Édition internationale

LOUIS VUITTON PARIS PRÉSENTE – Déambulations dans la Turquie contemporaine

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 février 2018

Depuis le 10 octobre et jusqu’au 6 janvier, l’espace culturel Louis Vuitton de Paris accueille entre ses murs une exposition d’art turc. Onze artistes ont été invités à s’exprimer sur le thème du voyage. Un voyage au cœur de leur propre pays : la Turquie contemporaine

Peintures, vidéos, photos, installations… Les supports choisis par les artistes sont divers, tout comme leur vision de la Turquie. C’est bien le but de cette exposition. S’ils dénoncent chacun différentes facettes de la société turque, leur point commun est de le faire avec réserve et retenue.

Crédit photo : Halil Altindere et Pilot Galeri

La visite commence dans le hall de l’espace culturel avec les photographies d’Ali Tatpık, fruits de ses voyages dans les entrailles d’Istanbul. Par ses clichés, il capte des instantanés de la vie quotidienne et tente de montrer que le système peine à trouver des solutions pour améliorer ce quotidien.

A l’étage, la visite se poursuit avec les grands tableaux à la résine de Murat Akagündüz. Une résine peu chauffée ou au contraire presque calcinée, qui permet d’osciller entre les tons très lumineux et les teintes bien sombres. Dans ses tableaux, l’artiste part sur les traces de l’ancienne Arménie en évoquant des monuments abandonnés de l’Est et du Sud-Est du pays. Juste à côté, une installation vidéo du même artiste met en scène l’Euphrate et sa faune volatile menacée.

On se retrouve ensuite plongé dans les rues d’Istanbul avec Silva Bingaz, une artiste stambouliote habituée à parcourir le monde mais qui, pour cette exposition, s’est placée en témoin dans sa propre ville. Ses clichés, réalisés au cours de l’été 2012, se concentrent sur les femmes, que ce soit dans l’intimité d’une chambre à coucher, à la lueur d’un lampadaire dans les rues sombres de la ville, ou sur les rives du Bosphore.

Autre artiste, autre univers. Halil Altındere a réalisé pour cette exposition une image pleine d’ironie : un astronaute à cheval dans une vallée de Cappadoce. La photo rétro-éclairée et un peu kitsch s’intitule No man’s land, une façon de mettre en lumière le dépeuplement de cette région mythique de la Turquie.

Les dernières photos de l’exposition sont un ensemble de portraits intitulé Butterfly Collection. L’artiste Tayfun Serttaş expose ici près de 200 portraits de petites filles, piochés dans une collection de milliers de clichés réalisés entre 1935 et 1985 dans un studio d’Istanbul tenu par Maryam Şahinyan. Les fillettes, âgées de trois à dix ans, sont représentées dans la même posture, relevant leur robe comme il est d’usage pour une petite fille modèle. C’est cette position qui a donné le nom de “Butterfly” à la série de clichés. Par ce travail d’archives, l’artiste devient ethnologue en dressant le portrait d’une société multiculturelle où le rôle de la femme est très normé, et ce dès le plus jeune âge.

Dans l’installation suivante, l’artiste Hale Tenger invite le visiteur à pénétrer son œuvre comme on entre dans un cabaret, en traversant un mur de boas. On se retrouve dans une salle sombre parsemée d’étoiles scintillantes, où un globe terrestre est suspendu. Un autre globe terrestre apparait alors, mais celui-ci a été retourné, comme pour montrer les déséquilibres de notre monde et les bouleversements politiques qu’il subit. La vision que livre ici cette artiste dépasse les frontières turques.

İhsan Oturmak prend la suite de la visite avec une série de peintures sur l’école et plus particulièrement sur l’anonymat de cette institution, représenté par le port de l’uniforme. Par ces œuvres, il dénonce également le système de délation, qui commence dès le plus jeune âge, pour s’ancrer durablement dans la société.

L’œuvre suivante n’est pas un voyage en Turquie à proprement parler, mais plutôt un voyage aux frontières de la Turquie. L’artiste Gözde İlkin a effectué en 2009 un voyage dans les pays limitrophes du sien. Elle en a ramené de petits souvenirs sur lesquels elle brode des images issues de ses photos de voyage. Elle dresse ainsi la carte personnelle de son voyage, un voyage où les frontières sont omniprésentes, et où la question de l’identité revêt un caractère tout particulier.

Dans son tableau en résine vernie, Murat Morova représente une carte de la région de Bayburt où se mêlent tradition et modernité avec des éléments architecturaux disséminés dans tout le tableau. C’est finalement le réel et le fantasme que superpose l’artiste dans cette œuvre où la calligraphie ottomane a sa place.

Arrivent ensuite des dessins au feutre et à l’encre de Chine. Ceren Oykut, dont les dessins ont un air de caricature, veut montrer par le biais de ses œuvres le laxisme, la servitude et l’enlisement qu’elle perçoit dans la société turque. Dans l’une d’elle, Istanbul est représentée comme une ville endormie sur son équilibre et constamment sur le qui-vive.

L’exposition se termine par un conte vidéo de Canan, intitulé İbretnüma. L’atiste, qui est aussi la narratrice de ce conte, utilise la tradition picturale des miniatures pour mettre en scène ses personnages. Par ce travail, elle affirme qu’en Turquie, entre modernisation et conservatisme, le corps de la femme a toujours été façonné par les normes sociales.

Revivez la visite en images et en musique:

Margaux Agnès (http://www.lepetitjournal.com/istanbul.html) mercredi 21 novembre 2012

Un voyage dans la Turquie contemporaine au cœur de Paris, à découvrir jusqu’au 6 janvier à l’Espace culturel Louis Vuitton, 60 rue de Bassano, 75008 Paris. Ouvert du lundi au samedi de 12h à 19h et le dimanche de 11h à 19h. Entrée libre.

Pour plus d’informations sur les différents évènements organisés dans le cadre de cette exposition : http://www.louisvuitton-espaceculturel.com/index_FR.html

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 21 novembre 2012, mis à jour le 9 février 2018
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