Édition internationale

IRAK – Blackwater : une milice privée en eaux troubles

Nécessaires afin de soutenir l'armée américaine en manque d'effectif, les milices privées officiant en Irak commencent à déranger. La plus importante d'entre elles, Blackwater, est au c?ur de la polémique à la suite d'une fusillade qui a fait 17 victimes à Bagdad

Des membres de Blackwater escortant l'ambassadeur américain à Bagdad (photo AFP)

L'étau se resserre autour de Blackwater, l'une des nombreuses milices privées officiant en Irak. Elle fait l'objet de pas moins de quatre enquêtes depuis son implication dans une fusillade à Bagdad, le 16 septembre. Les dernières conclusions sont accablantes puisque le bilan s'élève à 17 victimes et 24 blessés, bien au-delà des 10 morts initialement annoncés par les hôpitaux de la capitale irakienne. Plus grave encore, les nombreux témoignages récoltés par la commission d'enquête irako-américaine - témoins, policiers irakiens et responsables américains - réfutent la thèse selon laquelle les hommes de Blackwater auraient agi en état de légitime défense.
C'est pourtant ce qu'a défendu la semaine dernière Erik Prince, le fondateur de Blackwater US, au cours de son audition devant le Congrès américain. Pour lui, ses hommes ont répliqué aux tirs provenant d'un véhicule suspect alors qu'ils escortaient un convoi de diplomates américains. Cette version est contredite par les civils se trouvant sur place et les enquêteurs irakiens. D'après eux, les miliciens ont ouvert le feu sur une voiture conduite par un médecin qui emmenait sa mère à l'hôpital. L'homme aurait eu le malheur de passer trop près de ceux que l'on considère de plus en plus comme des cow-boys. Pensant à une menace, ces derniers auraient déclenché la fusillade et perdu le contrôle de la situation? On connaît maintenant le sinistre bilan.

Des milices aux contours pas lisses
Blackwater, composée de 1.000 employés, n'est qu'une des nombreuses milices privées qui a profité de l'intervention de l'armée américaine en Irak pour se développer. Elles sont même devenues vitales pour permettre aux Américains de s'y maintenir tant l'armée est en manque d'effectif. Faisant partie de la politique de sous-traitance autorisée par Bush, les milices font ce que l'armée n'a pas la possibilité de faire : protection de lieux et de personnalités, arrestations, fouilles, interrogatoires... Le Pentagone a dernièrement évoqué le nombre de 126.000 "contractors"- pour ne pas dire mercenaires ? présents en Irak.
Ils sont autorisés à faire usage de leurs armes seulement dans un contexte de légitime défense. Agissant comme des militaires, les mercenaires ne sont cependant pas soumis aux codes internationaux régissant les conflits, comme la convention de Genève. Résultat : les bavures apparaissent au grand jour. D'après un récent rapport du Département de Défense américain, Blackwater serait impliquée dans environ 200 fusillades depuis 2005. Une milice privée comme DynCorp est elle connue pour des opérations menées en Colombie, en Bolivie et au Pérou pour le compte de la CIA, des opérations secrètes existant probablement en Irak?
Les missions de Blackwater, accusée également de trafic d'armes, seront dorénavant surveillées par des agents du Département d'Etat et par des vidéos installées sur les véhicules allant en dehors de la "zone verte"de Bagdad. Un coût en plus pour la présence américaine en Irak.
Nicolas MANGIN. (
www.lepetitjournal.com) mardi 9 octobre 2007

En savoir plus
Le Point ? Cow-boys et Irakiens

L'Orient le Jour - Blackwater désormais traquée par un service spécial du département d'État

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