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ERKAN ÖZERMAN - "Depuis 50 ans, je me démène pour promouvoir la musique française en Turquie"

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 9 mars 2014, mis à jour le 10 mars 2014

Producteur, agent de stars, découvreur de talents... Erkan Özerman est une figure incontournable du monde de la musique et du divertissement depuis une cinquantaine d'années. Enrico Macias, Gilbert Bécaud, Serge Lama, Rika Zaraï, Sacha Distel... Beaucoup de grands artistes français lui doivent leur notoriété en Turquie. Lepetitjournal.com d'Istanbul l'a interviewé pour son Almanach 2013 "Un an en Turquie"...

Lepetitjournal.com d'Istanbul : Quel a été, pour vous, l'événement de 2013 en Turquie ?

Erkan Özerman (photo personnelle): 2013 n'a pas vraiment été une bonne année, ni pour mon pays, ni pour le monde. Ce qui me rend le plus triste, c'est la guerre en Syrie. Un pays est en train d'être détruit aux frontières de la Turquie, des populations déplacées, et personne ne donne un vrai ?coup de main?. Les grands se réunissent, font des discours, mais rien n'aboutit. Les grandes puissances sont aveugles et sourdes, et n'écoutent que leurs propres intérêts. Pauvre Irak, pauvre Syrie, pauvre Égypte, pauvre Tunisie, pauvre Libye...Dans tous ces pays, la révolution, c'était du cinéma. On ne peut pas imposer la démocratie! Ou, comme je le dis toujours, on ne peut pas fouetter quelqu'un pour qu'il mange des baklavas! Dans un contexte plus national, Gezi m'a évidemment beaucoup interpellé, car ce mouvement m'a rappelé Mai 68, que j'ai vécu en direct à Paris. Il faut que la plus ancienne génération ? la mienne ? fasse l'effort d'entendre et de comprendre la plus jeune génération. Si les plus vieux imposent des choses, les jeunes ?éclatent?.

Comment a commencé votre histoire avec la France ?

Je suis diplômé du Lycée Galatasaray et je suis fier d'être passé par ce lycée, un lycée d'élite fondé sur le mérite, qui pouvait accueillir sous son toit tant les fils de la famille royale que les fils d'ouvriers. Adolescent, ce n'était pas mon choix. Je voulais entrer au Robert College pour aller à Los Angeles ensuite. Mais ma grand-mère, figure très importante et respectée par toute la famille, qui a fait son éducation au Palais de Beylerbeyi, a insisté pour que j'intègre cet établissement, le plus noble à ses yeux. Depuis mes 25 ans, je me démène pour promouvoir la musique française en Turquie et aujourd'hui, à 75 ans, je continue avec la même ferveur.

Il y a 50 ans, lorsque j'étais l'impresario de Dario Moreno, j'ai découvert Enrico Macias avec sa chanson Adieu mon pays et je l'ai lancé lors des premières parties des concerts de Dario Moreno. Il est devenu une vedette en Turquie, avant de l'être en France. J'ai été producteur pendant de longues années à la télévision turque et j'ai permis à de nombreuses vedettes françaises de venir chanter en Turquie: Gilbert Bécaud, Serge Lama, Rika Zaraï, Sacha Distel... À l'époque, les chanteurs français représentaient 80% de la programmation totale. Aujourd'hui, ils ne représentent plus que 2%. C'est la faute du ministère français de la Culture et des nombreux diplomates qui n'ont fait aucun effort ces dernières décennies. Je ne parle pas des deux derniers ambassadeurs de France, Bernard Émié et Laurent Bili, ni de l'ancien consul général de France, Hervé Magro, qui sont tous trois des gens remarquables et qui ont beaucoup ?uvré pour le rayonnement de la France en Turquie. La France est reconnue dans le monde entier comme le pays de la classe et de l'élégance. J'y suis très sensible, d'où mon affection pour ceux qui représentent bien la France.

Quels sont vos projets pour 2014 ?

Je suis le président-créateur de l'émission Best Model of The World. Après Sofia en Bulgarie cette année, l'événement aura lieu en Belgique en 2014. Depuis le début, j'ai lancé 140 mannequins, mais aussi 55 artistes turcs tout au long de ma carrière, dont la star Ajda Pekkan. Parmi les dix grandes vedettes actuelles de cinéma ? comme K?vanç Tatl?tu?, Kenan ?mirzal?o?lu, Burak Özçivit ? pratiquement toutes sont passées par Best Model. À part cela, je suis récemment devenu sociologue après avoir suivi des cours à Paris 8, et je veux à présent passer mon doctorat en sociologie. Je dois travailler sur ma thèse ? ?l'influence de l'artiste sur le public, l'influence du public sur l'artiste? ? mais je manque de temps. Je travaille également sur une biographie de Dario Moreno. Elle me tient à c?ur car je veux réhabiliter ses origines, surtout en France : tout le monde le prend pour un Mexicain, or c'est un Turc juif. Sa mère, Madame Rosa, n'aurait jamais su trouver le Mexique sur une carte!

Propos recueillis par Meriem Draman (http://lepetitjournal.com/istanbul) lundi 10 mars 2014

 

Cette interview est extraite de l'Almanach 2013 "Un an en Turquie" du petitjournal.com d'Istanbul. Sorti fin janvier 2014, cet ouvrage richement illustré de 60 pages revient sur l'actualité en Turquie l'an dernier et vous propose une dizaine d'interviews de personnalités turques francophones qui, comme Erkan Özerman, se distinguent par leurs talents et leur contribution à la relation franco-turque.

L'Almanach 2013, tiré comme le précédent à 10.000 exemplaires, est gratuit! N'hésitez pas à vous procurer un exemplaire, notamment à l'Institut français d'Istanbul ou d'Ankara; ou à nous contacter par e-mail: istanbul@lepetitjournal.com

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 9 mars 2014, mis à jour le 10 mars 2014

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