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CULTURE - Rencontre avec Pelin Ertugrul, designer de tapis en soie

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Les tapis sont fabriqués depuis des siècles en Turquie, ils constituaient la pièce centrale des tentes des nomades. Fabriqués par des jeunes filles, ils exprimaient leur sensibilité. Aujourd'hui, ils font la joie des chasseurs de souvenirs. Mais c'est à Istanbul que se trouve la designer de tapis la plus renommée du monde, Pelin Ertugrul, que nous avons eu le plaisir de rencontrer

Interview avec Pelin ( photo Sophie Greiveldinger ) 
LePetitJournal.com : Depuis quand concevez-vous des tapis, comment avez-vous commencé ?
Pelin Ertugrul : Dans mon enfance à Usak, je n'étais pas particulièrement portée vers le dessin, je me rappelle même que c'est mon père qui réalisait mes devoirs de dessin ! Il m'a d'ailleurs toujours soutenu dans mes choix...Notamment, quand plus tard, j'ai eu l'opportunité de travailler dans une fabrique de tapis en tant que dessinatrice. C'était une grande chance car aujourd'hui, cela fait 22 ans que je pratique ce métier et c'est toujours avec autant de plaisir et de motivation.

Après avoir travaillé 5 ans à Usak dans cette entreprise, j'ai rejoint Istanbul. J'ai passé mes 12 premières années à travailler sur des copies d'anciens dans une société qui faisait exclusivement des reproductions à destination du marché américain. De ce fait, j'ai appris énormément sur tous les dessins et motifs traditionnels. Mes premières collections PASA et surtout MOHER, m'ont fait connaître. A ce moment là, j'ai rejoint la société Cinar avec qui je travaille encore aujourd'hui. Cette société étant spécialisée dans la soie, j'ai eu l'opportunité de commencer à travailler avec ce matériau. Mon patron m'a aussi donné la chance de créer en toute liberté et d'exprimer mon propre style. C'était il y a 8 ans, j'ai fait ma première collection de tapis en soir SULTANI, qui a rencontré un vif succès.

LePetitJournal.com : quelles sont vos sources d'inspiration ?
Pelin Ertugrul : Je vis dans une ville riche en histoire et c'est de tout ce qui m'entoure que je m'inspire. Les décorations peintes des murs, les céramiques des mosquées et des palais, les plafonds et les portes sculptés en bois, la calligraphie m'imprègnent et je me pose toujours la question : « Quel tapis aurait sa place ici ? « . C'est de là que démarre mon inspiration.

Pour moi, le point de départ du tapis, c'est l'environnement, celui qui m'inspire la création, et le cadre dans lequel le tapis va s'intégrer. Par exemple, pour répondre au goût contemporain plus minimaliste, j'ai conçu une collection à base de laine et de soie mélangée, en misant avant tout sur le confort, j'ai recherché des lignes épurées, sans trop de fioritures.

LePetitJournal.com : vous avez reçu plusieurs prix, pouvez-vous nous en dire plus ? 
Pelin Ertugrul :
A Atlanta, un salon de tapis est organisé chaque année, ainsi qu'un concours. Avec le soutien de la société Cinar, j'ai participé à ce salon pour la première fois en 2007. Dès la première année et en 2008, j'ai reçu le prix hors catégorie du plus beau tapis. En 2009, nous sommes revenus avec deux prix, celui du plus beau tapis et le premier prix des tapis en soie. Revenir avec quatre récompenses, en ayant concouru trois fois au salon, c'était une énorme satisfaction pour moi, mais aussi pour toute l'équipe. En effet, après la conception du tapis, tout repose sur la perfection du travail manuel, une seule erreur et tout peut basculer. C'est un élément très important et je tiens à souligner que je travaille avec une équipe formidable.

Pour vous montrer l'enthousiasme que ces prix ont soulevé, la société Cinar a décidé de fabriquer un tapis emblématique de la marque, tapis exceptionnel de par ses dimensions uniques : 102 m2 de surface et un poids final de 350 kg ( même si 950 kg de soie ont été utilisés ! ). Une équipe de 18 personnes y a travaillé pendant 4 ans ! Ce tapis unique prénommé « ASIL « a été inauguré devant le Palais de Dolmabahçe au printemps 2007 et est aujourd'hui exposé dans notre magasin d'Antalaya. Il est disponible à la location pour des cérémonies exceptionnelles. 

15 femmes travaillant sur le tapis ASIL ( photo Cinar )


Le Petit Journal .com : comment définiriez-vous votre style ?
Pelin Ertugrul : Mes dessins sont traditionnels pour durer et vivre à travers les époques. Mais je les ai revisités en y apportant ma créativité afin qu'ils aient leur place partout, même dans une maison moderne. En termes de couleur, je préfère en général utiliser des harmonies et des dégradés, rester dans une même tonalité plutôt qu'utiliser les couleurs contraires.
Pour moi, le tapis est la pièce centrale d'une maison, c'est lui qui fait le lien, l'unité. Le tapis ne doit pas écraser le mobilier, mais sa présence doit est forte et exprimer un trait d'union.
Le tapis, c'est ma création;alors de la même manière que parmi ses propres enfants, on les aime tous, même les plus difficiles;j'ai moi-même mes enfants gâtés? .

Propos recueillis par Marie-Eve Richet (www.lepetitjournal.com/Istanbul) jeudi 12 novembre 2009.

Si vous voulez admirer les oeuvres de Pelin Ertugrul, la boutique Cinar vous attend rue Nuruosmaniye au N°83 ( la rue piétionnière qui relie le Grand bazar à Sultanahmet ). Site Internet : www.cinarhali.com.tr

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 12 novembre 2009, mis à jour le 13 novembre 2012

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