Une lecture du Coran a eu lieu pour la première fois en 85 ans vendredi dernier dans l'enceinte de Sainte-Sophie à Istanbul (Ayasofya), rapporte le quotidien Daily Sabah. L'imam de la mosquée Ahmet Hamdi Akseki d'Ankara, Ali Tel, a psalmodié quelques versets du livre saint des musulmans lors de l'inauguration de l'exposition “L'amour du prophète”, Aşk-ı Nebi en turc, qui présente jusqu'au 8 mai prochain des œuvres calligraphiques dédiées à Muḥammad, le dernier prophète de l'islam, précise l'agence de presse semi-officielle turque Anadolu. De nombreuses personnalités s'étaient déplacées pour l'occasion, parmi lesquelles le sous-secrétaire d'État au ministère la Culture et du Tourisme, Ahmet Haluk, le président des Affaires religieuses de Turquie, Mehmet Görmez, ainsi que le gouverneur d'Istanbul, Vasip Şahin.
Symbole éminent de la chrétienté d'Orient jusqu'en 1453 – date à laquelle la basilique Sainte-Sophie fut convertie en mosquée par les Ottomans – l'édifice a ensuite été transformé en musée en 1934, sous l'impulsion du président de la République Mustafa Kemal Atatürk, qui souhaitait “l'offrir à l'humanité”.
Avec ses quelque trois millions de visiteurs par an, le monument le plus admiré de la ville d'Istanbul fait cependant l'objet d'un rapport de force depuis de longues années. Le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002, a plusieurs fois suggéré de rendre à Sainte-Sophie son ancien statut de mosquée. "Quand nous regardons Sainte-Sophie, nous la voyons triste, mais nous espérons la voir sourire bientôt” avait regretté le vice-Premier ministre turc et porte-parole du gouvernement, Bülent Arınç, alors qu'il inaugurait une exposition au sein bâtiment, en novembre 2013.
Isma Maaz (www.lepetitjournal.com/Istanbul) mardi 14 avril 2015
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