Montée en flèche des prix, baisse de la population urbaine et estudiantine… à Istanbul, la vie devient dure. Pris dans une spirale de dévaluation de la livre turque et d’inflation galopante, la ville et ses habitants traversent des moments difficiles.
La Chambre de commerce d'Istanbul (İstanbul Ticaret Odası - ITO) vient de publier l’indice des prix à la consommation ainsi que l'indice des prix de gros, qui mesure l'évolution des prix payés par les détaillants.
Des chiffres préoccupants pour Istanbul
L’indice des prix à la consommation a augmenté de 3,79% sur un mois, soit une hausse annuelle de 73,89%.
L’indice des prix de gros a quant à lui augmenté de 2,94%, soit une hausse annuelle de 65,01% toujours selon la Chambre de commerce d’Istanbul. La plus forte hausse mensuelle des prix de gros a été enregistrée pour les matériaux de construction (14,39%).
Ces augmentations concernent les biens de consommation courante, mais aussi le secteur de la culture, de l’éducation et du divertissement. Le logement n’est pas épargné et subit également des augmentations d’ampleur, avec pour conséquence de nombreux départs : au total, près de 2,2 millions de personnes ont quitté Istanbul ces 5 dernières années.
Les étudiants abandonnent les universités stambouliotes
Selon le Conseil de l'enseignement supérieur (Yükseköğretim Kurulu - YÖK), les universités stambouliotes ont enregistré près de 800 000 candidats en moins cette année par rapport à 2022, à cause du coût de la vie (qui s’élève désormais à environ 15 000 TL mensuel pour un étudiant qui ne bénéficie pas d’une place dans une résidence étudiante publique KYK - Kredi ve Yurtlar Kurumu).
Des données nationales qui inquiètent malgré des mesures drastiques prises par le gouvernement
L'Institut turc des statistiques (Türkiye İstatistik Kurumu - TÜİK), géré par le gouvernement, a fait état d'un taux d'inflation annuel national de 61,98% en novembre, tandis que le groupe indépendant de recherche sur l’inflation (ENAG) a estimé ce chiffre à 129,27%.
À titre d'exemple, le prix du beurre a enregistré la plus forte augmentation (13,63%). Sur cette liste figurent également les cigarettes avec 10,02%, le fromage avec 9,94% et les légumes secs avec 9,77% d’augmentation.
Les espoirs d’une politique monétaire orthodoxe
Pendant longtemps le président Erdoğan et son gouvernement se sont opposés à la mise en œuvre de taux d'intérêts élevés de façon à ne pas compromettre la croissance économique. Un tournant a été pris avec l’arrivée de la nouvelle gouverneure de la banque centrale turque Hafize Gaye Erkan, ex-cadre de Wall Street. C’est dans ce contexte, qu’après l’avoir relevé à 25% en septembre dernier, la banque centrale turque a une nouvelle fois augmenté son taux directeur pour le porter à 40%, en espérant sortir la Turquie de la grave crise économique qu’elle traverse depuis plusieurs années maintenant.
Cependant, la persistance dans l’immédiat de l'inflation à de tels niveaux a pour conséquence de profondes tensions économiques et sociales.
L’agence de notation Standard & Poor, qui a estimé que "l’inflation semble avoir atteint un pic" a révisé la perspective du crédit souverain de la Turquie de stable à positive en novembre. Toutefois, cette dernière a également averti que "la réinitialisation de la politique prendra au moins deux ans pour maîtriser l’inflation".
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