Le Museum Nasional Indonesia s’est métamorphosé le 28 mai dernier. Ses galeries et ses cours intérieures étaient ornées de fougères, fleurs et feuillages tropicaux, évoquant un paradis luxuriant à la beauté singulière.


L’Art Botanique du Paradis, une exposition éphémère d’une journée dédiée à la mode, l’art et le design intérieur indonésiens, a été imaginée par la Didit Hediprasetyo Foundation (DHF) à l’occasion du 75e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et l’Indonésie, coïncidant avec la visite d’État du président Emmanuel Macron et de la Première dame Brigitte Macron à Jakarta.
L’événement a été officiellement inauguré par Brigitte Macron, accompagnée de Didit Hediprasetyo, fondateur de la fondation éponyme, à l’origine du concept.
“Cette exposition est un hommage sincère aux artisans indonésiens et au pont culturel que nous avons tissé avec la France depuis 75 ans,” a déclaré Didit Hediprasetyo. “C’est une invitation à ressentir l’esprit de l’Indonésie à travers des espaces imprégnés d’art, de design et de tradition.”
Pour l’exposition, cinq designers d’intérieur de renom ont transformé cinq salles principales du musée en univers sensoriels imprégnés d’art et de culture indonésienne. Chaque espace racontait une histoire, tissée de textile, de mode, de design, de sculpture et d’art contemporain — un hommage vibrant au patrimoine vivant de l’archipel.
Dans ce contexte, accueillir cette exposition au Museum Nasional Indonesia mettait en lumière l’histoire vivante du patrimoine culturel indonésien — un pont entre le passé et le présent.
“Nous sommes honorés d’accueillir L’Art Botanique du Paradis dans nos galeries historiques. Cette exposition illustre la synergie entre héritage et créativité contemporaine, en cohérence avec notre mission de faire vivre l’héritage culturel de l’Indonésie,” a déclaré Esti Nurjadin, directrice exécutive de l’Indonesian Heritage Agency (IHA), organisme qui supervise le musée et plusieurs sites patrimoniaux du pays.
Dans la Rotonde du musée, le designer Roland Adam a présenté Tropical Tranquil en décorant l’arche d’entrée de feuillages luxuriants. Entre les 30 reliques et statues anciennes de cette salle semi-ouverte, étaient exposées de robes élégantes signées par quelques-uns des créateurs les plus talentueux d’Indonésie : Auguste Soesastro, Stella Rissa, Lakon, Tangan, Asha Darra, Mel Ahyar, TOTON, Baha Gia, Oscar Lawalata Culture, BIYAN, Wilsen Willim, Edward Hutabarat, Heaven Tanudiredja et Sapto Djojokartiko.
Le feuillage s’étendait jusque dans le Plataran Arca, la cour intérieure du bâtiment A du musée. Parmi les statues antiques provenant de temples de tout l’archipel se dressaient deux sculptures gigantesques de l’artiste Arkiv Vilmansa. Les statues bordant le Plataran Arca étaient aussi parsemées de fleurs de jasmin fraîches à leurs pieds, embaumant l’air de leur parfum. Ce jardin-paysage, intitulé Whispers of the Tropic, a été conçu par la paysagiste Amalya Hasibuan.
Sur la gauche du jardin se trouvait le Tenun Rosé Lounge, conçu par Vivianne Faye, baigné d’une ambiance féminine et chaleureuse. Dominée par le rose, cette pièce exposait des songkets anciens de Sumatra sur ses murs ainsi que des bijoux précieux.

Au centre, une table ronde accueillait Brigitte Macron, qui y a dégusté des douceurs indonésiennes.
“Madame s’est assise ici et semblait ravie de l’atmosphère,” confiait Winda Malika Siregar, notre guide. “Elle a goûté aux douceurs traditionnelles indonésiennes comme le kue Balapis (gâteau traditionnel en couches de Manado) et le Klepon (gâteau rond sucré de Java), qu’elle a beaucoup appréciées.”
La Première dame a dégusté ces spécialités dans un service à thé Hermès Ikat, une collection lancée en 2018 aux motifs inspirés des tissages Ikat indonésiens.
À l’entrée du lounge, un foulard de l’artiste Eko Nugroho, fruit d’une collaboration avec Louis Vuitton en 2013, était exposé. On pouvait également admirer une sculpture intitulée Naga Scale (Écaille de Dragon, 2024) de l’artiste franco-indonésienne Ines Katamso. Réalisée en scagliola, pigment de terre, rotin et aluminium, l’œuvre est signée par la petite-fille du héros de la révolution indonésienne, le général Katamso (1923–1965), aujourd’hui installée à Bali. Une grande toile acrylique monochrome rose signée du peintre de Padang, M. Irfan, complétait le décor. Intitulée Mutualistic Symbiosis of Nature (Symbiose Mutualiste de la Nature, 2021), elle représentait hommes, femmes et enfants jouant et faisant du sport au bord d’une rivière.
Dans The Wastra Room, la décoratrice Joke Roos a mis en valeur une belle collection de batiks traditionnels de diverses régions. Brigitte Macron a été aperçue en train d’admirer plusieurs batiks présentés dans cette salle.
“L’Indonésie est un pays d’histoires racontées non seulement par les mots, mais aussi par le design, les textiles et l’artisanat,” a affirmé la minister du Tourisme Widiyanti Putri Wardhana, présente à l’inauguration.
Plus loin, l’architecte d’intérieur Prasetio Budhi a créé une pièce aux murs noirs, paisible et méditative : Soul Gallery. Y étaient exposées deux sculptures en bois de Gorga Jorgam Ulu Singa, ornements de faîtage du Nord Sumatra, ainsi qu’une statue Hampatong en bois, grandeur nature, provenant du Kalimantan. Cette dernière figure une mère tenant un enfant dans ses bras, symbole des ancêtres et traditionnellement destinée à protéger spirituellement les habitants de la maison.
Au centre de la pièce se trouvait un canapé en L signé de la maison de mobilier indonésienne Blackwood. “Brigitte Macron s’est assise ici pendant environ 15 minutes, contemplant une peinture au fusain en face d’elle,” rapportait Winda.
Des œuvres d’art contemporain complétaient l’espace, dont des tableaux abstraits aux couleurs vives de Nunung WS, artiste senior de Java Est, ainsi qu’une Scanography Lightbox intitulée Flower Power Merah Putih (Le Pouvoir des Fleurs Rouge et Blanc, 2025) de l’artiste Angki Purbandono.
L’ouverture de l’exposition s’est également accompagnée d’un défilé de mode
regroupant les créateurs participants.

L’exposition a également été soutenue par InJourney, une entreprise publique en charge de nombreux sites touristiques indonésiens.
“L’Art Botanique du Paradis reflète l’âme créative et le riche héritage artisanal de l’Indonésie. Nous sommes fiers de le présenter à la délégation française comme un témoignage de notre richesse culturelle et de notre volonté de la partager,” a déclaré Maya Watono, directrice marketing d’InJourney.
En définitive, L’Art Botanique du Paradis montre que l’art, la mode et le design ne sont pas de simples ornements, mais des langages de l’âme qui rapprochent les peuples d’Indonésie et de France.