Le premier musée d’art contemporain ouvre ses portes officiellement ce samedi 4 novembre à Jakarta. Le nom de ce musée est MACAN acronyme de Museum of Modern and Contemporary Art in Nusantara. Nusantra est un terme utilisé pour définir l’archipel indonésien qui s’étend également à la Malaisie et Singapour. Macan signifie également tigre en Indonésien. C’est ici un rappel au club des pays émergents de l’Asie du sud-est auquel appartient l’Indonésie. Le Petitjournal a rencontré le directeur du musée Aaron Seeto .
Qui est à l’origine de la collection et comment a-t-elle été constituée ?
Haryanto Adikoesoemo est à l’origine de la collection, homme d’affaires il a fait fortune dans l’industrie du pétrole et de la chimie. Depuis 25 ans il a collectionné 800 œuvres d’art allant de la période post-coloniale à nos jours. Elle est composée pour moitié d’artistes indonésiens, 25% d’artistes asiatiques, 25% d’artistes européens et américains. Le musée Macan est le plus grand musée en Indonésie à offrir au public l’accès à une telle collection. Des artistes comme Raden Saleh, S.Sudjojono, Affandi, Heri Dono, FX Harsono, Masriadi sont exposés aux côtés des plus grands noms de l’art contemporain international Ai WeiWei, Tracey Emin, Yayoi Kusama, Nikki de Saint Phalle, Andy Wharol, Jean-Michel Basquiat, Keith Haring.
Un bel écrin de 4000 mètres carré a été construit pour accueillir la collection. Le projet a été confié à une agence anglaise le MET Studio Design spécialisé dans la réalisation de tel bâtiment. Le musée se situe à Kebon Jeruk à l’est de Jakarta. Il est facile d’accès depuis l’aéroport international. Un projet de développement de la zone est en cours pour faire de ce musée une destination phare en Indonésie.
Qu’est-ce qui justifie l’ouverture de ce musée aujourd’hui ?
Plusieurs évènements tels que les foires de l’art contemporain comme Art Jog et Art Jakarta où l’art contemporain indonésien est mis en avant ont permis de mesurer l’intérêt croissant du public pour l’art contemporain. Des mouvements artistiques influents existent également à Jogjakarta. Des galeries à Singapour mais aussi d’autres en Europe et aux États-Unis mettent ces artistes en avant. Il est donc temps qu’une place leur soit réservée sur la scène indonésienne.
Quels sont les objectifs de ce musée ?
Tout d’abord faire connaitre la collection, une dizaine de tableaux ainsi que des performances ont déjà été présentés au public qui est venu nombreux. Un public jeune et moins jeune venu d’horizons différents.
L’éducation est un des objectifs du musée. Nous avons déjà commencé des ateliers avec les écoles mais aussi avec les enseignants afin de connaître leur attende vis-à-vis d’un musée. Nous avons aussi établi des programmes adaptés aux enfants pour leur faire découvrir le musée, l’art et les artistes.
Nous vivons dans un monde multiculturel, multi ethnique, multi-religieux. L’art doit nous aider à mieux comprendre l’autre. L’éducation artistique est vraiment importante, elle aide à développer la créativité et l’innovation
Quelle sera la première exposition offerte au public ?
Cette première exposition Art Turns - World Turns débute le 7 novembre pour se terminer le 18 mars 2018. C’est un dialogue entre l’histoire de l’art indonésien et celle du monde allant de la période coloniale à nos jours. Pour cela quatre-vingt dix œuvres ont été sélectionnées par le propriétaire et deux curateurs l’un indonésien et l’autre hollandais. Les artistes indonésiens conversent ainsi avec le courant européen, américain et asiatique.
Pourquoi avez-vous accepté de prendre la direction du Macan ?
J’ai grandit à Sydney et j’ai toujours travaillé pour des musées nationaux en Australie. Mon dernier poste était à Sydney où pendant huit ans je fus directeur du Centre pour l’art contemporain en Asie. Venir en Indonésie allait de soi. La démographie, le potentiel d’audience, de conversations, de rencontres, les différents artistes est un challenge excitant.
Pour finir quel est pour vous la définition de l’art contemporain ?
L’art contemporain est pour moi ce qui reflète le monde où nous vivons. Les différentes technologies, le global network, l’identité propre de chacun, les conditions dans lesquelles nous évoluons font que l’artiste s’exprime à sa façon.
@ Courtesy Museum Macan
