Séismes en Turquie : scandale autour de la vente de tentes par le Croissant-rouge

L’organisation humanitaire turque fait l’objet de critiques pour avoir vendu à l’AHBAP des tentes ainsi que des boîtes de conserves pour les survivants des tremblements de terre de 7,8 et 7,5, qui ont frappé le sud de la Turquie et le nord syrien le 6 février.

C’est une information qui a été révélée dans la nuit de samedi à dimanche par le journal Cumhuriyet. Le Croissant-rouge turc a bien vendu (et non donné), 3 jours après les séismes, 2 050 tentes pour un montant de 46 millions de TL (environ 2 300 000 €) à l’organisation indépendante d’aide humanitaire AHBAP, dirigée par le chanteur Haluk Levent.

Le Croissant-rouge aurait également vendu 5 tentes de 76m2 pour 800 000TL à l’Union des Pharmaciens de Turquie (TEB).

Des tentes vendues au "prix coûtant"

"La plus grande organisation caritative de Turquie, le Croissant-rouge, a vendu des tentes au lieu de les distribuer gratuitement à ceux qui en avaient besoin, alors que les gens suppliaient pour s’en procurer, trois jours après le séisme. C’est un scandale", a estimé Murat Ağırel, le journaliste de Cumhuriyet, à l’origine de la révélation.

Le Croissant-rouge a fait savoir qu’au moment des séismes, il disposait de 40 000 tentes disponibles immédiatement. Il en a trouvé 14 000 de plus, et a transmis le tout à l’AFAD (présidence de la gestion des catastrophes et situations d’urgence). L’AHBAP s’est pour sa part entendue avec la filiale du croissant rouge, chargée de la production des tentes.

Critiqué pour l’achat de ces tentes, Haluk Levent s’est défendu : "Ce soir là, alors que les gens avaient froid, on n’avait pas le luxe de se demander si nous devions ou pas acheter ces tentes. On les a achetées et envoyées dans les zones sinistrées. Toutes les actions que nous avons menées sont justes et légales."

Le président du Croissant-rouge turc, Kerem Kınık, s’est, lui, défendu d’avoir fourni des tentes "au prix coûtant", dans le but de faire d’autres dépenses, et a affirmé que c’était "moral, raisonnable et légal". Malgré cela, des appels à sa démission ont émané de plusieurs personnalités de l'opposition et de la société civile.

Dès les premières heures qui ont suivi les séismes du 6 février, les autorités turques ont été critiquées en raison de leur manque de réactivité dans la gestion des conséquences de la catastrophe. Il leur a également été reproché le retard dans le déploiement des secours. L’AHBAP, plateforme indépendante, a pour sa part tenté de compenser certains manques, en apportant une importante aide logistique et matérielle.