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HUILE DE PALME - L'or vert de l'Indonésie

Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2016

 

L'Indonésie est le premier producteur et exportateur mondial d'huile de palme. Une agriculture qui s'est développée à une vitesse exceptionnelle à partir des années 80. La surface cultivée a été alors multipliée par 15 pour atteindre aujourd'hui 11 millions d'hectares plantés de palmiers à huile. Les enjeux sont colossaux pour cet or vert, particulièrement rentable. A l'occasion d'une conférence de Xavier Bonneau, chercheur au CIRAD, organisée par l'Indonesian Heritage Society le 12 octobre dernier, nous faisons le point sur cette question souvent épineuse. 

Sumatra, Kalimantan, peut-être bientôt la Papouasie, le survol des ces régions laisse à voir des rangées interminables de palmiers. Il faut dire que le climat tropical, chaud et humide sied particulièrement bien à cette plante du groupe  des monocotylédones. Importée au milieu du XIXème siècle, elle n'a plus quitté le territoire et s'y est même très confortablement installée faisant de son pays d'accueil le plus gros producteur d'huile de palme au monde juste devant la Malaisie.  A elles seuls la Malaisie et l'Indonésie assurent en effet 90% d'une production mondiale de 60 millions de tonnes annuelles.

La culture du palmier à huile est simple et surtout très rentable, 7 à 10 fois plus rentable que celle de ses concurrents directs comme le soja, le colza, le tournesol : « l'huile de palme c'est 39% des huiles produites dans le monde pour 7% de surface cultivée, c'est un don du ciel, du pain béni pour les agriculteurs !» commente Xavier Bonneau qui travaille sur le palmier à huile depuis 30 ans. Un palmier commence à produire à 3 ans et sa durée de vie est de 25 ans et il produit des régimes toute l'année. Conclusion : un investissement de départ faible, une rentabilité très rapide et constante. Pas besoin d'être un magnat de l'agro-alimentaire pour se lancer dans l'huile de palme et dans les campagnes indonésiennes, 40% des plantations appartiennent à des petits planteurs ayant moins de 20ha. Les gros planteurs représentent 45% de la surface cultivée. 

Si la culture est rentable, elle est également intéressante car la demande est extrêmement forte. Chaque année, la demande mondiale en corps gras augmente de 3%. Avec une population mondiale qui devrait atteindre 8 milliards d'individus à l'horizon 2030, la culture de l'huile de palme a de beaux jours devant elle. 

S'orienter vers une culture plus responsable

« L'enjeu actuel pour tous les acteurs de la filière n'est donc pas de savoir comment arrêter la culture (et la consommation) de l'huile de palme. Ce n'est pas possible sans conséquences humaines dramatiques tant du côté des producteurs que des consommateurs. Comment voulez-vous dire à une population entière qu'il faut supprimer les corps gras de leur alimentation car il n'y a plus de quoi leur en fournir ?  Non, il faut voir le problème autrement et aider les producteurs d'huile de palme à s'orienter vers un développement durable et responsable de leur filière » explique Xavier Bonneau. C'est le travail que mènent les agronomes  du CIRAD, le centre français de recherche agronomique pour le développement, actuellement auprès des différents acteurs et de ses partenaires : « Nous menons surtout une course contre la montre pour faire des anciens braconniers de bons gardes-chasses : si ceux qui ont par le passé développé à outrance leurs plantations, sans se soucier des désastres écologiques causés, deviennent aujourd'hui des acteurs d'une filière durable et écologiquement responsables, alors nous aurons gagné la course. Car tout le monde suivra ». 

Signe d'espoir, depuis 2004, la RSPO round table for sustainable palm oil, réunit une fois par ans les acteurs de la filière : planteurs, industriels, exportateurs, industries agro-alimentaires et ONG, en tout 2005 acteurs autour d'une même table pour rendre la filière Huile de Palme écologiquement responsable. Les progrès sont encore minces mais vont dans le bon sens : aujourd'hui 17% de la production mondiale est certifiée, soit 11,45 millions de tonnes. L'Indonésie y contribue à 51%. La prochaine table ronde aura lieu à Bangkok en novembre 2016. A l'horizon des enjeux économiques colossaux de la filière de cet or vert, l'angélisme n'est pas de mise mais il reste quand même à souhaiter que tous les acteurs deviennent responsables et s'engagent significativement dans la voie du développement durable. 

Amélie Heim (www.lepetitjournal.com/jakarta) lundi 17 octobre 2016

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Publié le 16 octobre 2016, mis à jour le 14 novembre 2016
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