

Moins d’une semaine après l’attentat contre Charlie Hebdo, dans lequel 12 personnes sont mortes dont les célèbres dessinateurs Cabu, Charb, Tignous et Wolinski, la revue satirique Leman, qui se targue d’être la petite sœur turque de l’hebdomadaire, a décidé de rendre, à sa manière, un dernier hommage aux caricaturistes français.
Pour illustrer la couverture d’un numéro spécial paru ce lundi 12 janvier, la rédaction du magazine turc a choisi une photographie de Georges Wolinski. Prise en 2002, alors que l’équipe de Charlie Hebdo se trouvait en Turquie, celle-ci montre le très prolifique caricaturiste arborant une taqiya - ou calotte - en train dessiner devant la mosquée d’Eyüp Sultan, à Istanbul. À droite du cliché, une légende témoigne de l’affection de l’ensemble de la rédaction à celui qui fut leur "maître et grand frère, le philosophe et dessinateur Wolinski, amoureux de la liberté et de la paix, étiqueté comme ennemi de l'islam et du prophète". Pour l’anecdote, ce serait Georges Wolinski lui-même qui aurait offert l’image à ses confrères turcs comme "souvenir de l’un de ses nombreux voyages à Istanbul".

De leur propre aveu, Georges Wolinski a fortement influencé ces caricaturistes turcs. Lors d’une interview réalisée en 2005, il affirmait de son côté "apprécier les caricaturistes en Turquie", à l’instar de ceux exerçant dans des revues satiriques comme Leman ou Penguen.

La revue satirique Leman, "la petite sœur turque” de Charlie
Interviewé il y a quelques jours par lepetitjournal.com d’Istanbul, Zafer Aknar - le rédacteur en chef de Leman - s’était longuement confié sur les relations chaleureuses entre son équipe et les grandes figures de Charlie Hebdo. "Les gens comme Wolinski, ils étaient si tolérants" avait-il déclaré en réponse à ceux qui lui reprochaient d’être islamophobe. "Ils [les auteurs de l’attentat] ont tué nos amis […]. Ils sont morts, et un bout de nous est mort aussi" a-t-il ensuite expliqué, très ému.
Une partie de l’équipe de Charlie Hebdo avait en effet rendu visite à ses collègues turcs en janvier 2002. De cette rencontre fructueuse étaient nés deux numéros spéciaux et une amitié pérenne entre les confrères turcs et français. Charlie Hebdo écrivait même à l’époque, au sujet de Leman : "De tous les journaux avec lesquels nous avons été en relation, il est le plus proche de nous par ses motivations et par ses buts".
Zafer Aknar, quant à lui, admirait cette verve incendiaire, propre aux dessinateurs de Charlie Hebdo, née "de leur plume libre et de leur regard si décalé sur les événements". "Charlie était une école" a-t-il regretté.
Isma Maaz (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 13 janvier 2015











































