Intitulée « Vachanas en français », la publication vise à faire découvrir aux lecteurs francophones du monde entier les idées intemporelles de Basava ou Basaveshwara sur l’égalité, la vérité et la liberté spirituelle.
Qui était Basava ?
Basava, aussi connu sous le nom de Basaveshwara, est l’une des grandes figures spirituelles et sociales du Karnataka, au sud de l’Inde. Philosophe et réformateur du XIIᵉ siècle, il a laissé un héritage intemporel à travers ses vachanas, de courts poèmes en langue kannada qui traduisent sa vision d’une société plus juste et d’une spiritualité accessible à tous.
Au cœur de sa pensée se trouve une conviction forte : l’égalité entre les êtres humains. Bien en avance sur son temps, Basava rejetait les discriminations fondées sur la caste, le genre ou la richesse, dénonçant les privilèges réservés aux élites et prônant une société fondée sur la dignité et la justice.
Sa philosophie spirituelle s’éloignait des rituels et du culte des temples pour privilégier une relation directe et personnelle avec le divin. Basava valorisait également le travail, qu’il considérait comme une forme de dévotion (kayaka). Chacun, selon lui, devait vivre du fruit de son effort honnête et contribuer au bien-être de la société. À cette éthique du travail s’ajoutait l’importance du partage (dasoh). La richesse n’avait de valeur, selon lui, que si elle servait à aider la communauté et à soutenir les plus vulnérables.
Les Vachanas
Ses vachanas forment le cœur de son héritage spirituel et social.
Rédigés en langue kannada, ces poèmes courts et percutants rompent volontairement avec le sanskrit, la langue savante réservée aux élites de l'époque, le but étant de le rendre accessible à tous.
Leur style direct et dépouillé traduisait une volonté de simplicité, de clarté et d’universalité.
Pensés pour être récités et transmis oralement, les vachanas étaient facilement mémorisables et circulaient largement au sein des communautés populaires. Ces textes, à la fois spirituels et pratiques, proposaient une vision radicalement nouvelle d’une société plus juste, tout en établissant un lien intime entre l’individu et le divin.
« Si tu gardes la richesse pour toi seul, elle t’emprisonne.
Si tu la partages, elle devient lumière pour le monde. »
Enfin, ses vachanas insistent sur la recherche de la vérité, la pratique de la non-violence et la nécessité de vivre avec intégrité. Pour Basava, la spiritualité devait avant tout libérer l’individu des contraintes sociales oppressives et ouvrir la voie vers une vie de liberté intérieure, ce qui n'est pas sans rappeler le philosophe Jean Jacques Rousseau.
Créer un pont culturel
Selon Aravind Jatti, président du Basava Samithi, une organisation culturelle et spirituelle fondée en 1917 à Bengaluru dédiée à la préservation, la diffusion et l’enseignement de la pensée et de la philosophie de Basava (Basaveshwara).
Pour lui « Il ne s’agit pas seulement du lancement d’un livre — c’est un pont culturel. Les vachanas de Basaveshwara parlent de valeurs qui dépassent les frontières géographiques : la dignité, la justice et la quête de vérité. Nous voulons que le monde entende cette voix, en commençant par la francophonie »,
Jusqu’à présent, la Basava Samithi a traduit les vachanas en 27 langues indiennes et 5 langues étrangères (persan, arabe, népalais, allemand et désormais le français). Des projets sont également en cours pour que l’ouvrage soit disponible dans les 23 bibliothèques de l’Alliance Française en Inde, puis dans des institutions à l’étranger.
L'ouvrage a été inauguré par l'Alliance Francaise de Bangalore en mai dernier. Il est disponible à l achat en cliquant ici.
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