Aujourd’hui, lepetitjournal.com a souhaite donner un coup de projecteur sur le docteur Muthulakshmi Reddy, la 1ère femme indienne à militer et légiférer pour les droits des femmes et pour la lutte contre le cancer.
La 1ère femme chirurgien en Inde
Née en 1886 dans une famille du Tamil Nadu, Muthulakshmi reçoit une éducation dans une école mixte. Malgré de nombreuses oppositions autour d’elle, mais encouragée par son père, elle s’accroche à ses études et devient la 1ère jeune fille à être admise dans un collège pour garçons, le Maharajas College, à Pudukottai, dans le Tamil Nadu.
Elle ne s’arrête évidemment pas là puisqu’elle devient aussi la 1ère et seule femme candidate à l'école de médecine en 1907. Elle obtient son diplôme de médecine en 1912 et devient officiellement l'une des premières femmes médecins en Inde. Par la même occasion, elle est également reconnue comme la 1ère femme chirurgien (au sein du Government Maternity et Ophthalmic Hospital).
Par la suite, elle épouse le Dr Sundera Reddi, à la condition qu'il promette de "toujours me respecter en tant qu'égale et de ne jamais contredire mes souhaits". Ensemble, ils auront deux fils. Décédée en 1968 à l’âge de 81 ans, Muthulakshmi laisse deux extraordinaires cadeaux à l’Inde : la Maison Avvai et l’Institut Adyar de lutte contre le Cancer (tous deux situés à Chennai).
Avec détermination, elle fait bouger les lignes
Femme déterminée et d’un immense cran, Muthulakshmi a consacré sa vie à améliorer la condition des femmes et des enfants en Inde. Tout d’abord, elle travaille dur pour l’émancipation des femmes et leur place dans la vie publique.
Elle s’associe à la Women's Indian Association à partir de 1917 et participe activement à ses activités, à travers notamment la création d’un Fonds de lutte contre le cancer. Celui-ci est aujourd’hui une institution indienne combinant thérapie et recherche sur le cancer et attirant des patients de toute l'Inde. Concrètement, il compte 450 lits d'hôpital, une division de recherche à part entière, un département d'oncologie préventive et le Collège des sciences oncologiques du Dr Muthulakshmi. En 1930, trois jeunes filles frappent à sa porte pour lui demander de l’aide. Cette rencontre la bouleverse et elle décide de créer un refuge, la Maison Avvai à Madras. Elle y fournit une éducation gratuite, des vêtements mais aussi une alimentation équilibrée à des orphelins. Ce lieu existe toujours aujourd’hui. La même année, son projet de loi pour la suppression des maisons closes et du trafic de femmes et enfants est adopté. Par ailleurs, grâce à ses efforts, un foyer pour jeunes filles musulmanes (et de la caste des « intouchables ») voit le jour.
En 1954, à 68 ans, Muthulakshmi devient la 1ère présidente du Conseil d'État pour la protection sociale. Elle en profite pour apporter de nombreuses améliorations à la Société d'aide à l'enfance, car rien ne la détourne de son objectif principal, celui de se battre pour les femmes et les enfants en Inde. En 1956, elle reçoit le Padma Bhushan (décoration civile décernée par le gouvernement indien) des mains du Président de l'Inde.
Aujourd’hui encore, Muthulakshmi est un exemple pour les femmes indiennes, par sa forte volonté, son cœur d’or, sa détermination à briser la moindre barrière qui a fait obstacle à son combat. Femme d’un immense cran, elle n’a jamais abandonné les femmes et les enfants de son pays.