Robin est français et a posé ses valises à Jakarta voici 7 ans après avoir visité plus d'une trentaine de pays. Il a à peine 30 ans. C'est un baroudeur qui a des objectifs et des valeurs, loin du cliché du baba cool "je m'en foutiste" et individualiste. Il se fixe régulièrement des challenges, le dernier en date n'est pas des moindres : rendre les transports en commun faciles à utiliser à Jakarta ! Récit d'une aventure entrepreneuriale hors norme.
Si Robin n'aime pas la routine et les cadres, il est pourtant devenu entrepreneur. L'aventure commence en 2013 quand, sur les insistances de ses amis indonésiens, il décide de mettre sa parfaite connaissance des transports en commun à Jakarta au service des autres. Car c'est toujours Robin qu'on appelait pour savoir comment se rendre d'un endroit à un autre.
Robin est développeur de formation, il est alors chef de projet multimédia dans une agence japonaise et il se lance dans le développement d'une application mobile listant tous les trajets des bus à Jakarta. Un truc de dingue direz-vous ! Il faut en effet être totalement inconscient pour débroussailler les 550 lignes de bus existantes dans l'agglomération de Jakarta alors qu'aucune carte fiable n'existe. Inconscient ou plus vraisemblablement porté par un moteur bien plus puissant : celui de rendre service, aider les gens.
Commence alors le parcours classique de la start-up et les écueils qui vont avec. Chemin parsemé d'embûches, de moments de désespoir. Un chemin d'autant plus difficile que l'entreprenariat en Indonésie pour un jeune étranger avec peu de soutien, ce n'est pas réputé pour être facile même si on détient une clé que tout le monde attend. Mais Robin ne se décourage pas, obtient le premier prix à l'Hackaton - le téléthon du développeur - de StartupAsia en 2013 qui lui ouvre les portes de l'incubation. Puis c'est l'étape « business angel ». Apaja était née. Elle fonctionne aujourd'hui en indonésien et en anglais et se télécharge gratuitement sur Android et Iphone, sans pub. Car Robin s'y refuse, son modèle économique étant fondé sur l'utilisation de masse. Il en est à 14 000 téléchargements de l'application avec un taux moyen de visites de 2 à 3 par mois, l'objectif étant d'atteindre les 3 à 4 visites par semaine. Sachant que 70% des voyageurs quotidiens dans Jakarta n'utilisent pas encore les transports en commun, le vivier est énorme.
Un écheveau à démêler
Sur les 550 lignes de bus existantes sur l'agglomération de Jakarta, 200 sont disponibles sur l'application Apaja. 200 autres sont prévues le mois prochain. Pour collecter cette information qui n'existe nulle part, Robin Dutheil passe ses nuits et ses week-ends avec un GPS sous le bras à prendre le bus pour répertorier les arrêts, les trajets parfois très aléatoires des Angkot, ces minivans rouges ou bleus, des Médium Bus (Metromini, Kopaja?) ou encore des gros bus, climatisés ceux-là.
La prochaine étape est de donner de l'information en temps réel : stations de bus encombrée, problème d'embouteillages,? grâce à la contribution des utilisateurs. Pour cela, Robin est en phase active de recherche de financements. Son projet s'intègre parfaitement dans la tendance actuelle des « smart-cities », modèle de développement des services municipaux s'appuyant sur les nouvelles technologies.
Aujourd'hui, Jakarta est l'une des villes les plus embouteillée au monde, avec une utilisation des transports en commun extrêmement faible, faute notamment d'informations fiables sur les lignes. Robin Dutheil a pour ambition de modifier les habitudes grâce à l'information qu'Apaja fournit et ainsi de modifier le visage d'une ville engorgée !
Amélie Heim (www.lepetitjournal.com/jakarta) jeudi 6 octobre 2016