En déplacement ce week-end à Marmaris près des zones sinistrées par les feux de forêts, le président Erdoğan, à l’issue de son discours, a envoyé des paquets de thé en direction de la foule.
Ce n’est pas la première fois. Déjà le 23 juillet dernier, alors qu’il se rendait dans la ville de Rize (région où le thé est principalement cultivé en Turquie) pour constater les récentes inondations, le chef de l’état turc avait distribué du thé à son assemblée.
Cette fois, c’est à Marmaris, où le président turc s’est rendu avec son important convoi en soutien aux personnes sinistrées, qu’il en a profité pour envoyer du thé à son auditoire, au moment même où les feux de forêt y ravagent des centaines d’hectares, et que de nombreux villages ont dû être évacués.
Yangın felaketlerinin yaşandığı Marmaris'te vatandaşa seslenen Erdoğan, ardından çay dağıtımı yaptı. Erdoğan'ın Marmaris'ten ayrılırken de yol kenarında bekleyen vatandaşlara otobüsten çay fırlattığı görüldü. https://t.co/JKo35FRznU pic.twitter.com/z8PC0nlhd0
— Sözcü (@gazetesozcu) July 31, 2021
(Le président Erdoğan a continué d'envoyer des paquets de thé depuis son convoi)
Cette action, qui a fait polémique sur les réseaux sociaux, a valu à son parti, l’AKP, d’être renommé en "Ak Par Tea"*.
En effet, des milliers d’utilisateurs considèrent que plutôt que de distribuer du thé, le gouvernement devrait envoyer des avions bombardiers d’eau.
L’épineuse question des avions bombardiers d’eau
Le président turc a été la cible de vives critiques lorsqu’il s’est avéré que la Turquie n’avait pas d'avions bombardiers d’eau pour lutter contre ces feux. Le principal parti d’opposition, le CHP (Parti républicain du peuple), a reproché au président turc d’avoir démantelé le THK (les forces aériennes turques luttant contre les incendies) qui détenait ce type d’avions.
En réponse, le président Erdoğan a indiqué que : "La principale raison à l’origine de ces problèmes [avec les avions en question] est que les forces aériennes turques luttant contre les incendies n’ont pas été capables de moderniser leur flotte et leur technologie".
Les feux de forêts continuent de ravager la Turquie
Dimanche, des témoignages venant de Bodrum et de Marmaris principalement, faisaient état d’une situation apocalyptique sur place. Si nombreux sont les citoyens qui se sont mobilisés pour apporter de l’aide aux pompiers et aux sauveteurs, au fil de la journée, une demande d’aide internationale ("global help") s’est propagée sur tous les réseaux.
L’Union européenne a répondu favorablement ; dimanche soir, on apprenait que l’Espagne (2 avions) et la Croatie (1 avion) allaient déployer de l’aide**.
Et pendant que le hashtag #HelpTurkey fleurissait sur les réseaux, #WeDontNeedHelp était également largement relayé par des partisans du parti au pouvoir, clamant que la Turquie est forte (#StrongTürkiye) et qu’elle s’en sort très bien seule dans cette épreuve.
Dans le même esprit, dimanche 1er août, le journal aHaber (proche du pouvoir) titrait : "Le succès de la Turquie est un exemple pour le monde", faisant l’éloge de la gestion des feux de forêts par les autorités turques.
Lundi soir, des feux dans les provinces d'Aydın, Isparta, Denizli, Antalya et Muğla (Bordrum - Marmaris) n’étaient toujours pas maîtrisés. Depuis mercredi 28 juillet, ce sont en tout 144 feux de forêts qui ont ravagé une partie des côtes méditerranéenne et égéenne turques, provoquant la mort de 8 personnes, l’évacuation de centaines de villages, et la dévastation de milliers d’hectares de faune et de flore.
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(*) Sur les réseaux sociaux, certains ont même suggéré de proposer le "lancer de thé" comme nouveau sport pour les Jeux Olympiques.
(**) Lundi 2 août, les autorités grecques ont déclaré que l'offre d'Athènes d'aider la Turquie à lutter contre les incendies était toujours d'actualité, malgré le rejet de la Turquie.