Dusserah est une fête majeure dans le sud de l'Inde. Elle marque la victoire du bien sur le mal, à travers la victoire du dieu Rama sur le démon Ravana, comme le raconte le Ramayana. Elle intervient généralement en septembre ou octobre, au 10e jour du festival de Navratri. Mon ami Gerarado et moi avons assisté à l'une des deux célébrations de Dusserah les plus célèbres : Gerardo à Kulasai, moi à Mysore. Dans mon dernier article, je vous ai présenté le récit que Gerardo m'a livré sur son expérience à Kulasai. Cette fois, c'est à moi de vous décrire ce que j'ai vu et ressenti à Mysore à l'occasion de Dusserah !


Dussehra à Mysuru (Mysore)
Dussehra à Mysore a une tout autre ambiance qu'à Kulasai. Elle est très différente de la célébration du sud du Tamil Nadu. Plus somptueuse et davantage dans l'esprit d'un carnaval, avec près de trois heures de défilé : des carrosses, des danseurs, et les personnalités politiques les plus importantes de l’État en première ligne.
En comparaison avec Kulasai, on se sent plus au calme, si on peut parler de calme ou de tranquillité dans une foule aussi immense. Pendant les dix jours qu'a duré le festival, les autorités ont estimé à 1,6 million le nombre de visiteurs dans la ville.

Dusserha à Mysore : le grand jour
Comme toujours en Inde, les rituels sont essentiels. Cette année, l’heure propice pour commencer l'événement d’après le Makara Langa se situait entre 13h41 et 14h10. Le Makara Langa est un concept associé à l'astrologie hindoue, et je recommande vivement aux amateurs de s’y intéresser de près : c’est un système complexe, vraiment fascinant.
Dans l’esprit superstitieux du pays, l'heure exacte du début du cortège, malgré la pluie, a donc été fixée à 13h55. À cet horaire précis, le Premier ministre de l’État du Karnataka a pris sa place pour le lancement du cortège.
Le défilé de carrosses : outils pédagogiques et déclaration politique
Les défilés d'éléphants, le Jamboo Savari, sont une tradition vieille de 400 ans.
Ce qui est plus récent, c'est le spectacle qui se déroule entre le passage du premier éléphant, le Nishan, qui ouvre le défilé et annonce à la foule que le jamboree a commencé depuis le palais, et l’arrivée de l'éléphant portant le howdah. Entre ces deux moments, le défilé a présenté 52 tableaux, mêlant de manière surprenante l'art et la politique.
Il n'y a pas seulement des danseurs parés de leurs plus beaux costumes et des tambours battant sans relâche. On y voit aussi une pléthore de carrosses mettant en lumière les villes et les villages de l'État du Karnataka. Ces carrosses sont à la fois un outil pédagogique et une déclaration politique.
Cette année, nous avons vu défiler des carrosses représentant des allégories sur les nouveaux réseaux d'eau potable, les progrès de la science et de l'industrie dans la région. D'autres étaient dédiés à la production de soie, à la protection de l'environnement et des parcs nationaux, à l'industrie locale du jouet, à l'éducation, au patrimoine local. Chaque aspect de la vie avait son propre carrosse, honoré comme il se doit.
Mais ce que tout le monde attendait avec impatience, c'était l'arrivée de l'éléphant portant le howdah doré.

Les éléphants du Jamboo Savari
Les éléphants étant la pièce maîtresse du Jamboo Savari, les préparatifs de Dussehra commencent véritablement avec leur arrivée en ville, environ 40 jours avant le jour du défilé.
Durant toute cette période, les éléphants s’installent dans l’enceinte du palais, accompagnés de leurs mahouts et kavadis, ainsi que de toute une équipe de soutien. Ils sont suivis de près par des vétérinaires et bénéficient d’une alimentation spéciale fournie quotidiennement.
À leur arrivée, une cérémonie particulière marque leur pesée, les faisant déambuler dans les rues de Mysore sous le regard du public. Dès le lendemain, un entraînement rigoureux commence à 6h du matin. Ils effectuent d’abord le parcours qu’ils devront suivre le grand jour. Après une semaine, ils commencent à s'entrainer avec des charges sur le dos. Enfin, la veille de l’événement est organisée une dernière répétition générale.
Ces éléphants viennent des différents parcs nationaux du Karnataka et, une fois l’événement terminé, ils regagnent leurs camps respectifs dans les zones forestières de l’État.

L'éléphant porteur du howdah doré
Cette année, c’est le puissant Abhimanyu qui a eu l’honneur de porter le howdah doré, abritant l’idole de la déesse Chamundeshwari (Durga). Âgé de 58 ans, il approche de la retraite prévue dans deux ans, mais il est apparu avec une grâce et une majesté intactes.
Bien que certaines voix s’élèvent contre l’utilisation des éléphants dans les temples et les processions religieuses, tous les regards étaient tournés vers Dhananjaya, le Nishan de cette année, âgé de 42 ans. Étant donné sa performance, les habitants ne doutent pas qu'il sera en mesure de succéder au vétéran Abhimanyu et de perpétuer la tradition du Jamboo Savari.
Participer aux festivités de Dussehra à Mysore : conseils pratiques
Si vous souhaitez assister aux célébrations de Dussehra à Mysore (Mysuru), il faut vous y prendre à l’avance.
Dans notre groupe, chacun a emprunté un moyen de transport différent pour s’y rendre : voiture, avion et train. Le trajet en voiture depuis Chennai a duré environ 8 heures, tandis que le train rapide a mis 6 heures. Quant au vol en avion, il dure environ une heure.
Côté hébergement, nous avons séjourné à l’Emerald Urban Comfort. Les chambres étaient spacieuses et impeccables, bien que cet hôtel soit exclusivement végétarien. Lors de notre réservation, c'était l’une des rares options encore disponibles en raison de l’affluence touristique. Bien que les prix aient été élevés à cause de la saison, l’établissement s’est révélé être un bon choix, notamment grâce à sa proximité avec le palais.

La Carte Gold : Le Sésame pour Voir le Cortège
Le seul moyen d’assister véritablement au cortège de Dussehra à Mysore est d’acheter la Gold Card.
Nous avons réservé nos cartes sur le site TicketGenie et les avons récupérées à notre arrivée à Mysore. Elles sont valables pour les dix jours du festival. Cette année, elles étaient au prix de 6 900 INR (~80 €), charges incluses.
En théorie, cette carte donnait accès aux principaux événements :
- la parade au palais de Mysore,
- la parade des lumières à Bannimantap,
- et l’entrée au temple Shri Chamundeshwari.

Mais en pratique, même en possession d'un Golden Pass, si vous n'arrivez pas tôt, vous ne pouvez pas entrer. Et quand on dit tôt, c’est vraiment tôt !
Par exemple, pour la parade qui débutait vers 14h, nous sommes arrivées devant la porte réservée aux détenteurs de la Gold Card à 9h30. Et la foule massée devant l'entrée était déjà immense. Pour entrer sur le site du palais, nous avons été bousculées de toutes parts. Nous étions finalement assises dans nos places, à l’ombre, deux heures plus tard.
Une fois à l’intérieur, aucune nourriture ni eau n’était disponible. Il n'y avait pas non plus d'accès à internet. Mais nous nous sommes vite mises à discuter avec nos voisins, et l'attente s'est révélée paisible et joyeuse.
Surtout, n’oubliez pas votre parapluie ! Il vous protégera aussi bien du soleil que de la pluie... et nous avons eu droit aux deux durant le défilé !

L’année prochaine pour Dussehra, j'assisterai à la Durga Puja à Kolkata avec ses Pandals uniques !
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