriée pour des missions courtes ; à Bali, nos compatriotes travaillent en grande majorité dans les activités liées au tourisme (hôtellerie, restauration, activité récréatives)....

Ils ont cependant tous un point commun : leurs attentes en termes de proximité de l’administration française. Nos moyens ne sont pas sans limites, l’archipel indonésien est immense et il y a des Français résidents partout. Nous nous efforçons de répondre à  cette demande, notamment par l’organisation des tournées consulaires. 

Nos trois consuls honoraires (Bali, Makassar et Surabaya), mes collègues des Instituts français de province (Bandung, Surabaya et Yogyakarta) mais aussi des compatriotes « relais consulaires » particulièrement investis (Medan), m’ont été d’un grand soutien. Leur présence et le service qu’ils rendent à nos compatriotes sont indispensables pour couvrir les besoins dans ce pays immense.

L’étroite collaboration avec les Conseillers consulaires, grâce à leur longue expérience et à leur connaissance du pays, constitue un atout supplémentaire mis au service de notre communauté. 

Je me suis efforcée, pendant 4 ans, de tisser un lien avec la communauté française d’Indonésie. J’ai voulu donner un visage à l’administration consulaire. Mon équipe, efficace et dévouée, m’y a beaucoup aidée.  Grâce aux nouvelles technologies, notre travail change et les démarches à distance se multiplient. Il ne faut pas s’en priver mais il faut conserver un lien étroit et privilégié avec nos administrés.

 

Quel dossier auriez-vous voulu terminer avant votre départ ?

Améliorer le service rendu à nos compatriotes, en termes de sécurité, de facilitation des démarches et d’information et, plus largement, d’amélioration de la qualité de service est un travail constant. Il y a encore beaucoup à faire. Je voulais organiser des sessions d’information sur les questions notariales liées aux successions et au transfert de patrimoine. C’est un dossier que je n’ai jamais abandonné en 4 ans. Je n’ai pu y parvenir du fait d’urgences et d’incompatibilités d’agendas. Mais le travail engagé sera poursuivi par mon successeur. C’est aussi ça la continuité du service public. Notre mission s’inscrit dans une démarche bien plus vaste que les limites de notre séjour. Je quitterai l’Indonésie avec la satisfaction d’avoir donné le meilleur de moi-même et la frustration d’avoir manqué de temps pour faire aboutir certains dossiers qui me tenaient particulièrement à cœur. 

 

Quelle est selon vous l’image de la France en Indonésie ?

La France jouit d’une bonne image. Nos joueurs de foot nous aident bien pour les premiers contacts. Merci Zidane et Mbappé ! Ceux, nombreux, qui sont allés en France ont un véritable attachement pour notre pays. Pour les autres, la France représente le symbole des droits de l’homme, du luxe, de la mode, du romantisme .... et du fromage ! 

 

Quel est votre prochain poste ?

Je rejoindrai les services du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, à Nantes, et quitterai l’environnement consulaire pour trois ans. J’y reviendrai très certainement parce que ce sont des fonctions qui me plaisent et dans lesquelles je me sens utile. 

 

Et si vous aviez trois mots pour définir l’Indonésie ?

Multitude, complexité et SOURIRE.

 

Un Dernier mot pour la communauté française

Ça a été un plaisir de rencontrer les Français d’Indonésie, de leur rendre service et d’assurer leur protection pendant ces quatre années.

J’ai été très touchée par les nombreux messages de soutien que j’ai reçus depuis le début de la crise du Covid-19 qui a beaucoup mobilisé, et mobilise encore, les services consulaires.

 



 

 

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