Édition internationale

IRAK - Le procès de Saddam suspendu au bout de trois heures

Saddam Hussein est jugédepuis hier. Alors que l'ancien dictateur a défiéle tribunal spécial irakien et décidéde plaider "non coupable", le procès a dû être ajournénotamment en raison de l'absence de témoins

Volontiers arrogant, le vieux dictateur a refuséde reconnaître la légitimitédu tribunal. (Photo : AFP)

Le procès de Saddam Hussein s'est ouvert hier devant le tribunal spécial irakien (TSI). Il comparaît avec sept autres dignitaires du régime baassiste pour le massacre de 143 personnes dans le village chiite de Doudjaïl en 1982. A 68 ans, le dictateur déchu risque la peine de mort.
Mais le vrai procès que les Irakiens et le monde entier attendent comme un moment-clédu renouveau de l'Irak devra encore attendre. Au bout de trois heures d'audience, le TSI a décidéd'ajourner le procès. Principale raison invoquée : trop peu de témoins étaient disposés àvenir àla barre, par peur de représailles.
Le juge Rizgar Mohammed Amine, interrogépar Reuters, a expliquéque les quelque 30 témoins prévus "ne se sont pas manifestés". Le procès doit reprendre le 28 novembre;le TSI a jusque làpour les rassurer, les convaincre et prouver que tout sera mis en ?uvre pour leur protection.
"Je suis innocent"
Mais pour ce premier jour, Saddam a déjàfait du bruit. Arrogant, voire agressif, il a remis en cause la légitimitéde ses juges et demandé: "Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?". Il a ensuite déclaré"Je ne reconnais pas votre autoritéparce que tout est infondé", avant d'ajouter suite àune question : "Je refuse de répondre".
Le vieux dictateur a d'ores et déjàfait savoir qu'il plaidait "non coupable". En brandissant un vieil exemplaire du Coran, qu'il avait emmenédans la salle d'audience, il a lancédevant la cour : "Je suis innocent".
La défense insuffisamment préparée
Des proches de Saddam Hussein qui ont fui l'Irak crient àla mascarade de procès, notamment sa fille aînée. Exilée depuis l'intervention américaine de 2003 en Jordanie, elle s'exprime dans ce sens sur les télés arabes.
Alors que certains Irakiens, notamment les communautés chiite et kurde, souhaitent effectivement un procès expéditif et la peine maximale, la communautéinternationale veut s'assurer que le TSI, dont elle reconnaît l'existence, reste dans la légalité. Des voix, surtout des juristes, qu'on ne peut pas taxer de connivence avec l'ancien régime irakien, prédisent dans ce procès des manquements aux droits de la défense. Déjà, l'avocat de l'ex-raïs n'a reçu les pièces du dossier qu'il y a seulement trois mois;un délai très court. Il avait réclamétrois mois de plus pour préparer la défense. Il se retrouve avec un sursis jusqu'au 28 novembre.
Camille VAYSSETTES. (LPJ) 20 octobre 2005

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Article de Lepetitjournal.com du 18 juillet dernier : Première inculpation pour Saddam
Dans Le Monde : Saddam Hussein, parcours d'un dictateur,
La justice internationale recherche la bonne formule pour juger un dictateur, Le village de Doujaïl craint des représailles, Point de vue : Saddam Hussein, un procès sous influence, par Barry Lando
Dans Libération : Procès mode d'emploi
 «Pourquoi le juger ? Qu'on en finisse tout de suite ! »
Sur TF1 : La valse des avocats de Saddam,
"Veulent-ils juger Saddam àla Ceaucescu ?"
Dans Le Figaro : La chute d'un Ubu tragique qui se rêvait en Saladin,
Editorial : Laissons les Irakiens juger

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