Édition internationale

DE BLOG À BLOG - Lingerie: entre kitch et vulgarité… par Melody De Visscher

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 21 novembre 2012

 

Nous retrouvons notre journaliste belge, Melody De Visscher, et ses histoires rocambolesques à Istanbul, qui tiennent en haleine ses nombreux lecteurs. Dans le nouvel épisode de son livre en ligne, "Istanbulle", Melody nous parle de sous-vêtements plus ?chocs? que ?chics?


Je n'ai jamais gagné beaucoup d'argent mais il y a une chose dans laquelle je n'ai jamais hésité à investir : les sous-vêtements. C'est une véritable passion : je suis incapable de dépenser 150 euros pour un pull ou un pantalon mais je considère ce prix tout à fait justifié pour un bel ensemble de lingerie. Une fois par an, je me fais plaisir en m'offrant une parure. C'est à chaque fois le même rituel: je regarde la vendeuse emballer mon achat dans du papier de soie, je ressors tout sourire de la boutique avec mon paquet dans les mains et de retour à la maison, je le déballe délicatement comme s'il s'agissait d'un trésor. Comme j'en prends bien soin, mes ensembles restent en excellent état pendant des années. Le résultat est jouissif : ma garde-robe est remplie de parures Aubade, Lejaby, Chantelle et autres marques de lingerie française.

Kitch et vulgarité
Désormais installée à Istanbul, je compte bien perpétuer la tradition mais il y a une chose qui m'inquiète: depuis mon arrivée dans la ville, je ne suis jamais tombée sur une boutique vendant de jolis dessous.

Pourtant, des magasins de sous-vêtements, il y en a à la pelle. On ne peut d'ailleurs pas les louper: ils font étalage de leur marchandise comme s'il s'agissait de vulgaires articles de marché. Guêpières, soutiens pigeonnants, nuisettes? le tout est exhibé au vu et au su de tous les passants, et tant pis pour les pudiques.

Le style est souvent le même: du rouge et du léopard (dans le même ensemble), des froufrous, du tulle et de la dentelle bon marché. Le tissu de prédilection? Synthétique! La qualité est médiocre: les bretelles et armatures ne soutiennent absolument rien.

Moi qui affectionne le coton, la dentelle fine, le modal et d'autres matières nobles? je suis horrifiée. Un jour, je décide d'entrer dans une de ces boutiques pour demander où je peux trouver des sous-vêtements plus discrets et là, au comble de ma surprise, je découvre que la vendeuse est? voilée! Persuadée qu'elle a ce qu'il me faut en magasin, elle me propose des sutyen, büstiyer, korse et külot blancs, noirs ou beiges déprimants en polyester. Je lui explique que je préfère des dessous tout simples en coton. Impuissante, elle s'adresse alors à la personne derrière la caisse. Je sursaute: c'est un homme! Celui-ci hausse les épaules et répond que c'est là tout ce qu'il a en magasin.

Articles de sex-shops
Un autre jour, accompagnée d'une copine, j'entre dans une petite boutique sur S?raselviler, la rue à côté de chez moi à Cihangir. Mon attention est attirée par un ensemble, toujours rouge mais déjà de meilleur goût. A ce moment-là, la vendeuse (non voilée cette fois) m'interpelle pour me proposer? un body en filet noir et ?ces charmants cache-seins en forme de fleurs avec culotte fendue assortie?. Je suis choquée. Et vexée qu'elle ait imaginé que ces articles puissent m'intéresser! Tandis que je lui réponds un sec ?non merci, ce n'est pas mon style?, ma copine, qui n'avait pas suivi la conversation, s'écrie: ?Ah j'adoooooooore! J'ai le même à la maison!? Je suis mal à l'aise?

Autre jour, autre tentative. J'entre chez Ayy?ld?z, une chaîne turque dont j'ai entendu parler et qui, en été, vend de jolis bikinis. L'enseigne possède des magasins un peu partout, y compris dans des quartiers plus chics d'Istanbul. Je tente le coup. Re-belote : nuisettes dites gecelik, pantoufles à plumes, peignoirs en satin avec pompons ? revoilà le kitch et la vulgarité dans toute sa splendeur.
Derrière la caisse, une dame âgée me propose, en parlant bien fort malgré la présence d'un client juste derrière moi, de jeter un coup d'?il aux articles sur le tourniquet. Horreur : il s'agit à nouveau de lingerie qui, en Belgique, se vendrait dans un sex-shop. Je m'enfuis.

Invitation
Ce soir-là, assise au café Susam devant mon ordinateur, je décide de faire une recherche sur le sujet. Et je découvre que la Turquie, pays producteur et exportateur de textile, fournit la majorité des sex-shops en Europe ! Tout s'éclaire.
Je me dis que je tiens là un bon sujet de reportage quand Lider franchit la porte du café. Il s'assied à ma table et m'invite à un concert qui a lieu le lendemain à Jolly Joker Balans, un bar à Beyo?lu. C'est le concert de sa s?ur, dont il est le producteur. Il paraît que c'est une chanteuse pop très célèbre. Je ne la connais pas mais j'accepte l'invitation avec plaisir. J'irai avec Mano, Flora ou seule pourquoi pas.

PS: Côté lingerie, je finirai par trouver mon (presque) bonheur dans une enseigne internationale: Intimissimi. C'est Italien. Et les Italiens, eux, c'est bien connu, ils ont le style dans le sang. Ouf.

Melody De Visscher (www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 11 octobre 2012

Note: Cette anecdote s'est déroulée en novembre 2009 mais a été écrite en octobre 2012. Istanbulle, c'est le livre en ligne de Melody, une journaliste belge spécialiste des aventures rocambolesques. Depuis son arrivée à Istanbul en mars 2009, elle a essayé de convertir les Turcs au développement durable, habité sur une île, partagé un appart avec un Kurde misogyne, rencontré un Italien tenant une pancarte 'Hug me' devant l'Aya Sofya, tapé dans l'oeil d'un prof de turc atteint de TOC, confié sa crinière à un 'kuaför' local et fréquenté un joueur de tambour recherché par l'armée... Des anecdotes comme ça, elle en a plein en réserve. Elle en publie une nouvelle chaque semaine, tenant ainsi en haleine de nombreux lecteurs passionnés.

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 11 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012
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