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École en ligne, comment les enseignants du LFJ s’adaptent ?

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Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 7 mai 2020, mis à jour le 10 mai 2020

Face à la pandémie de coronavius, chaque secteur d’activité a dû se ré-inventer et s’adapter. Le Lycée Français de Jakarta fermé depuis le 16 mars a lui aussi su trouver les outils pour continuer l’apprentissage en ligne de ses élèves. Depuis sept semaines, les enseignants travaillent avec le logiciel moodle. lepetitjournal.com de Jakarta les a contacté pour dresser avec eux un premier bilan sur cette nouvelle façon d’enseigner.

Marine Lambert professeur des écoles en classe de CP s’est prêtée aux jeux des questions /réponses. Merci Marine!

 

Face à une situation inédite, l'école a su se ré-inventer, les enseignants ont dû apprendre un nouvel outil. Comment s’est faite la mise en route ?

Doucement mais sûrement. En primaire, nous n'utilisions pas moodle avant le confinement, mais l'outil est assez simple d'accès, et nous avons été aidés par l'équipe technique du lycée et la direction. En quelques jours, nous avons pris nos marques, et encore maintenant, nous nous approprions d'autres programmes qui correspondent davantage à nos attentes, à nos besoins et nos envies. Ici, toutes les familles sont équipées (notamment grâce à la mise à disposition d'ipads du LFJ) et le fait de pouvoir utiliser un espace numérique de travail, avec la vidéo, la prise de sons et de photos est une réelle chance. 

Quelles adaptations pédagogiques avez-vous dû faire ? Par rapport à votre matière et l'âge des enfants ?

La première chose, et peut-être la plus difficile, c'était de prioriser. Le temps passé avec les enfants a été réduit, donc il a fallu optimiser ces moments-là, en laissant de côté certains domaines d'apprentissage, forcément à contre-coeur. Pédagogiquement, on ne fait pas classe devant un ordinateur comme on fait classe "en vrai". Il a fallu faire preuve d'imagination et trouver de nouveaux moyens pour les garder actifs et concentrés tout au long des classes virtuelles. Devant un écran, sans les copains, sans pouvoir se déplacer, sans nos outils de classe, c'est beaucoup moins drôle, et on peut vite s'ennuyer et décrocher ; alors il était nécessaire de les amuser encore plus que d'habitude. En CP, les enfants sont bon public, c'est assez facile. L'école doit rester un moment de plaisir, pour les enfants, comme pour nous. 

Comment les élèves se sont adaptés aux cours en ligne ? Ont-ils rencontré des difficultés ?

Les élèves se sont bien adaptés. La classe virtuelle est globalement "leur" moment convivial de la journée, donc ils se connectent à l'heure, souriants et disponibles. Pour les enfants à besoins éducatifs particuliers, c'est forcément plus difficile, il y a moins de contacts, d'échanges, d'encouragements individuels, et de disponibilité de notre part pour les aider. Au niveau de la gestion des outils informatiques, un enfant de 6/7 ans ne peut pas être autonome comme peut l'être un collégien, donc j'ajouterais que les parents se sont également très bien adaptés. Ils se sont rendus disponibles pour accompagner leurs enfants, régler les éventuels problèmes techniques, photographier et nous envoyer les travaux, et ils ont fait preuve d'une grande patience. Même si on ne leur demande pas de prendre le rôle de l'enseignant, la classe virtuelle sans leur implication serait impossible. 

Après plus d'un mois de cours en ligne, quel est le premier bilan ?

Positif ! La classe virtuelle ne pourra jamais remplacer la vraie vie d'une salle de classe, qui bien sûr me manque, mais on n'a pas le choix, et c'est important de voir le bon côté des choses en cette période difficile pour tous. A ce jour, aucun de mes petits chouchous n'a décroché. Même à des milliers de kilomètres de Jakarta, ils se connectent, visionnent les vidéos de la classe, et complètent la plupart du temps leurs activités en ligne. C'est pour le moment une belle victoire qui me permet de rester motivée.

Ce travail en ligne aura-t-il une influence sur votre pédagogie lors de la reprise des cours ?

Oui, je pense. J'ai découvert de nouvelles applications et programmes très pertinents. Même si je n'ai pas l'habitude de donner beaucoup de devoirs à la maison, ces outils (notamment ceux qui permettent de s'enregistrer) pourraient aider les enfants à revoir les notions vues en classe au cours de la journée plus facilement. Pédagogiquement aussi, j'ai abordé quelques notions mathématiques ou de français de manière différente, donc cela jouera forcément ! Mais c'est le propre de notre métier, avec ou sans covid19, on s'adapte et on évolue continuellement. 

 

En complément de nos questions, Marine a souhaité ajouter :

 

La relation entre les enseignants et les parents a évolué (et probablement encore plus dans les petites classes, où les parents doivent assister leur enfant). En tant qu'enseignant, on entre dans l'intimité des familles, en voyant même parfois certains parents passer derrière la webcam en pyjama. Les parents entrent également dans l'intimité d'une classe. Ils peuvent davantage comprendre comment les apprentissages de leurs enfants se mettent en place, et les difficultés qu'ils peuvent rencontrer, mais aussi nos difficultés, en tant qu'enseignant, à gérer un groupe d'élèves hétérogènes (gestion des prises de parole de chacun, enfants qui ne parlent pas français, différences de rythmes...).

 

 

lepetitjournal.com jakarta
Publié le 7 mai 2020, mis à jour le 10 mai 2020