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Fin du Festival de Cannes, le cinéma turc à l'honneur avec deux films sélectionnés

Festival de Cannes le cinéma turcFestival de Cannes le cinéma turc
Présentation de "Bağlılık Hasan" par Semih Kaplanoğlu avec Filiz Bozok et Umut Karadag
Écrit par Jean Michel Foucault
Publié le 19 juillet 2021, mis à jour le 20 juillet 2021

Le rideau est tombé sur le 74e Festival de Cannes. Avec deux films sélectionnés, la Turquie peut être fière de sa participation. À Cannes, comme chaque année, c'était au village international, au pied du palais des festivals, entre les pavillons grec et allemand, que se dressait, face à la mer, celui de la direction du cinéma du ministère de la culture turque.

Cela fait maintenant une quinzaine d'années que la Turquie participe à ce festival incontournable. S'y retrouve la communauté turque du cinéma, réalisateurs, producteurs, scénaristes, actrices et acteurs, distributeurs, organisateurs de festivals, mais également hauts fonctionnaires du ministère de la culture, et diplomates en poste en France. Le conseiller culturel de l'ambassade, Monsieur Ozgur Semiz, lui-même cinéphile et très proche de la profession est à la fois un modérateur appliqué et un maître des lieux… On y vient pour se tenir au courant du marché mondial du film, pour y faire des rencontres, rechercher des coproducteurs, comme le fait Ali Inan, un Turc vivant en France, distributeur de films et producteur de spectacles, passé à la réalisation. Fin connaisseur des méandres du festival et fort de son carnet d'adresses, il peut à la fois prendre contact avec ses potentiels coproducteurs, et présenter son projet et sa demande de financement directement auprès de Monsieur Erkin Yilmaz, directeur du cinéma au ministère de la culture, et présent sur place. Son projet, déjà bien avancé, est un long métrage avec Samy Naceri et son fils dont 90 % du film se passe à Istanbul. 

Le film Idea, de Tayfun Pirselimoğlu

Deux grands réalisateurs, auteurs et scénaristes sont cette année dans la sélection du festival, dont le projet de Tayfun Pirselimoğlu, Idea, sélectionné par l’Atelier de la Cinéfondation du Festival de Cannes, une structure créée en 2005 afin d’encourager le cinéma de création et favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes en les aidant à compléter le financement de leurs films. Tayfun Pirselimoğlu a déjà une longue et brillante carrière derrière lui. Peintre, romancier, scénariste, il devient au fil du temps réalisateur et son propre producteur. Il a déjà réalisé huit films dont Hiçbiryerde, Saç, Yol Kenar, Riza, et c'est l'un des maitres du cinéma d'auteur turc. Nominé dix-huit fois, et primé treize fois dans de nombreux festivals en Turquie et à l'étranger dont les festivals de Nantes, Montpellier, Vesoul, pour la France. Il est un habitué de Cannes, mais c'est la première fois qu'il y est reçu avec une sélection. Idea bénéficie déjà de l'accord de plusieurs coproducteurs, en Turquie, en Grèce, en Allemagne et en France, ainsi que d'une subvention du ministère de la culture turque, sans laquelle ce projet n'aurait pu aboutir. Le film sera réalisé en 2022.

Le film Bağlilik Hasan, de Semih Kaplanoğlu

Autre grand maître du cinéma d'auteur turc, Semih Kaplanoğlu, est quant à lui sélectionné avec son dernier film, Bağlilik Hasan (Les Promesses d’Hasan en Français), dans la sélection un certain regard, une sélection destinée à mettre en avant les films originaux et les talents de demain. Depuis son premier long métrage en 2001, Herkes Kendi Evinde, Semih Kaplanoğlu n'a de cesse d'attirer l'attention des cinéphiles, en Turquie comme à l'étranger. Trente-deux nominations et trente-cinq prix pour ce réalisateur de huit films, auteur de la trilogie de Yusuf, avec Yumurta en 2007 présenté à Cannes dans le cadre de la quinzaine des réalisateurs, Süt en 2008 et Bal en 2010 pour lequel il obtient l'Ours d'Or à la Berlinale (festival de Berlin).

Avec Bağlilik Hasan, Semih Kaplanoğlu nous emmène en Turquie profonde, dans une nature bucolique aux couleurs chaudes, jaune, verte, rouge et battues par les vents, avec des images sur lesquelles flottent de longs silences remplis d'émotion. Hasan et son épouse interprétés par Umut Karadag et Feliz Bozok sont des paysans aisés et d'apparence moderne, à la réussite pas toujours honnête, et confrontés aux difficultés du monde agricole, aux pesticides dévastateurs, au changement climatique, aux risques de réquisition de leurs terres par les sociétés d'électrification.

Entre corruption et compromission, non-dits et silences pervers, gros et petits mensonges, le réalisateur nous donne à voir l'une des réalités des peuples d'Anatolie, confrontés à la déliquescence d'un monde et pour qui la réponse à des difficultés universelles n'est jamais collective et toujours individuelle. Le pèlerinage programmé du couple à la Mecque, permettra à Hasan d'apporter sa propre absolution à ses péchés. Une histoire de Tartuffe, "à la turque" en quelque sorte.

 

Affiche du film de Semih Kaplanoğlu
Affiche du film de Semih Kaplanoğlu

 

Filiz Bozok actrice principale de Bağlılık Hasan
Filiz Bozok  actrice principale de Bağlılık Hasan

 

Présentation de Bağlılık Hasan par Semih Kaplanoğlu avec Filiz Bozok et Umut Karadag

 

Présentation de Bağlılık Hasan par Semih Kaplanoğlu avec Filiz Bozok et Umut Karadag

Présentation de Bağlılık Hasan par Semih Kaplanoğlu avec Filiz Bozok et Umut Karadag 

 

Soutien de la Turquie à son 7ème art

Mais la Turquie n'est pas présente à Cannes uniquement pour promouvoir son cinéma, elle est aussi là pour faire la promotion du pays auprès des professionnels du cinéma, producteurs et réalisateurs du monde entier,  de ses fabuleux décors naturels, de ses studios aux technologies de pointe et cette année correspond à la mise en place d'une nouvelle loi et à une décision sans précédent de l'état turc, celle de financer et de soutenir la production de films étrangers, avec des aides pouvant aller jusqu'à 6 millions de livres turques pour les longs métrages, et le remboursement jusqu'à 30 % du montant dépensé en Turquie. Cette initiative s'ajoute aux efforts de l'état pour soutenir son cinéma à travers des financements sans lesquels le cinéma turc, et tout particulièrement le cinéma d'auteur, ne pourrait plus exister.

Texte et photos : Jean Michel Foucault

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