139.141 livres, pour être précis. Ces ouvrages ont été retirés de 1.142 bibliothèques publiques, au motif qu’ils mettraient en avant les idées du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et accusé d’être le cerveau de la tentative de coup d’Etat en juillet 2016. Ils seraient sous le coup d’une "enquête", selon le ministre turc de la Culture, Numan Kurtulmuş.
Sa déclaration, dont la presse francophone fait écho depuis quelques jours, remonte à il y a plus de deux mois : "Les publications sur le mouvement FETÖ et sur Fethullah Gülen, ainsi que celles de maisons d'édition fermées par les décrets découlant de l'état d'exception [...] ont été retirées d’urgence", a-t-il annoncé le 11 octobre dernier, ne précisant pas depuis si d’autres ouvrages avaient été extraits.
Parmi les livres retirés, figureraient des oeuvres de Baruch Spinoza, Louis Althusser ou encore, du célèbre philosophe français Albert Camus, selon le journal allemand la Deutsche Welle. Ces auteurs seraient accusés d’avoir fait partie d’organisations terroristes.
En novembre dernier, Kenan Kocatürk, président de l’Association des éditeurs turcs, ne cachait pas son inquiétude face à certaines dérives parmi les mesures prises sous l’état d’urgence dans le secteur des livres. "Un tribunal d’une ville anatolienne a utilisé des lois antiterroristes pour interdire un livre simplement parce que ce livre a été trouvé dans la maison d’un terroriste présumé", a-t-il déclaré à Hürriyet Daily News, rappelant que "26 maisons d’édition, dont la plupart sont accusées d’avoir des liens avec l’organisation de Fethullah Gülen (FETO), ont aussi été fermées."
Istanbul (http://lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 14 décembre 2017