Durant l’été 2017 une famille bretonne qui nettoyait la maison familiale a fait la découverte d’un magnifique tableau. Au vu de la qualité d’exécution, la famille a fait appel à un cabinet pour expertiser le tableau. Il s’avère que cette toile est l’œuvre d’un peintre indonésien reconnu du nom de Raden Saleh (1811-1880). Le tableau s’appelle la chasse au taureau sauvage et a été peint en 1855.
Cette toile sera vendue aux enchères le samedi 27 janvier à l'Hôtel des ventes de Vannes, sa valeur est estimée entre 150.000 et 200.000 Euros. Mais d’après le commissaire-priseur maître Ruellan en charge de la vente et joint par téléphone :
il fera beaucoup plus car c’est un tableau remarquable, peint par Raden Saleh à son apogée. De nombreux collectionneurs indonésiens et musées sont intéressés par ce chef d’œuvre
Histoire d'un long voyage entre l'Indonésie et la Bretagne
Cette peinture est une commande en 1851 de Jules Stanislas Sigisbert Cezard Français installé à Batavia. Celui-ci possédait un commerce d’import-export basé sur le café et le sucre. Avant son retour en 1859 en métropole, il décide de vendre tous ces biens ainsi que cette peinture. Une annonce retrouvée dans le journal de l’époque le Java –Bode du 30 avril 1858 signifie cette vente. Ensuite au grès des successions ce tableau se retrouve avenue Montaigne à Paris chez la tante de l’héritier. Celle-ci était mariée à un riche diplomate argentin qui a énormément voyagé particulièrement en Asie du sud-est.
Raden Saleh - peintre indonésien francophile
Très jeune Raden Saleh montre des dispositions pour la peinture, fils d’un notable de Semarang il est envoyé à Bogor pour étudier la peinture auprès du peintre Belge Antoine Payen. Puis en 1829 remarqué par le gouvernement hollandais en place, il part se perfectionner aux Pays-Bas. Il y restera 10 ans. Après avoir voyagé à travers l’Europe il s’installe à Paris dans un atelier. Il y rencontre Horace Vernet. De retour en Indonésie en 1851, auréolé de son titre de peintre officiel auprès de la cours des Pays-Bas, il est très apprécié en tant que portraitiste auprès des marchands de la Compagnie des Indes Néerlandaise tout comme des officiels ainsi que de la communauté javanaise et chinoise. Il continue néanmoins de peindre des scènes de chasses mais également des scènes historiques comme son tableau qui est une des ses œuvres majeures représentant l’arrestation du prince Diponogoro en 1830. Ce tableau à forte valeur symbolique est aujourd’hui exposé au palais présidentiel.
On peut voir certains tableaux de Raden Saleh à la Galerie Nationale de Jakarta.
La National Gallery à Singapour a également choisi de mettre l'artiste indonésien à l’honneur jusqu'à fin mars 2018 dans une exposition où il ses oeuvres sont mis en parallèle avec celles du peintre philippin Juana Luana
La peinture – La chasse au taureau sauvage
Dans ce tableau Raden Saleh se met en scène, puisque c’est lui que l’on retrouve au centre du tableau sur le cheval fougueux lors d’une chasse au taureau sauvage. L’action se déroule dans un champ de alang-alang, steppe typique de Java. On peut remarquer également les détails des chapeaux coniques et des sarongs des chevaliers.
Dans cette peinture on retrouve l’inspiration du peintre Delacroix qui a réalisé de nombreux tableaux de chasse aux lions tout comme celle de Horace Vernet dont il partage l’atelier à Paris dans les années 1840.
Espérons que ce tableau retrouve le chemin de Jakarta, Lepetitjournal de Jakarta ne manquera pas de vous tenir informé de la réalisation de la vente.