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Élections générales indonésiennes de 2024 : des élections XXL

Ce mercredi 14 février 2024, l’Indonésie a RDV avec les urnes pour les élections générales : présidentielles, parlementaires et locales. Un scrutin aux enjeux politiques majeurs notamment pour le choix du président de la République mais également un défi logistique unique au monde.

Elections indonésiennes 2024Elections indonésiennes 2024
Écrit par Matthieu Firmin
Publié le 12 février 2024, mis à jour le 15 février 2024

Les élections en quelques chiffres 

Une élection générale en Indonésie, c’est d’abord une avalanche de chiffres vertigineux ! En voici quelques-uns faisant de ce scrutin au suffrage universel direct le plus grand au monde organisé en une seule journée.

 

Elections indonésiennes

 

Nous pourrions en citer bien d’autres qui seraient très certainement inscrits au Guinness book des records et qui font de ces élections des élections singulières à plus d’un titre. 

Le défi logistique repose notamment sur l’immense étendue de l’archipel. Avec plus de 5000 km d’Ouest en Est et plus de 17 000 îles, il faut s’assurer que tout le monde puisse glisser son bulletin de vote le jour J même si l’on vit dans les endroits les plus isolés. Pour cela la Commission des élections générales (KPU) ne lésine pas sur les moyens.

Le matériel nécessaire aux élections est ainsi acheminé par avions, par camions, par  bateaux et même à dos d’éléphants ou de buffles lorsque le terrain est trop escarpé. 

 

Quelques 420 000 militaires et 443 000 policiers exclus du scrutin

L’encadrement du scrutin est assuré par environ 6 millions de personnes et se déroule dans plus de 800 000 bureaux de vote qui seront ouverts de 7h du matin à 13h. Pour voter, il faut être âgé de plus de 17 ans et s’être préalablement inscrit sur les listes électorales. Le vote n’est pas obligatoire mais la participation est généralement élevée : 81 % pour les élections présidentielles de 2019. Parmi les citoyens en âge de voter, plus de 800 000 sont automatiquement exclus du scrutin : quelques 420 000 militaires et 443 000 policiers afin de s’assurer de leur neutralité dans un pays qui a connu plusieurs décennies de dictature.

Pour pouvoir exprimer son suffrage, un électeur doit se rendre dans son bureau de vote parfois situé dans son village d’origine (beaucoup d’Indonésiens sont obligés de faire un long voyage pour voter) avec sa carte d’identité et une lettre de convocation reçue dans les jours précédents. Chaque électeur se verra remettre un jeu de cinq bulletins. Un par élection : présidentielles, législatives, locales… mais pas un par candidat contrairement aux élections françaises. Pour chaque échéance, un document réunit la photo de chaque candidat, son nom et le numéro qui lui a été attribué par tirage au sort il y a quelque mois.

 

En 2024, les règles pour se présenter aux élections présidentielles ont changé

Pour l’élection présidentielle, la plus médiatisée, il faut choisir entre trois paires de candidats (un président et un vice président) : Anies-Muhaimin (numéro 1), Prabowo-Gibran (numéro 2), Ganjar-Mahfud (numéro 3). Pour pouvoir se présenter, les candidats devaient être proposés par des partis politiques ou des coalitions de partis politiques disposant d'au moins 20 % des sièges au Conseil représentatif du peuple (l’équivalent de notre assemblée nationale) ou d'au moins 25 % des suffrages nationaux lors des élections générales précédentes. 

Jusqu’à cette élection, il fallait aussi être âgé de plus de 40 ans pour participer à l’élection présidentielle mais une décision controversée de la court constitutionnelle d’octobre 2023 autorise désormais à un candidat pas encore quadragénaire de se présenter s’il exerce déjà un mandat local ou régional. Un changement de règle qui permet à Gibran, fils aîné de l’actuel président Jokowi, de concourir au côté de Prabowo alors qu’il est âgé de seulement 36 ans. 

Dans l’isoloir, l’électeur valide son choix en perforant à l’aide d’un clou la photo du candidat qu’il souhaite élire avant de glisser le bulletin dans l’urne. Avec trois paires de candidats pour l’élection présidentielle, c’est relativement simple mais pour les élections législatives, ça se complique. Dix-huit partis étant représentés, un bulletin peut compter en fonction de sa circonscription autant de vignettes à l’effigie des candidats ! Des bulletins prépliés ! C’est là une autre originalité de ces élections qui concourt à son défi logistique exceptionnel. 

 

Des dizaines de milliers de petites mains pour plier les bulletins

Les bureaux régionaux de la Commission électorale ont ainsi recruté depuis plusieurs semaines des milliers de petites mains pour plier ces bulletins, faciliter leur maniement et leur introduction dans les urnes. Un travail souvent réalisé par des femmes qui y trouvent l’une des rares occasions de gagner un bon salaire en quelques jours. Ultime formalité de l’électeur une fois le choix effectué pour les cinq élections : tremper son pouce dans de l’encre indélébile pour empêcher qu’un citoyen vote deux fois. Une fois toute ces formalités effectuées, l’électeur peut alors rentrer chez lui et consommer une bonne de dose jamu pour se remettre de ce parcours du combattant en attendant les résultats. 

L’enjeu est aujourd’hui de savoir si Prabowo réussira à être élu dès le premier tour. Pour cela, il doit atteindre la barre des 50 % des suffrages exprimés au niveau national avec une condition supplémentaire : réunir plus de 20% des votes dans au moins 19 des 38 provinces. Plusieurs sondages publiés ces derniers jours laissaient entendre que cela était possible avec un score de près de 52% laissant Anies et Ganjar loin derrière avec environ 23% et 20% respectivement. Si aucun des trois candidats n’obtenait la majorité, un second tour sera organisé en juin prochain entre les deux candidats arrivés en tête. 

Pour ces élections, 52 % des votants ont moins de 40 ans et un électeur sur 3 appartient à la génération Z (née entre 1997 et 2012). Ces derniers votent pour la plupart pour la première fois, n'ont jamais vécu sous le régime autoritaire de Suharto et sont très influencés par les réseaux sociaux. Leur vote sera donc scruté de près.

Le dépouillement et le décompte des voix peut prendre jusqu’à 35 jours selon le code électoral. Les résultats définitifs seront ainsi promulgués plusieurs semaines après le premier tour mais de premières estimations seront annoncées dès mercredi soir. Le futur président de la République d’Indonésie prêtera serment en octobre 2024.

 

 

 

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