Édition internationale

THE PILL – Une Franco-Turque quitte Paris pour tenter le pari d’Istanbul

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 juin 2016

Enfant d'un père albanais, né en Turquie, et d'une mère albanaise qui a grandi en Macédoine, la Parisienne Suela Cennet, 31 ans, est tombée amoureuse de son pays paternel. Férue d'art, elle a décidé d'ouvrir sa propre galerie, The Pill, à Istanbul, dans le quartier de Balat.

Suela Cennet (photo personnelle) se destinait à une carrière de diplomate. Grande amatrice d'art pendant ses études, elle commence à fréquenter les Beaux-Arts de Paris. Elle assiste aux cours d'histoire de l'art et passe du temps dans les ateliers de ses amis artistes, tout en suivant des cours de master en relations internationales. Elle se lance dans le domaine du mécénat à la même période. "Je m'occupais de mettre en place des stratégies nouvelles, pour des musées et des institutions, quand j'ai été nommée co-commissaire d'exposition, à l'occasion de la désignation d'Istanbul comme capitale européenne de la culture, le temps d'une année". C'est à ce moment-là que sa carrière dans l'art débute réellement.

Suela commence à réfléchir à un projet culturel pour Istanbul, mais décide également d'entrer à Sciences Po Paris pour un troisième master en affaires publiques (filière culturelle), en vue de préparer les concours de la fonction publique (l'ENA notamment). Mais elle est recrutée par le marchand d'art Daniel Templon, qui fête ses 50 ans de galerie cette année, et devient l'un de ses directeurs en charge du développement international. Elle collabore alors avec de nombreuses galeries et artistes, parmi lesquels Jim Dine, Jan Fabre, Chiharu Shiota, Joel Shapiro, Wim Delvoye, Juliao Sarmento,  Ivan Navarro, Jonathan Meese...

"La mixité sociale de Balat ne peut être qu'un atout pour ce type de projet?

Deux raisons ont poussé Suela à ouvrir sa propre galerie d'art à Istanbul. Il lui paraissait plus intéressant, et pertinent, de s'établir dans des territoires ?nouveaux? et en mutation, où l'art joue un rôle à la fois marginal, mais façonne aussi en profondeur la société contemporaine. "On cite souvent la scène artistique iranienne mais la scène turque n'est pas moins riche, elle est simplement davantage méconnue". Elle choisit Istanbul également pour des raisons de visibilité : il y a plus de 400 galeries à Paris, et les grandes métropoles sont saturées en proposition. Istanbul jouit d'une forte demande, et avec une programmation audacieuse, il est facile de faire la différence et d'apporter un nouveau souffle.

Selon la jeune galeriste, il est également nécessaire de redynamiser le basin méditerranéen, et Istanbul va avoir un rôle capital à jouer. Déterminée à construire, sur le long terme, une plateforme qui permettrait de faire connaître la production artistique contemporaine turque au reste du monde, et de consolider les liens en présentant des artistes étrangers en Turquie, Suela a établi sa galerie dans le quartier de Balat. Pourquoi Balat ? "J'ai choisi d'investir le quartier populaire de Fener-Balat, sur la presqu'île historique, au bord de l'eau, alors que personne n'osait s'y installer. Je crois au contraire que la mixité sociale qui y règne ne peut être qu'un atout pour l'élaboration de ce type de projets culturels".

Balat est un des rares quartiers d'Istanbul qui a résiste encore à la gentrification et qui garde les marques de nombreuses couches d'histoire - dans une même rue, on peut passer du patriarcat grec-orthodoxe, à l'une des plus anciennes synagogues de la ville, à des petites mosquées de quartier? La galerie plaît énormément, beaucoup d'artistes manifestent leur intérêt pour sa programmation et souhaiteraient en faire partie. Si leurs projets correspondent à celui de Suela, elle accepte de les exposer. Mais la plupart du temps, c'est elle qui choisit les artistes. Son métier n'a pas changé mais maintenant c'est elle, et The Pill, qui incarnent chaque projet. "L'aspect le plus nouveau est sans doute celui qui me plaît le plus, c'est cette liberté qui est désormais la mienne".

Un avenir prometteur

Si les projets passés (Daniel Firman, Eva Nielsen) ont été un succès, ceux qui s'annoncent paraissent tout aussi palpitants. The Pill accueillera le travail de la sculptrice Marion Verboom, qui prépare une exposition en partenariat avec le musée archéologique d'Istanbul, et sera le résultat d'une recherche sur la représentation de la capillarité et de la matière dans la sculpture contemporaine, agrémentée d'un travail autour de la colonne et de l'élévation. En septembre, la saison sera inaugurée avec une exposition de l'artiste conceptuelle Deniz Gül, qui travaille sur la question de l'intime et la figure de l'homme dominant dans la société turque. En attendant septembre, l'été sera aux couleurs de l'Iran, avec une exposition consacrée à un duo de vidéastes, Hadi Kamali Moghadam et Mina Bozorgmehr, qui font de la performance en milieu urbain et s'apprêtent à présenter leur premier long métrage. L'exposition sera une proposition autour de leur pratique.

Camille Amadei (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 14 juin 2016

Pour en savoir plus : The Pill, site web
Adresse : No:, Ayvansaray Mh., Mürselpa?a Cd. No:181, 34087 Fatih/?stanbul
 
Ouvert tous les jours de 10h à 19h sauf le dimanche
 

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Publié le 13 juin 2016, mis à jour le 14 juin 2016
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