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Coran brûlé à Stockholm : regain de tensions entre la Suède et la Turquie 

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Le leader d’extrême droite suédo-danois Rasmus Paludan brûle un Coran devant l’ambassade de Turquie à Stockholm le 21 janvier 2023 / Copie d'écran (Twitter)
Écrit par Albane Akyüz
Publié le 22 janvier 2023, mis à jour le 10 janvier 2024

Une manifestation anti-turque à Stockholm samedi 21 janvier a de nouveau attisé les tensions entre la Suède et la Turquie, à un moment où le pays scandinave a besoin du soutien d'Ankara pour entrer dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Malgré un accord trouvé en juillet dernier pour l’adhésion de la Suède à l’OTAN, cela fait des semaines que le processus est bloqué par Ankara qui continue d’accuser Stockholm de complaisance à l’égard des militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). 

Le 21 janvier, trois manifestations autorisées ont eu lieu dans la capitale suédoise : une en soutien aux Kurdes, une autre organisée par un groupe de manifestants pro-turcs, et une troisième, très controversée, contre la Turquie au cours de laquelle un Coran a été brûlé.

L’ambassadeur suédois convoqué par Ankara

Le 20 janvier, la Turquie a convoqué l'ambassadeur de Suède à Ankara, au sujet de l'autorisation accordée par son pays à une manifestation devant l’ambassade de Turquie à Stockholm le 21 janvier, manifestation où il était prévu qu’un Coran soit incendié.

Les responsables turcs ont fustigé ce feu vert "inacceptable" de la Suède qu’elle justifie par la défense des droits fondamentaux. 

Ankara a indiqué à l'ambassadeur qu'elle s'attendait à ce que Stockholm interdise la manifestation. Mais cette dernière a bien eu lieu le 21 janvier, manifestation suite à laquelle le ministère des Affaires étrangères turc a exhorté la Suède à prendre les mesures nécessaires contre les auteurs, et a invité tous les pays à prendre des mesures concrètes contre l'islamophobie. "Nous condamnons dans les termes les plus forts cette action provocatrice qui est clairement un crime de haine", peut-on lire dans le communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères turc.

 

 

Le Coran a été brûlé par Rasmus Paludan, chef du parti politique danois d'extrême droite Stram Kurs. Dans le passé  il avait déjà organisé un certain nombre de manifestations au cours desquelles il avait déjà incendié des exemplaires du Coran.

 

 

Plusieurs pays arabes dont l'Arabie saoudite, la Jordanie et le Koweït ont dénoncé cet acte.

Ce sont donc deux appréciations bien différentes de la "liberté d’expression" qui opposent la Suède et la Turquie. Si la police suédoise a estimé que rien ne justifiait l’interdiction de cette manifestation, la Turquie y voit, elle, une action qui porte atteinte à l’ordre public. 

"Malgré tous nos avertissements, une telle autorisation a malheureusement été accordée. Personne ne peut appeler cela liberté d'expression et liberté de pensée", a déclaré Mevlüt Çavuşoğlu, en déplacement à Antalya pendant le week-end.

 

 

Côté suédois, le ministre des Affaires étrangères, Tobias Billstrom, a reconnu que les provocations islamophobes étaient "épouvantables". "La Suède a une grande liberté d'expression, mais cela n'implique pas que le gouvernement suédois, ou moi-même, soutienne les opinions exprimées", a-t-il déclaré sur Twitter.

 

 

En représailles, un rassemblement, lors duquel un drapeau suédois a été brûlé, a eu lieu le samedi 21 au soir devant l’ambassade de Suède à Ankara.

Le lundi 23 janvier, à l'issue de son conseil des ministres, le président turc a également réagi à la manifestation anti-turque du 21 janvier : "Si vous ne respectez pas les croyances religieuses de la Turquie ou des musulmans, vous ne recevrez aucun soutien de notre part concernant l'OTAN."

Visite du ministre suédois de la Défense annulée 

"À ce stade, la visite du ministre suédois de la Défense, Pal Jonson, prévue en Turquie le 27 janvier, n'a plus de sens. Nous l’avons donc annulée", a indiqué le ministre de la Défense Hulusi Akar, le 21 janvier, juste avant la manifestation prévue à Stockholm. 

 

 

"Il est inacceptable de ne pas bouger ou de ne pas réagir à ces manifestations. […] Des mesures auraient dû être prises", a déclaré le ministre Akar dans une allocution

La visite du ministre suédois de la Défense avait pour objectif de tenter de lever les objections d’Ankara à l’entrée de la Suède dans l’OTAN.

De son côté, le ministre suédois de la défense, Pal Jonson, a déclaré que lui et le ministre turc de la Défense s'étaient rencontrés vendredi en Allemagne, et avaient décidé d’un commun accord de reporter la rencontre prévue.

 

 

Un contexte tendu ces dernières semaines 

Le 11 janvier dernier, des partisans du PKK s’étaient rassemblés devant l'hôtel de ville de la capitale suédoise, y pendant à un lampadaire par les pieds, un mannequin à l’effigie du président turc Recep Tayyip Erdogan. Cela avait provoqué la colère d’Ankara. Le 12 janvier, le ministère turc des Affaires étrangères avait alors convoqué l'ambassadeur de Suède à Ankara pour protester contre ce rassemblement. 

Depuis le déclenchement de la guerre par la Russie en Ukraine fin février 2022, la Suède et la Finlande ont abandonné leur politique de non-alignement militaire, et ont demandé leur adhésion à l’OTAN. Elles ont signé un accord tripartite avec la Turquie en juillet 2022, visant à surmonter les objections d'Ankara à leur adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Si la Suède considère avoir rempli ses engagements, la Turquie lui demande plus, notamment l'extradition de 130 personnes qu'elle considère comme terroristes.

 

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Albane Akyüz
Publié le 22 janvier 2023, mis à jour le 10 janvier 2024

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