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PALAIS DE FRANCE – Le canard au menu des partenariats franco-turcs

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 15 décembre 2014, mis à jour le 8 février 2018

Une centaine de convives ont assisté hier soir à un dîner très spécial au Palais de France: une "soirée canard". Sur une idée de la Consule générale de France, Muriel Domenach, avec la participation de l'école de cuisine Le Cordon Bleu présente à Istanbul au sein de l'Université Özyeğin, les invités ont vu défiler sur les tables une variation culinaire sur le thème du canard, cette viande appréciée des Français et encore peu connue des Turcs.

Pourquoi le canard ? Parce qu’il nous paraît incarner parfaitement la variété, la qualité mais aussi l’accessibilité de la gastronomie française. Tant de produits sont issus du canard : foie gras mais aussi magret, confit, gésiers etc. Il y en a pour tous les goûts et tous les porte-monnaies, pour toutes les convictions aussi et d’ailleurs, un certain nombre ont la certification hallal”a expliqué Muriel Domenach, en guise d’introduction à un menu composé des traditionnels “terrine de foie gras de canard et chutney” (photo AA) ou “consommé de canard en gelée”, mais aussi d’un plus surprenant “köfte de canard confit et foie gras, tahin pekmez”.

“Notre dîner de ce soir, à sa modeste mesure, vise à ajouter le canard à la longue liste de nos partenariats franco-turcs (...) Nous voulons avec cette initiative promouvoir nos produits mais aussi valoriser et encourager la production en Turquie même (qui existe dans l’est du pays, autour de Kars, ndlr). Certains chefs turcs cuisinent des plats déjà remarqués autour du canard. Certains producteurs français sont en recherche d’un partenaire turc pour un élevage bio”, a poursuivi la Consule générale, qui inaugurait avec cette soirée une séquence agroalimentaire française en Turquie.

Le dîner canard, et son menu élaboré par le chef Gilles Company du Cordon Bleu (lire ci-dessous), annonce ainsi d’autres initiatives en 2015, sur les thèmes de la gastronomie et de l’agroalimentaire. Les chefs qui le souhaitent pourront notamment s’associer à une opération “goûts de France  / Good France”, a annoncé Muriel Domenach.

Les invités, venus pour certains avec une recette de canard alla turca ou alla franca, se sont vus remettre un “abécédaire du canard” recensant quelques-unes des nombreuses expressions françaises autour du canard.

Diaporama Kizoa : Soirée canard au Palais de France - Diaporama 

 Témoignages...

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Chef Gilles Company (à gauche sur la photo), chef au Cordon Bleu, qui a concocté le menu canard

Lepetitjournal d’Istanbul : Pourriez-vous présenter brièvement votre école et ses activités ?

Gilles Company : Le Cordon Bleu est un institut culinaire fondé il y a 100 ans et présent à l’international, dans 40 écoles dans le monde. L’école enseigne l’art culinaire dans son ensemble : l’art de la table, la présentation et la préparation : il faut que ce soit aussi beau que bon. Le Cordon Bleu d’Istanbul a été ouvert en 2012 sur le campus de l’Université Özyeğin et propose des cours pour le certificat cuisine et pâtisserie ainsi qu’un diplôme universitaire. La formation du Cordon Bleu est aussi bien ouverte aux amateurs qu’aux professionnels. 

De quelle façon contribuez-vous à la soirée canard du 15 décembre au Palais de France ?

Sur la demande de la Consule générale, avec mes étudiants, nous participons à la préparation, de l’élaboration du menu à la préparation. C’est tout de même un challenge pour mes élèves, nous devons servir six plats en 2h30 !

Le canard est-il une viande que vous avez l’habitude de cuisiner au Cordon Bleu ?

Bien sûr, cela fait partie du programme même si, ici, ce n’est pas un produit si commun.

Pensez-vous que le canard puisse plaire à un public turc ?

Oui je le pense ! Vous savez, les goûts évoluent et les aspirations également, et puis c’est de la volaille ! Je pense qu’il y a une demande de diversité de la part des Turcs même si parfois, il faudrait qu’ils soient moins frileux gustativement.

Quelles sont pour vous les opportunités de cette soirée canard ?

Les opportunités concernent avant tout mes élèves. Ceux qui participent à la soirée canard sont les “superior students”, ils seront diplômés en janvier. La soirée canard est donc pour eux l’occasion d’avoir une expérience professionnelle à l’extérieur de l’école. Pour mes élèves, c’est leur premier projet d’une telle envergure, c’est comme un test final !

Eric Fajole, directeur d’Ubifrance Turquie et Aurélie Deruaz Kumandaş, conseillère export, pôle Agrotech chez Ubifrance Turquie

Pourriez-vous nous rappeler brièvement ce qu’est Ubifrance ?
Nous sommes une agence française au développement d’entreprises à l’export. Notre siège est à Paris, et nous avons différents bureaux à l’étranger. Le but est d’aider les sociétés françaises à l’exportation. Nous sommes organisés par secteurs. Je suis par exemple dans le produit Agrotech, mais il y a d’autres secteurs : mode, industrie, automobile etc. Ensuite, en fonction des évolutions du pays dans lequel on se situe et de la demande, on organise des événements pour amener les sociétés françaises ici et leur faire rencontrer des partenaires.

De quelle façon contribuez-vous à la soirée canard au Palais de France ?

Cela s’est surtout joué au niveau  des contacts que nous avons créés avec les sociétés françaises qui pouvaient être intéressées. On a été un point de relais entre les sociétés.

Avez-vous une demande de la part des exportateurs français et importateurs turcs pour le canard en particulier ? Pour d’autres viandes et produits agroalimentaires français ?

Le marché est tout petit ici, donc la demande est faible, même s’il y a déjà quelques marques présentes en Turquie, comme Rougié ou Procanar par exemple, mais nous n’avons pas de demandes très régulières. En général, quelques sociétés françaises nous contactent et recherchent ici des partenaires ou, à l’inverse, une société turque nous dit “je recherche…” mais c’est beaucoup moins le cas, sauf peut-être sur le foie gras. Il y a plus une connaissance du foie gras ici. Par contre la viande, pour ce qui est de la “viande canard”, peut-être un petit peu moins. Pour les autres produits, la France était un grand exportateur d’animaux bovins vivants en Turquie jusqu’à fin 2012. Ensuite, la Turquie a fermé ses frontières, mais pas uniquement aux Français, et là cela vient de reprendre. D’une manière générale en Turquie, si on prend les produits agro-alimentaires, l’importation est uniquement de l’ordre de 1%. Il faut arriver à trouver le produit un peu original qui va pouvoir se différencier de ce que fait la Turquie. Il faut que le consommateur soit prêt à mettre un petit peu plus, mais justement pour avoir un produit différent.

Pensez-vous qu’un marché puisse s’ouvrir pour le canard ici en Turquie ?

On est sur un marché de niche en Turquie, et pour le canard encore plus puisque ce n’est pas un produit qui est encore très connu du consommateur turc, on est plutôt sur un petit marché qui va être concentré pas mal sur Istanbul, les grandes villes du pays, la côte ouest, là où l’on a les grands hôtels également. Avec le développement des hôtels 5 étoiles, un marché haut-de gamme peut se développer. Après, cela sera surtout un travail sur la viande canard et de promotion auprès du consommateur turc. L’importation d’un produit agroalimentaire – entre les frais, les taxes, les droits de douanes etc. – se trouve sur un prix beaucoup plus élevé. Le canard sera donc plus présent soit dans les hôtels restaurant, chez Macro Center ou Carrefour Gourmet. Pour le marché, il y a déjà une base, après il faut la développer. Il n’y a pas d’interdiction religieuse. D’ailleurs sur la gastronomie, aujourd’hui, on est un peu bloqué par les barrières douanières qui sont énormes. C’est de plus en plus difficile d’importer des produits en Turquie et il faut ce genre d’initiative (la soirée canard, ndlr) pour montrer qu’il y a des spécificités européennes. C’est une filière qui aujourd’hui a besoin du soutien des autorités françaises pour continuer à exister et pourquoi pas la développer.

Quels sont les enjeux de cette soirée canard pour vous ?

La soirée est donc l’idée de la Consule générale pour développer la filière. Cela existe dans d’autres pays, des Français ont développé une filière canard au Brésil par exemple. Il faut aussi développer l’élevage qui facilite l’approvisionnement local. Le public ciblé, c’est l’hôtellerie-restauration, des chefs, des critiques gastronomiques, et un peu de VIP, de gens qui peuvent ensuite parler en ville de leur dîner canard. On a d’ailleurs eu plus de demandes que de places pour la soirée canard ! Donc c’est plutôt positif. Cela veut aussi dire que les gens trouvent cela original. L’éventail gastronomique ici est assez limité et le consommateur turc a aussi envie de nouveauté.  L’objectif final serait que quelques chefs turcs mettent le canard à leur carte. On peut imaginer ensuite le produit décliné “ à la sauce turque”… Au chef ensuite d’être un peu créatif pour s’accorder également avec la cuisine locale. Au vu du succès de cet événement, je pense qu’on aura en 2015 un autre événement gastronomique en utilisant les Jardins des Palais autours de Tarabya. L’idée serait de faire un évènement autours de la ferme française pour montrer la production, les animaux français et un peu de gastronomie aussi. Un peu une fête, de la “Fourche à la Fourchette”.

Guénhaël Merian, de la société Procanar, fournisseur du canard pour la soirée


Pourriez-vous nous présenter brièvement votre entreprise et ses activités? 

Notre entreprise est située à Lauzach en Bretagne Sud (Morbihan), et nous sommes spécialistes du canard de barbarie et du canard mulard depuis plus de 30 ans et appartenons au 1er groupe français volailler, LDC et ses marques Loué, Le Gaulois, Marie, Maître Coq,... 

De quelle façon contribuez-vous à la soirée du 15 décembre au Palais de France d'Istanbul? 

Nous avons mis à disposition tous les produits de canard qui seront dégustés à cette occasion.

Aviez-vous déjà, auparavant, abordé le marché turc? Si oui, de quelle façon?

Oui, depuis plusieurs années, avec notre partenaire local, la société Imren Marmara dont les co-gérants, Murat Acar et Yilmaz Yezici, nous représentent à l'occasion de ce dîner. 

Vous avez démarré, en 2010, une activité "canard halal". De quoi s'agit-il exactement ? 

Nous avons plusieurs abattages selon le rite islamique chaque semaine, et sommes certifiés par la Mosquée d'Evry Courcouronnes. De plus, nous sommes un intervenant majeur sur ce marché en France par le biais de notre marque Reghalal. 

Que signifie pour vous cette "soirée canard" à Istanbul? A plus ou moins long terme, pensez-vous que Procanar ait un "avenir" en Turquie et si oui, à quelles conditions ? 

Nous sommes très fiers d'être associés à cet évènement et de permettre à la Consule générale et ses invités de retrouver pour certains,  et découvrir pour d'autres, des saveurs traditionnelles et emblématiques de la gastronomie française, reconnue, rappelons-le, au Patrimoine Mondial de l'Unesco.  Je pense que Procanar a tout à fait un avenir en Turquie mais pour cela, un assouplissement des mesures douanières est nécessaire, notamment sur les produits crus et frais, et le relais via les chefs français présents dans un pays dynamique, riche de nouveautés et de saveurs diverses. 

Propos recueillis par Anne Andlauer et Dorine Goth (http://www.lepetitjournal.com/Istanbul) mardi 16 décembre 2014

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Publié le 15 décembre 2014, mis à jour le 8 février 2018

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