

Une universitaire déplore la publication massive par WikiLeaks, quelques jours après le coup d’Etat avorté du 15 juillet, de mails contenant les renseignements personnels de millions d’électrices turques. Leurs noms, adresses et numéros de téléphones sont notamment accessibles à tous.

Outre le sensationnalisme sur lequel a joué WikiLeaks, ainsi que certains journalistes occidentaux, Zeynep Tüfekçi dénonce surtout la diffusion – à travers la publication de ces mails - "d’informations privées et sensibles de ce qui semble être chaque électrice, dans 79 des 81 provinces de Turquie, y compris leurs adresses et autres informations privées, comme leur numéro de téléphone portable parfois." Le fichier sur Istanbul contient à lui seul les renseignements privés de plus d’un million de femmes.Autant de Turques qui, selon Zeynep Tüfekçi, vivent désormais avec le risque qu’un "harceleur, ancien partenaire, un parent fâché ou un fou prennent connaissance [de ces données] comme ils le souhaitent". Or, rappelle l’universitaire, "chaque année en Turquie, des centaines de femmes sont assassinées, le plus souvent par leur mari, ex ou actuel petit ami, et des milliers de femmes quittent leur maison et cherchent un endroit où se cacher, en quête de sécurité".
Danger de vol d’identité, de harcèlement ou pire
Ce qui avait été annoncé par WikiLeaks comme un pavé jeté dans la mare politique turque apparait finalement comme une montagne d’informations privées noyée dans l’océan d’Internet : "Nous parlons de millions de femmes dont les renseignements personnels et privés ont été déversés dans le monde, sans l’once d’un tollé", regrette Zeynep Tüfekçi.
Un autre fichier contient les noms complets, les cartes d’identité et les numéros de téléphone de centaines de milliers de membres les plus actifs de l’AKP. Après le blocage de l’accès à WikiLeaks par le gouvernement, quelques heures après la diffusion des mails, celle qui se dit habituellement critique des pratiques de censure du parti au pouvoir affirme : "Il n'y a pas une seule bonne raison de mettre tant d'hommes et de femmes dans un tel danger de vol d'identité, de harcèlement ou pire - en particulier après que le pays a été secoué par un coup d'Etat sanglant ciblant ce parti politique." Et de conclure : "La discrétion n’est pas de la censure."
Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 27 juillet 2016
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