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Belgique - Rencontre avec son ambassadeur Stéphane De Loecker

Ambassadeur Belgique Stephane De Loecker indonésieAmbassadeur Belgique Stephane De Loecker indonésie
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 6 octobre 2019, mis à jour le 7 octobre 2019

Un des points communs entre la Belgique et l’Indonésie : elles siègent en tant que membres non-permanents au conseil de sécurité de l’ONU pour cette année 2019-2020. Rencontre avec Stéphane De Loecker, Ambassadeur du Royaume de Belgique en Indonésie. 

 

Pouvez-vous nous donner le nombre de ressortissants Belges installés en Indonésie ? Leur profil ? Leur secteur d’activité et leur répartition sur le territoire indonésien ?

Il y a aujourd’hui 635 Belges inscrits auprès de notre consulat. Ils sont installés pour moitié à Bali et les autres sont principalement sur Java dans les villes de Surabaya, Jogjakarta et Jakarta. Ce sont majoritairement des entrepreneurs venus ici pour créer leur propre société. Ils travaillent dans des domaines divers dans le bois et la fabrication de meubles à Jepara, dans le tabac à Surabaya et ceux qui vivent à Bali travaillent principalement dans l’industrie touristique. À chaque fois que je me déplace, je vais à leur rencontre à travers des réunions informelles autour d’un café ou d’un déjeuner. Je peux vous dire que tous les entrepreneurs que j’ai rencontrés sont des personnes dynamiques et d’une grande indépendance d’esprit. Il y a également 40.000 Belges qui viennent visiter l’Indonésie chaque année.

Vous êtes en poste depuis un an, quelles ont été vos principales questions diplomatiques et économiques ?

Tout comme l’Indonésie, la Belgique siège cette année en tant que membre non-permanent au conseil de sécurité de l’ONU. L’opportunité pour nos deux pays de mieux se connaître. Nos deux pays sont tout deux touchés par une montée de l’intolérance venue soit de l’extrême droite pour l’un soit religieuse pour l’autre. Nous sommes aussi une société multiculturelle et avons en commun une volonté de maintenir un esprit de tolérance. La révision du code pénal est au centre des attentions, il nous faut garder une Indonésie tolérante et avancer ensemble avec les autres pays.

Un autre sujet important entre nos pays mais qui est aussi un sujet euro-indonésien est l’huile de palme. Je soutiens la résolution de l’Europe qui veut que la production d’huile de palme se dirige vers une production durable.  Mais je comprends aussi les résistances de l’Indonésie comme celle de la Malaisie. L’huile de palme fait vivre dans la région 25 millions de personnes dont des petits producteurs qui, sans ce revenu, ne peuvent vivre correctement. Il est nécessaire de sortir de la structure de Schuman et de venir voir la réalité du terrain. Il nous faut accompagner cette transition, faire que les choses s’améliorent. Aujourd’hui l’Indonésie menace de bloquer l’importation d’alcool et de produits laitiers face à la décision européenne. La Belgique exporte de la poudre de lait en Indonésie, produit essentiel à la croissance des enfants… Il nous faut éviter cette escalade et trouver un terrain d’entente. N’oublions pas que si nous n’achetons plus l’huile de palme indonésienne, d’autres pays l’achèteront sans aucun prérequis.

La Belgique accueille de jeunes étudiants indonésiens en particulier à Louvain et Anvers. Ils étudient principalement les nouvelles technologies, l’ingénierie et les communications. Ces échanges universitaires sont très importants car cela permet de créer des liens entre nos deux pays. Nous avons d’excellents retours des universités concernées. 

Mais un des freins au développement actuel en Indonésie est sans aucun doute un problème d’apprentissage d’une autre langue qui permet de faciliter les contacts. Et je ne peux que regretter que le secteur médical soit autant négligé.

Quels conseils donneriez-vous à des entreprises ou entrepreneurs Belges souhaitant s’installer en Indonésie ?

L’Indonésie est un marché important avec un fort potentiel. Je leur conseillerais de venir, d’observer le pays et de contacter ceux qui les ont précédés et qui ont remporté un succès dans leurs entreprises. Ensuite, trouver la bonne solution pour monter leur projet et travailler avec avocat et notaire locaux sur le montage juridique de leur société. La Belgique est un pays fédéral, nous avons ici deux agences commerciales ; l’une représentant la Flandre et Bruxelles est installée depuis 15 ans et depuis un an un représentant de la Wallonie est en place. Elles sont ici pour aider à l’installation des entrepreneurs Belges mais aussi faciliter les contacts et les investissements indonésiens en Belgique.

Je leur conseillerais également de rencontrer le réseau des entrepreneurs Belges et Luxembourgeois, le BLIC, qui se réunit régulièrement au Koi restaurant - comme vous le savez sans doute, le propriétaire est Belge.

Il y a un an, l’Indonésie était à l’honneur en Belgique à travers le festival Europalia. Quels ont été les retours et retombées de cet évènement majeur ?

500.000 visiteurs sont venus assister aux nombreuses expositions et spectacles donnés durant la durée du festival. Il y a eu une bonne dynamique, mais je dois dire que les retombées sont un peu décevantes. L’Indonésie a très peu investi, si ce n’est de façon symbolique, dans cet évènement qui pourtant était l’occasion de projeter son image en Europe. Il y a peu d’investissements dans la promotion des artistes et c’est dommage car en ce qui concerne par exemple le domaine musical, on sent qu’il y a quelque chose et que l’on pourrait arriver à de belles réalisations.

L’Indonésie et la Belgique célèbrent cette année les 70 ans de leurs relations diplomatiques. Quels sont les évènements qui vont marquer cet anniversaire ?

La première représentation diplomatique indonésienne en Belgique fut ouverte 1949 à Bruxelles. Nous avons déjà organisé des rencontres et quelques évènements comme un concert de jeunes artistes aux mille iles et un autre concert au restaurant Koi organisé par Gabriel Laufer avec son orchestre auquel s’est joint Sorenza Nuryanti une jeune chanteuse talentueuse belgo-indonésienne ; un pont entre nos deux cultures.

Depuis le 15 août, nous publions régulièrement sur le site Facebook de l’ambassade des photos des moments importants de nos 70 ans de relations diplomatiques. Nous avons pour cela fait un important travail de recherches dans nos archives : je vous invite à le consulter.

 

Valerie Pivon
Publié le 6 octobre 2019, mis à jour le 7 octobre 2019

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