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La Turquie bombarde des bastions kurdes dans le nord syrien et irakien

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Écrit par Valentine Brisvalter
Publié le 21 novembre 2022, mis à jour le 22 novembre 2022

Dans la nuit du 19 au 20 novembre, la Turquie a lancé l’opération aérienne "Griffe Epée" (Pençe-Kiliç), dans le nord de la Syrie et de l’Irak en représailles à l’attentat du 13 novembre dernier à Istanbul.

L’opération avait pour cible des zones contrôlées par les forces kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) -organisation considérée comme terroriste par la Turquie, l’Union européenne et les États-Unis notamment-, mais aussi par le YPG-PYD (milice des Unités de protection du peuple et sa branche politique, le Parti d’union démocratique), ainsi que par les FDS (Forces démocratiques syriennes, une coalition de combattants kurdes, provenant notamment de la milice des YPG).

Une opération "justifiée" par l’attentat du 13 novembre sur l’avenue Istiklal

Cette opération militaire aérienne survient quelques jours après que la Turquie a accusé les organisations kurdes PKK et YPG d’être responsables de l’attentat survenu le 13 novembre sur l’avenue Istiklal à Istanbul. En effet, selon le ministre turc de l'Intérieur, l’attaque qui a causé la mort de 6 personnes et fait 81 blessés, aurait été "fomentée par le groupe terroriste PKK/YPG depuis Kobané en Syrie". Si ces derniers ont nié toute implication, le ministère turc de la Défense a annoncé sur son compte twitter dès le dimanche 20 novembre :

 

 

"L’heure des comptes a sonné", partageant la photo d’un avion qui décolle pour une opération nocturne, sans donner toutefois d’information sur le lieu. Peu de temps après, le compte du ministère affirmait que des "abris", "des tunnels, "des quartiers généraux" avaient été détruits, ainsi que des "camps d’entraînement appartenant à des terroristes qui menaçaient la sécurité de notre pays, de notre nation et de nos frontières".

Le président Erdogan menace depuis mai dernier de lancer une offensive contre les FDS dans le nord de la Syrie afin d’y établir "une zone de sécurité", sans toutefois avoir obtenu le feu vert de la Russie ni de l’Iran, alliés de la Syrie.

L’opération "Griffe Epée" a entraîné un regain de tensions entre Ankara et Washington, accusée par la Turquie de complaisance envers les YPG qui avaient chassé les djihadistes du groupe Etat islamique dans la bataille de Kobané en 2015.  Suite à l’attentat sur l’avenue Istiklal, le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, avait d’ailleurs rejeté les condoléances des États-Unis, condoléances finalement acceptées par le président turc lors du G20 de la mi-novembre en Indonésie.

Les frappes turques de ce dimanche se sont concentrées sur des zones occupées par les FDS, dans la province du Rovaja, le Kurdistan syrien, dont fait partie la ville de Kobané.

Pour la Turquie, ces attaques sont justifiées par l’article 51 de la Charte des Nations Unies, qui prévoit la légitime défense en cas d’agression armée.

Au total, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (ONG basée à Londres), 25 attaques aériennes auraient causé la mort de 18 combattants kurdes, de 12 soldats du régime syrien, et d’un civil ; aucune victime n’aurait été rapportée au Kurdistan irakien.

Une opération critiquée

Selahattin Demirtaş, l’ancien co-président du parti pro-kurde HDP, actuellement incarcéré, a fait une déclaration sur le réseau social Twitter.

 

Tweet : "Ils vont faire exploser une bombe à İstiklal et massacrer des personnes innocentes avec une sale opération. Ils vont étiqueter comme des sympathisants du terrorisme ceux qui interrogent les vérités qui se trouvent derrière cet attentat terroriste monstrueux afin de les faire taire. Et ils vont faire pleuvoir des bombes sur les Kurdes en exploitant la colère et la douleur suscitées par nos frères massacrés à İstiklal. […] Nous ne céderons pas face aux politiques de la sale guerre !"

 

Par ailleurs, des manifestations de soutien à la communauté kurde ont été organisées à l’étranger, notamment en France, où le "Mouvement des femmes kurdes en France" a défilé dimanche à Drancy, ainsi qu’à Toulouse, où le collectif d’extrême-gauche "Secours rouge" s’est rassemblé pour "dénoncer les bombardements de l’Etat fasciste turc contre le Rojava, en particulier à Kobane". Des manifestations pro-PKK se sont déroulées en Suède également, dans un contexte où Ankara refuse de donner son accord à l’entrée de ce pays dans l’OTAN, réclamant d’abord l’extradition de membres du PKK que Stockholm abriterait.

Une contre-offensive du PKK/YPG frappe des civils en Turquie

 

 

Dimanche soir, Farhad Shami, le responsable de la communication des FDS, a annoncé sur Twitter "La revanche arrive #FDS". Cette riposte n’a pas tardé à se concrétiser ; en effet, une attaque conjointe du YPG et du PKK aurait causé la mort de trois civils dans la région de Kilis le lundi 21 novembre, dont un enfant et un enseignant.

 

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