Nommé en l’honneur de Mustafa Kemal Atatürk, premier président de la république turque de 1923 à 1938, le nouveau bâtiment du Centre culturel Atatürk (AKM*) prend de l'ampleur.
Malgré l'avancée des travaux pendant la crise sanitaire, l'inauguration du bâtiment, prévue initialement le 24 décembre 2020, a été reportée au 29 octobre 2021.
Nouveau bâtiment
La construction en acier de l'auditorium (avec une conception sphérique), le point le plus frappant du projet, a clairement bien avancé.
Le nouveau Centre disposera d’une salle d’opéra (d’une capacité de 2500 personnes), une salle de théâtre (800 personnes), une salle de conférence (1000 personnes), une salle de cinéma (285 personnes), une salle de théâtre (250 personnes), une salle d’exposition, une bibliothèque et un parking (pour une capacité de 885 voitures). Au dernier étage du nouveau bâtiment se situera un restaurant avec une vue qui s’étendra du deuxième pont à la péninsule historique.
Il est également prévu, sur l'extérieur du bâtiment, l’installation d’un grand écran, afin que, depuis la place Taksim, le public puisse assister à différentes représentations.
Le projet envisage aussi la fermeture à la circulation du parvis devant le centre (place Taksim).
Vidéo : Projet du cabinet d’architecture Tabanlıoğlu
Du Palais de la Culture d’Istanbul au Centre culturel Atatürk : une histoire mouvementée
La première pierre de ce Centre, à l’origine appelé "Palais de la Culture d’Istanbul", a été posée en 1946 ; l’inauguration était prévue en 1953, mais en raison d’insuffisance de fonds, la construction n’a été achevée qu’en 1969. Il était à l’époque le 4e plus grand centre culturel au monde.
L’année suivante, en 1970, un grave incendie a dévasté le bâtiment.
Rénové, le Centre a pu rouvrir en 1978, sous le nom de "Centre culturel Atatürk".
En 2005, le ministre de la Culture et du Tourisme de l'époque, Atilla Koç, a déclaré que le bâtiment devait être démoli (en effet, depuis le début des années 2000, on annonçait régulièrement - la municipalité d’Istanbul notamment - la nécessité de détruire le bâtiment en raison du coût des rénovations devenues indispensables, contre les risques d’incendie et de tremblement de terre). Néanmoins, en raison de fortes oppositions, la démolition n'a pas pu avoir lieu. Toutefois, en 2008, toutes les activités ont été interrompues par le ministère, et le Centre culturel a fermé.
Suite à cela, il a été décidé que le bâtiment serait restauré, mais ce projet a été annulé par une décision de justice à la suite du procès intenté par le Syndicat des travailleurs de la culture, des arts et du tourisme. Finalement, un protocole a été signé en 2009 entre toutes les parties, avec pour objectif de protéger, rénover et renforcer le bâtiment tel qu'il est.
Murat Tabanlıoğlu (fils de Hayati Tabanlıoğlu, l'architecte du projet du Centre à la fin des années 1950), a alors été choisi pour effectuer la restauration. En février 2012, la Fondation Sabancı s'est engagée pour sa part à contribuer à 30 millions de lires pour la rénovation. Les travaux de restauration ont alors commencé. L'ouverture était prévue le 29 octobre 2013, mais en mai 2013, les travaux ont été arrêtés sur décision du ministère de la Culture.
Puis, pendant les événements de Gezi (fin mai-juin 2013), le Centre est devenu l'un des symboles de la résistance des manifestants ; de nombreuses affiches ont été accrochées sur la façade du bâtiment.
A l’époque, Recep Tayyip Erdoğan, alors Premier ministre, a fait savoir que le Centre serait détruit.
Après les événements de Gezi, le Centre culturel Atatürk a été utilisé comme poste de police pendant plus d'un an.
Le bâtiment aura donc été laissé partiellement à l’abandon près de 10 ans, jusqu'à sa démolition début 2018.
Souhaitons bonne chance à ce nouveau Centre culturel, qui a connu tant de soubresauts depuis sa création…
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(*) Atatürk kültür merkezi