Alors que vendredi 2 juin était organisée, à la Grande Assemblée nationale de Turquie (TBMM), la cérémonie de prestation de serment pour les 600 députés élus le 14 mai dernier, le président turc a pour sa part prêté serment devant la nation samedi 3 juin, avant de dévoiler son nouveau gouvernement.
Reconduit le 28 mai dernier pour un dernier mandat de cinq ans, le président turc a annoncé, à Ankara, les membres de son nouveau Cabinet ; celui-ci est marqué par un renouvellement profond. Seuls Fahrettin Koca et Mehmet Nuri Ersoy conservent leurs postes respectifs de ministre de la Santé et ministre de la Culture et du Tourisme.
Ali Yerlikaya, préfet d’Istanbul, devient ministre de l’Intérieur, succédant ainsi à Süleyman Soylu. Yaşar Güler, chef d’Etat-major des Armées, succède à Hulusi Akar au poste de ministre de la Défense. Cevdet Yılmaz, ancien ministre du développement (de 2014 à 2016), et ancien vice-ministre de l’économie, devient vice-président.
Deux noms de ce nouveau gouvernement interpellent tout particulièrement.
Changement de style aux Finances et aux Affaires étrangères
Déjà ministre des Finances de 2009 à 2015, puis vice-Premier ministre chargé de l’Économie (jusqu’en 2018) Mehmet Şimşek, d’origine kurde, retrouve son poste de ministre des Finances. Appelé pour redresser l’économie turque au plus mal ces dernières années avec une inflation galopante notamment, le nom de Mehmet Şimşek est donc supposé rassurer les marchés financiers, avec un retour à l’orthodoxie dans la politique financière turque. Dimanche 4 juin, lors d’une conférence de presse, il a annoncé vouloir revenir à une politique économique "rationnelle", avec l’objectif de mettre fin à la baisse des taux d’intérêt (politique pourtant défendue par le président Erdoğan).
L’autre entrée remarquée de ce nouveau gouvernement est celle d’Hakan Fidan, l’ancien chef du MIT (service des renseignements turcs), qui prend la tête des Affaires étrangères, succédant à Mevlut Cavusoglu. D’origine kurde, Hakan Fidan, réputé très discret, est l’un des hommes de confiance du président Erdogan.
L’ancien porte-parole de la présidence, İbrahim Kalın, devient chef du MIT.
On remarquera que la parité n’est pas le point fort de ce gouvernement ! Comme dans le précédent, la seule femme désignée par le président turc est affectée à la Famille et aux Affaires sociales. Issue de la diaspora turque de Belgique, Mahinür Özdemir a été députée en Belgique, mais également ambassadrice de Turquie en Algérie.
Les 17 ministres se réuniront pour la première fois mardi 6 juin.