Édition internationale

Van kedisi : le chat blanc aux yeux vairons que la Turquie protège farouchement

Blanc comme la neige, les yeux parfois vairons, il fascine autant qu’il intrigue. À Van, on l’appelle “le chat du lac”. Une race rare que la Turquie protège avec soin.

Chat de Van au pelage blanc et aux yeux vairons, photographié en extérieur en Turquie.Chat de Van au pelage blanc et aux yeux vairons, photographié en extérieur en Turquie.
Van kedisi photographié à Van – Photo : Serkan Güçlü
Écrit par Sarah Goldenberg
Publié le 20 juin 2025, mis à jour le 23 juin 2025

Une race unique au monde : entre légende et génétique

 

Originaire de la région de Van, dans l’est de la Turquie, le Van kedisi fascine autant par son apparence que par les récits qui l’accompagnent. Son pelage blanc comme la neige, sa silhouette élancée et surtout ses yeux vairons, l’un bleu, l’autre ambré ou vert, en font un animal immédiatement reconnaissable.

On raconte, à Van, qu’un chat aurait nagé dans les eaux du lac au moment où l’Arche de Noé accostait le mont Ararat. Depuis, dit-on, il n’a jamais quitté cette terre ni son goût pour l’eau. 

Au-delà du mythe, la science confirme l’exception. Le Van kedisi présente des caractéristiques génétiques uniques, notamment cette hétérochromie naturelle. Sa lignée est considérée comme l’une des plus anciennes races félines domestiques. Contrairement à l’image du chat distant et solitaire, celui-ci se montre affectueux, sociable, et s’attache à son territoire autant qu’à ses humains.

 

Préserver l’authenticité : un centre de recherche au cœur de Van

 

Depuis les années 1990, un centre dédié à la préservation de cette race emblématique a été mis en place à l’université Yüzüncü Yıl de Van. Ce centre de recherche et d’élevage, adossé à la faculté de médecine vétérinaire, veille à la reproduction contrôlée du Van kedisi dans des conditions strictes.

 

 

Son objectif : éviter les croisements non souhaités, préserver la pureté de la race et surveiller ses caractéristiques génétiques. En moyenne, une cinquantaine de chats vivent en permanence dans l’enceinte du centre, où ils sont nourris, soignés et suivis par une équipe spécialisée.

 

À noter : l’exportation de cette race est strictement interdite. Il est possible d’adopter un chat de Van en Turquie, mais il ne peut pas quitter le territoire, sauf autorisation exceptionnelle à but scientifique ou diplomatique. Une manière pour la Turquie de protéger un symbole identitaire autant que son patrimoine génétique.

 

Un félin devenu ambassadeur culturel et atout touristique

 

À Van, le chat blanc est partout. Dans les hôtels, les musées, les boutiques de souvenirs. Il figure sur les affiches, les cartes postales et parfois même sur les enseignes municipales. Certains établissements en ont fait leur mascotte et le centre de protection accueille des visiteurs tout au long de l’année.

Ce félin emblématique contribue à l’image de la région, notamment auprès des touristes turcs et des visiteurs venus des pays voisins. Il incarne l’authenticité de l’Anatolie orientale, loin des clichés d’un Est turc uniquement rural ou enclavé.

 

Le chat dans la culture turque : entre spiritualité et quotidien

 

Le respect des chats en Turquie ne se limite pas à Van. Dans tout le pays, de nombreuses croyances et traditions placent le chat au cœur du quotidien. Dans l’islam, on raconte que le Prophète Mahomet aimait profondément les chats et qu’il préféra couper un pan de son vêtement plutôt que déranger son animal endormi.

 

TOMBILI – Une statue inaugurée en l’honneur du fameux chat d’Istanbul

 

Cette bienveillance se traduit aujourd’hui dans les rues d’Istanbul comme dans les villages anatoliens. Les chats sont accueillis, respectés, souvent pris en charge par les habitants.
Le Van kedisi n’est pas un chat comme les autres. À l’écart des grandes villes, il est gardé, soigné et reconnu comme un symbole de la région.

 

Pourquoi le Van kedisi fascine encore aujourd’hui ?

 

Dans un pays où les chats font partie du décor, le Van kedisi, lui, reste à part.

Il intrigue parce qu’il semble à contre-courant de son époque. À l’heure des réseaux sociaux, des chats-stars au comportement comique ou domestiqué à l’excès, le félin de Van conserve sa part de mystère.

Il est aussi le reflet d’une Turquie multiple, où l’attachement à certaines traditions se manifeste dans des détails parfois inattendus. En protégeant cette race rare, le pays affirme un lien profond avec son territoire, son histoire et une forme de fierté discrète.

 

Un patrimoine à quatre pattes

 

Il suffit d’un regard pour comprendre que ce chat n’est pas comme les autres.
Entre science et légende, protection étatique et fascination populaire, le Van kedisi continue de traverser les générations.

Il fait partie du décor, comme s’il avait toujours été là. Et à Van, personne ne semble vouloir que ça change.


Ne manquez rien de l’actu. Inscrivez-vous à notre newsletter quotidienne ici 

Pour plus de culture, d’actus et de bons plans : suivez-nous sur FacebookInstagram et X

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos