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Rencontre avec Ayşegül Arıcan, la nouvelle directrice de la CCFT

Ayşegül Arıcan directrice CCFTAyşegül Arıcan directrice CCFT
Écrit par Albane Akyüz
Publié le 3 février 2021, mis à jour le 11 janvier 2024

Créée en 1885, la CCFT (Chambre de commerce française en Turquie) est une association de droit turc entièrement autofinancée, membre de CCI France International (le réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie françaises à l’étranger). La CCFT est un réseau d’entreprises et d’entrepreneurs, turcs et français, qui a entre autres pour mission d’animer la communauté d’affaires franco-turque de Turquie, contribuer au développement des relations économiques et commerciales entre les deux pays, représenter les intérêts de ses membres auprès des pouvoirs publics des deux pays et être le porte-parole de la communauté d’affaires franco-turque.

Ayşegül Arıcan est la nouvelle directrice de la Chambre depuis le 1er janvier 2021 ; elle succède à Raphaël Esposito, directeur pendant 17 ans.

Lepetitjournal.com Istanbul a rencontré Ayşegül Arıcan, turque et parfaitement francophone, afin d’évoquer le contexte actuel, les activités de la Chambre, de ses membres, et l’impulsion qu’elle souhaite donner en tant que nouvelle directrice.

Lepetitjournal.com Istanbul :  Quel a été votre parcours avant ce poste de directrice de la Chambre de Commerce française en Turquie ? Quels liens entretenez-vous avec la France ?

Ayşegül Arıcan : J’ai étudié au lycée français Saint Joseph à İzmir, puis ai obtenu mon diplôme d’études supérieures en économie à l’université technique du Moyen d’Orient (ODTÜ) à Ankara. J’ai ensuite effectué mon master à l’IAMM de Montpellier, et y ai soutenu ma thèse sur l’Union Douanière.

J’ai une expérience de plus de 20 ans dans les relations internationales, notamment les relations économiques entre la Turquie et l’UE, le lobbying, et les relations publiques avec de nombreux partenaires locaux et internationaux.

Avant ce poste, j’ai été au DEIK (Conseil des relations économiques extérieures), directrice de la région européenne, puis secrétaire générale adjointe, où j’ai participé à de nombreux projets de haut niveau avec des acteurs du secteur public comme privé.

J’ai donc eu l’occasion de travailler régulièrement avec les différentes Chambres de commerce étrangères à Istanbul, notamment la CCFT, dont je suis ravie de faire désormais partie en tant que directrice !

 

Nous avons presque 400 adhérents

Qui sont les membres de la CCFT en ce début 2021 ?

Je souhaite ici renouveler nos plus vifs remerciements à nos membres pour la confiance qu’ils nous ont témoignée tout au long de cette année ainsi qu’aux sociétés qui nous ont soutenus malgré les conditions défavorables dues à la pandémie.

Cette année, nous avons presque 400 adhérents, dans des domaines d’activités différents ; dont plus d’¼ sont des entreprises françaises.

En réalité il y aurait environ 500 sociétés françaises en Turquie. De nombreuses ne sont donc pas membres car elles n’en ressentent pas le besoin, et sont parfois loin d’Istanbul ; donc c’est aussi notre but d’élargir notre réseau. 

Quant à la localisation de nos membres, environ 80% sont à Istanbul, les autres, à Izmit, Ankara, Izmir, et Bursa.

 

Avoir accès à des opportunités d’affaires, bien s’implanter dans un écosystème francophone

De quels avantages bénéficient les membres de la CCFT ?

Notre Chambre permet aux membres d’échanger et d’améliorer leur réseau, d’avoir accès à des opportunités d’affaires, de bien s’implanter dans un écosystème francophone avec des appuis solides auprès des services de l’Ambassade et du Consulat, de Business France, et de notre tête de réseau en France, CCI France International.

La Chambre fait partie des acteurs majeurs de l'animation de la communauté franco-turque en Turquie, à travers :

- La publication d’un annuaire annuel des membres,

- La diffusion d’une revue de presse quotidienne en français sur l’actualité politique, économique et sociale en Turquie,

- La centralisation et la diffusion d’opportunités d’affaires,

- L’organisation de petits déjeuners, déjeuners et dîners-conférences, animés par des experts & opinion leaders, sur des thèmes économiques, financiers ou stratégiques,

- L’organisation de réunions techniques et des secteurs ateliers,

- L’organisation de séminaires de formation interculturelle,

- L’organisation de "Rencontres des membres" pour les entreprises de la communauté d’affaires sous forme d’un cocktail qui leur permet d’échanger et d’améliorer leur réseau,

- L’organisation depuis plus de 25 ans d’un gala de prestige qui regroupe la majeure partie des adhérents et leurs invités du monde des affaires turc et français,

- L’organisation depuis plus de 15 ans d’une grande Soirée “Beaujolais Nouveau et Primeurs Kavaklidere” au Palais de France, à Istanbul ainsi qu’à Izmir, et depuis quelques années à Bursa.

Pour soutenir nos membres, le Conseil d’Administration de la Chambre a décidé une remise de 10% attribuée pour tout versement effectué avant le 31 mars 2021.

· Cotisation « Corporate » : 6.000 TL

· Cotisation « Partenaire » : 10.000 TL

· Cotisation « Grand Partenaire » : 25.000 TL

Notre Chambre se félicite de trouver des appuis solides auprès des services de l’Ambassade et du Consulat, de Business France, et de notre tête de réseau en France, CCI France International, que nous souhaitons également remercier pour son soutien (126 Chambres dans 95 pays).

 

La Chambre propose des services en matière d’accompagnement lors de l’implantation dans le pays

Quel est le service “clés en main” (locations de bureaux et salles de réunion aux entreprises en phase d'implantation et développement en Turquie) que la CCFT propose ?

Depuis la signature d’une convention de partenariat en 2016, Business France et la Chambre ont mis en place une complémentarité afin de proposer aux entreprises françaises souhaitant se développer sur le marché turc, les prestations d’appui les plus adaptées à leurs besoins, dans les phases d’information, de prospection, d’implantation et de développement sur le marché.

Alors que Business France offre des services en matière d’accompagnement en amont des entreprises françaises à l’export sur le marché turc (missions de prospection, rencontres acheteurs, Pavillons France sur salons, etc.), la Chambre, elle, propose des services en matière d’accompagnement en aval, lors de l’implantation dans le pays, notamment à travers son Centre d’Affaires incubateur d’entreprises (location de bureaux, portage salarial, recrutement, etc.).

Ainsi, notre centre d’affaires offre une palette de services qui va de la simple domiciliation du siège social de l’entreprise au portage salarial, en passant par la location d’espaces de bureaux, salles de réunion etc. Nous comptons beaucoup sur la communauté d’affaires franco-turque et sur notre réseau de partenaires, pour recommander et promouvoir cette plate-forme d’hébergement de bureaux auprès des entreprises françaises, turques et étrangères, en phase d’implantation.

A noter que notre Chambre accompagne également ceux qui recherchent des fournisseurs ou des sous-traitants en Turquie. La Turquie est très compétitive à l’échelle mondiale, elle dispose de secteurs industriels développés, diversifiés et orientés à l’exportation (dont les principaux sont l’automobile, le textile/habillement, l’agroalimentaire, la chimie/plasturgie et les équipements électriques et électroniques).

 

Nous allons poursuivre notre mission d’animation avec de nouveaux événements sous forme digitale

Comme vous le précisiez, ces derniers mois ont été défavorables pour les activités de la CCFT ; à ce propos, comment s’est-elle adaptée à la pandémie de COVID-19 ?

La crise sanitaire et économique que nous traversons actuellement a un impact inédit sur l’activité économique mondiale, le commerce international, l’organisation des entreprises. Avec le "Nouveau Normal", le business "face à face" a diminué notablement. La Chambre également en a subi les conséquences… elle n’a pas pu réaliser ses deux événements prestigieux annuels : le Gala et la Soirée Beaujolais.

Nous avons proposé plusieurs webinaires sur des thématiques nouvelles comme le suivi et la gestion des appels d’offres et les impacts économiques de la COVID-19.

Un événement digital “Bienvenue 2021” organisé par notre Chambre, s’est déroulé le 17 décembre 2020 avec la participation de S.E.M Hervé Magro, Ambassadeur de France en Turquie et de M. Olivier Gauvin, Consul Général de France à Istanbul. À cette occasion, une remise des Prix de fidélité a eu lieu pour trois membres dont l'adhésion remonte à plus de 40 ans : M. Ferruh Ören (Membre Honoraire), M. Behiç Akerman (Parkwood), et M. Andreas Gabriel (Renault-Mais) ont chacun reçu une plaquette spéciale.

Nous avons plus récemment organisé une réunion digitale en présence de notre nouvel Ambassadeur de Turquie en France, S.E.M. Refik Ali Onaner, et le Prof. Dr. Kerem Alkin, représentant permanent auprès de l'OCDE. 

Nous allons pour le moment poursuivre notre mission d’animation avec de nouveaux projets et événements sous forme digitale, mais chacun souhaite bien sûr, le plus tôt possible, un retour à plein régime de la production, du service, et de nos activités en présentiel.

 

Les exportations turques en France poursuivent une belle progression

Quels sont les résultats économiques du commerce extérieur pour l’année 2020 ?

Concernant les relations commerciales bilatérales, la France est le 7ᵉ partenaire économique de la Turquie et la 6ᵉ destination mondiale des exportations turques.

En 2019 les échanges commerciaux franco-turcs avaient augmenté pour arriver à 14,676 milliards de dollars ; avec un solde de la balance commerciale qui est bénéficiaire pour la Turquie.

Pour l’année 2020, les exportations de la Turquie sont de 7,193 milliards de dollars et les exportations de la France s’élèvent à 6,978 milliards de dollars. Les exportations turques en France poursuivent une belle progression. Par rapport à 2019, en raison de la pandémie, nous avons constaté environ 3% de diminution dans les échanges bilatéraux.

 

Les entreprises françaises emploient en Turquie près de 150 000 salariés turcs 

En octobre 2020, les appels au boycott des produits français par le président Erdogan ont-ils eu une influence sur les entreprises françaises en Turquie ?

Cet appel au boycott n’a heureusement pas créé de vives réactions au sein de la population.

En termes d’investissement, la France est un investisseur majeur en Turquie ; elle emploie près de 150 000 salariés turcs dans les secteurs clés de l’économie turque. Ce partenariat dynamique s’inscrit sur le long terme, quels que soient les soubresauts des relations bilatérales.

Je souhaite souligner la confiance des dirigeants des filiales françaises en Turquie pour surmonter ces périodes difficiles.

Nous espérons voir les deux pays renouer un dialogue permanent, apaisé et constructif au plus haut niveau, et ce dans l’intérêt de nos entreprises et de ceux qui œuvrent au développement des relations économiques franco-turques. 

 

Il est très difficile de trouver un travail en Turquie si on ne parle pas la langue

Beaucoup de nos lecteurs cherchent à s’installer et/ou à travailler en Turquie... Avez-vous une plateforme dédiée à l’emploi ? Quels conseils donneriez-vous aux Français qui cherchent à travailler en Turquie ?

Nous avons lancé une initiative en 2016, cciftemploie.com, mais cela n’est plus en activité, c’est très certainement à évaluer dans l’agenda à venir…

Pour les personnes qui cherchent un travail, j’aimerais préciser que nous ne sommes pas une agence pour l’emploi.

Il est très difficile de trouver un travail en Turquie si on ne parle pas la langue (peut-être avec une exception pour les ingénieurs-informaticiens qui peuvent travailler en anglais).

De plus, la demande d’un permis de travail est une vraie charge pour un employeur.

 

Nous sommes capables de proposer des conseils juridiques et administratifs selon la demande

La CCFT propose-t-elle des formations en français et/ou des conseils en création d’entreprise pour des personnes qui cherchent à installer une activité en Turquie ?

Par principe c’est à nos membres que nos services s’adressent, mais il est bien sûr envisageable de les étendre à d’autres.

À travers nos membres qui sont spécialisés dans différents domaines, nous sommes capables de proposer des conseils juridiques et administratifs selon la demande.

 Nous proposons des services de soutien, comme l’organisation de rendez-vous qualifiés et ciblés, la mise en contact avec des adhérents de la Chambre, la présence sur des forums et salons en Turquie, l’accompagnement, l’interprétariat et l’aide à la négociation, et aussi des renseignements de notoriété et de solvabilité.

Nous pouvons aussi réfléchir à la mise en place de formations pour les personnes extérieures à la chambre. 

Aussi, nous sommes en train d’évaluer avec l’université de Galatasaray les possibilités de travailler ensemble pour la mise en relation de leurs étudiants avec des entreprises françaises.

 

Positionner la Chambre comme un point de référence dans les relations économiques bilatérales

Quelle impulsion souhaitez-vous donner à la Chambre de commerce française en Turquie ?

Mes principaux objectifs sont :

- Diversifier et enrichir la base des membres,

- Positionner la Chambre comme un point de référence dans les relations économiques bilatérales, en phase avec les attentes et les besoins de nos adhérents, dans une démarche proactive,

- Améliorer encore la coopération avec les institutions publiques et professionnelles,

- Organiser des ateliers thématiques comme la Coopération aux pays tiers (pays d’Asie-Centrale et d’Afrique), et des formations interculturelles,

- Promouvoir des opportunités de déplacement de la chaine d’approvisionnement de la Chine vers la Turquie pour les sociétés françaises,

- Ajouter de nouvelles activités et assurer leur pérennité,

- Se concentrer dès à présent sur la présidence française de l’Union Européenne au premier semestre 2022.

En espérant que cette année 2021 marque un retour rapide à la normale suite à un contexte difficile de pandémie, nous nous sommes fixé pour objectif de diversifier nos services, afin de répondre au mieux aux besoins et demandes ; nous voulons réaliser des projets efficaces et ambitieux en collaboration étroite avec nos membres et les parties prenantes, et aussi développer la diplomatie des affaires dans les secteurs privé et public.

J’aimerais profiter de cette interview pour remercier nos adhérents, notre conseil d’administration, nos partenaires de l’écosystème francophone pour leurs précieuses contributions et leur soutien…

Propos recueillis par Albane Akyüz

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