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ENQUÊTE - Ferrero et Nestlé dans le viseur du New York Times

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Écrit par Edouard Roux
Publié le 5 mai 2019, mis à jour le 11 janvier 2021

La semaine dernière, le journal américain a publié un article levant le voile sur les pratiques douteuses des géants de la noisette. En cause? Les conditions de travail inacceptables des employés, pour beaucoup des réfugiés syriens.
 

David Segal - journaliste d’investigation au New York Times – vient de jeter un pavé dans la mare en réalisant une enquête fouillée sur les agissements de grands groupes industriels spécialisés dans l’extraction de noisettes dans la ville d’Akcakale, située au sud-est du pays.

Cette enquête, accompagnée de témoignages, met en lumière les conditions déplorables des travailleurs syriens (salaires, heures de travail, embauche etc.) et critique le laxisme du gouvernement turc lorsqu’il est confronté à ces problèmes.

Petit rappel des chiffres. Environ 70% des noisettes dans le monde proviennent de Turquie. Extraites dans plus de 600 000 petites fermes agricoles réparties dans tout le pays, les noisettes sont devenues pour le gouvernement turc une rente durable et prospère.

Afin d’accroître ses bénéfices, le pays a eu besoin de plus de main d’œuvre et s’est tourné vers les réfugiés syriens arrivés en masse – 3,4 millions - depuis 2011.

Esclavage moderne

Payés 10 euros la journée, sans contrat de travail, travaillant 12 heures tous les jours et soumis à des contremaitres leur imposant des ‘taxes salariales’ selon leurs humeurs, le journaliste dresse un portrait peu reluisant des conditions de travail des réfugiés. N’ayant pas de papiers pour la grande majorité, ils se trouvent dans l’incapacité de changer leur situation sous peine d’expulsion.  

En 2018, sur les 3,4 millions de réfugiés syriens présents en Turquie depuis 2011, 200 000 travaillaient sur les plantations d’extraction de noisettes. Selon l’enquête, ce chiffre continuerait d’augmenter.

Autre point des plus inquiétants : le travail forcé chez les moins de 16 ans. Les familles les plus pauvres se voient dans l’obligation de faire travailler leurs enfants afin de subvenir à leurs besoins. Des familles nombreuses ont également été contraintes de se séparer, chacun essayant plusieurs fermes pour ramener le plus d’argent possible au foyer.

Le début d'une prise de conscience ?

L’enquête fait part d’une potentielle prise de conscience chez certains collaborateurs de ces grands groupes. GIZ, l’agence de développement allemande et partenaire de Ferrero, a fait part de son mécontentement par email au géant de la noisette. D’après le porte-parole de l’agence, Ferrero a interdit de communiquer sa réponse.

Malgré cette gestion catastrophique et les remontrances de quelques partenaires commerciaux, selon les derniers chiffres, il semble que le marché de la noisette se porte bien.

Pour l’année 2016/2017, le groupe Ferrero (Kinder, Nutella, Tic-Tac etc.) enregistrait un chiffre d’affaire de 10,7 milliards d’euros, une augmentation de 1,5% sur l’année précédente. Le groupe Nestlé a quant à lui vu son chiffre d’affaire augmenter de 2,1% pour atteindre la barre des 80 milliards d’euros en 2018.

Ferrero et Nestlé – ainsi que le gouvernement turc – n’ont pas encore réagi à cette enquête.

 

Publié le 5 mai 2019, mis à jour le 11 janvier 2021

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