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RAPPORT – Une cartographie des violences physiques, sexuelles, psychologiques...

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 27 janvier 2015, mis à jour le 27 janvier 2015

Une étude récente menée par l'Université de Hacettepe, à Ankara, souligne que les femmes en Turquie subissent des violences dont la nature et la fréquence varient selon la région, rapporte le quotidien Hürriyet Daily News. Commandée par le ministère de la Famille, le rapport a été remis à une commission parlementaire travaillant sur les violences faites aux femmes. 

L'enquête, achevée à la fin de l'année 2014, permet d'établir un “classement” des violences et harcèlements selon leur caractère – physique, sexuel, émotionnel, économique - mais également selon leur fréquence, dans l'ensemble du pays divisé en 12 régions par les auteurs de l'étude. La version détaillée devrait paraître très prochainement, ont-ils par ailleurs annoncé. 

Les premiers résultats révèlent que les violences sexuelles sont plus courantes dans le nord de l'Anatolie - 16% des femmes y vivant déclarent en avoir été victimes - tandis que ce sont les violences physiques qui domineraient en Anatolie centrale. Sur 100 femmes interrogées dans cette région, 10 ont déclaré avoir été victimes d'une agression sexuelle. Les chercheurs indiquent par ailleurs que “43% des femmes d'Anatolie centrale, réputée conservatrice, ont déclaré avoir été confrontées à des violences physiques à un moment de leur vie“.

Dans l'ouest de l'Anatolie ainsi que dans la partie orientale de la mer Noire, elles sont respectivement 42 et 27% à donner une réponse semblable. Les chiffres soulignent également que les femmes vivant à Istanbul ne sont pas moins sujettes aux violences physiques que celles vivant en Anatolie centrale. Ainsi, “environ 36% des femmes de la plus grande ville de Turquie [Istanbul, ndlr] ont été victimes de violences physiques au cours de leur vie, 8% ont par ailleurs subi des violences au cours des 12 derniers mois” précise l'étude. En matière de violences sexuelles, Istanbul est au-dessus de la moyenne nationale : 13% des femmes y vivant affirment avoir subi ce type d'agression. 

L'enquête met en lumière une autre forme de violences, psychologiques cette fois. Elles toucheraient près de 54% des femmes qui vivent dans l'est de l'Anatolie. Le plus bas niveau de ce type de violence - 35% des sondées - a été enregistré dans l'Est de la région de Marmara. 

Lors d'une conférence de presse organisée le 26 janvier, la députée du Parti républicain du peuple (CHP, opposition) Aylin Nazlıaka, a déclaré que “cinq femmes sur dix font face à des violences” avant d'ajouter que ”89% d'entre elles ne les dénoncent pas aux autorités car habituellement, elles ne savent pas comment réagir”. Selon elle, le gouvernement est responsable par sa politique de promotion de la maternité qui aurait “plongé les femmes dans le noir“. ”La seule chose dont ils se soucient [les dirigeants] est d'avoir des femmes qui donnent la vie, comme des incubateurs“ a-t-elle dénoncé. 

En 2011, un rapport de Human Rights Watch intitulé “Il t'aime, il te bat : violences familiales en Turquie et accès à la protection“ avait déjà fait part de ce constat alarmant. La semaine dernière, un homme âgé de 29 ans a été condamné à la prison à perpétuité par la 2ème Cour pénale de Diyarbakır (sud-est de la Turquie) pour avoir électrocuté puis tué sa femme car elle avait donné naissance à une seconde fille, au lieu d'un garçon. 

Isma Maaz (www.lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 28 janvier 2015

 

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 27 janvier 2015, mis à jour le 27 janvier 2015

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