

Quelle meilleure entrée en matière pour la Mésopotamie, région toujours convoitée, que le Nemrut Dag, témoin d'un royaume imprenable ? Mais la première vision du croissant fertile, c'est des murailles de Diyarbakir qu'on l'embrasse? Et c'est des flancs escarpés de Mardin, plantés de clochers et de minarets, que le spectacle de la plaine est le plus grandiose. Mardin, c'est aussi la ville du creuset des religions et des langues, comme Sanliurfa, version plus orientale, où les pèlerins musulmans viennent vénérer Abraham et Job, les prophètes de l'Ancien Testament
La fin de la journée (mais avant le coucher de soleil, trop couru par les groupes de touristes.. ) est idéale pour préserver la magie du spectacle de ces visages majestueux, figés dans l'éternité, leurs yeux perdus vers l'infini? Après la rencontre avec les dieux Appolon, Zeus et Tyché, à plus de 2 000 m d'altitude, on a l'impression de revenir sur terre. La traversée de l'Euphrate dont les eaux sont si disputées, en ferry de fortune, avec les chèvres afghanes pour compagnons de voyage, vous fait passer la frontière de la Mésopotamie en douceur. Après une route très pittoresque de steppes parcourues par des nomades menant leurs troupeaux, avec leurs tentes pour seuls bagages, on arrive à Diyarbakir, véritable entrée dans la Turquie syriaque, avec ses hommes en sarouels enturbannés de foulards mauves.
Mardin, la terre vue du ciel
Mardin, c'est une couronne de mosquées et d'églises en pierre blonde ciselée, accrochées à flanc de montagne et surplombant une plaine infinie qui s'étend comme la mer sur 270 km? Attablés à prendre thé sur thé au café Attila, vous ne vous lasserez pas d'admirer le panorama : une mosaïque de parcelles de champ jaunes, verts, ocres et bruns dont la couleur varie au gré du temps et de l'heure de la journée, zébrée par les cerfs-volants qui dessinent le ciel. A Mardin, vous aurez aussi peut-être la chance d'assister à une messe célébrée en araméen, turc et arabe? Car ici, il n'est pas rare que les gens parlent au moins 3 langues, le turc que les anciens ont appris à l'école, le kurde et l'arabe.
Si vous voulez ressentir l'émotion des premiers chrétiens, il faut absolument aller jusqu'au couvent à Mor Gabriel, construit au IV° siècle et qui a traversé plusieurs invasions, a été ensuite abandonné entre 1920 et 1975 pour aujourd'hui de nouveau nous accueillir, dans un verger très vert au milieu d'une région montagneuse, à quelques dizaines de kilomètres de l'Irak. 70 personnes y vivent encore, étudiants, moines, s?urs, familles, faisant ainsi vivre le berceau du christianisme.
Sanliurfa, la bienheureuse
Sanliurfa est aussi une ville où la religion est très présente - Dieu y aurait sauvé Abraham du roi Nemrod en transformant les bûches en poissons et le feu en eau - mais le sanctuaire de Balikligöl n'est surtout pas loin d'évoquer le jardin d'Eden, on y a même vu une colombe ! Le jardin planté de rosiers et de palmiers, traversé de canaux et bordé de mosquées aux arches élégantes est tout simplement enchanteur?En fin de semaine, il faut y goûter le plaisir de flâner en toute quiétude, avec les familles qui s'attardent autour des fontaines.
Autre quartier, autre ambiance, tout près de cet endroit paisible, vous vous laisserez prendre par l'ambiance très orientale du bazar, capharnaüm de bruits et d'odeurs, où les artisans travaillent plus qu'ils ne vendent ! C'est au Gümrük Hani que l'ambiance est à son comble : les hommes de tout âge y jouent aux dominos, aux cartes ou au Okey ; les enfants vous y accostent pour cirer vos chaussures ; et on peut y goûter, cul sec comme le veut la coutume, au Mira, un café à la cardamone délicieusement parfumé.
Dernière étape incontournable : le musée des mosaïques de Gaziantep
Enfin, vous ne terminerez pas ce voyage sans la visite du musée de Gaziantep, exceptionnel par le nombre et la beauté des mosaïques exposées. Pour notre bonheur, elles ont été sauvées de la ville de Zeugma, au bord de l'Euphrate, engloutie par un des innombrables barrages de la région. A Gaziantep, ville de la gastronomie turque, la visite comporte aussi une halte obligatoire chez Cagdas, situé tout près de notre halte de charme. C'est donc chargés de pistaches et de baklavas, les meilleures de Turquie, que vous reviendrez de ce voyage. Sans compter les souvenirs de cuivres et de bois marquetés de nacre, qu'on peut fouiner dans la bazar de la ville, l'un des plus intéressants de la région.
Marie-Eve Richet (www.lepetitjournal.com Istanbul) mardi 25 mai 2010
Carnet d'adresses :
Mardin : mezzés régionaux exceptionnels chez Cergis Murat Konagi ( Birinci Cad N°517 )
Sanliurfa : Zeus Hotel (hôtel moderne, mais très bon confort et bien situé, piscine ) : info@zeushotel.com.tr
Gaziantep : timschindel@anadoluevleri.com
Merci au magazine d'Istanbul Accueil, l'Echo du Bosphore, pour cette bonne adresse ! : Anadolu Evleri (hôtel de charme et patron très accueillant, Timur Schindel)









































