Pierre Loti, officier français de la marine, aurait combattu les Turcs lors de la bataille à Çanakkale, pendant la Première Guerre Mondiale. C'est ce qu'affirment les récentes recherches de Mesut Özekmekçi, en doctorat d'histoire à l'université de Celal Bayar. Ce dernier explique en avoir trouvé la preuve dans les archives de journaux européens et américains. Pierre Loti aurait notamment obéi aux ordres français et participé aux bombardements de la forteresse de Çanakkale. "C'est un étrange coup du sort que celui qui -pendant de nombreuses années- a été admiratif des Turcs et de la Turquie, qui a vécu et fait d'Istanbul sa deuxième maison, devienne l'ennemi des Turcs", écrivait à l'époque le journal américain The Bridge Port Evening Farmer, cité par Mesut Özekmekçi.
Des conclusions que conteste le chercheur Alain Quella-Villéger, spécialiste des récits d'exploration et de l'œuvre de Pierre Loti. "L'écrivain Pierre Loti (...) n'a jamais cessé d'être le grand ami de la Turquie, de l'islam et, alors officier de Marine à la retraite ayant volontairement demandé à 64 ans à servir sur le front, il n'a évidemment jamais combattu aux Dardanelles ! Il avait même mis le président de la République française Poincaré en garde contre une telle expédition militaire", explique Alain Quella-Villéger au petitjournal.com d'Istanbul, auteur notamment de la biographie Pierre Loti, le pèlerin de la planète (1998 et 2005), traduite en turc, Pierre Loti sous le titre Gezegen seyyahı (Yapı Kredi, 2002).
Officier de la marine et écrivain, le Rochefortais, de son vrai nom Julien Viaud, est aussi appelé "le turcophile". Ses sept séjours à Istanbul, de 1876 à 1913, lui ont inspiré plusieurs œuvres, dont son plus grand succès, Aziyadé. Son roman, en partie autobiographique, raconte l'histoire d'amour entre un officier de marine européen et une jeune femme de harem.
Pierre Loti a aussi contribué à faire connaître Istanbul et l'Empire Ottoman en France. De nombreuses rues, écoles et restaurants stambouliotes portent encore son nom. A Istanbul, le célèbre café Pierre Loti est perché sur les hauteurs du cimetière d'Eyüp et offre une vue imprenable sur la Corne d'Or. A Rochefort, sa ville natale, sa demeure est transformée en musée –actuellement fermé pour rénovation- et abrite, entre autres, une mosquée et un salon turc.
Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 15 décembre 2016
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