En réalité, les deux doctrines de karma et de renaissance sont indissociables. Le karma ne se construit qu’au long de plusieurs vies. C’est une loi, plus précisément une doctrine, de causes et d’effets. Un acte effectué dans une vie a ses répercussions dans la vie suivante et aide l’individu à s’améliorer et atteindre enfin la « libération » moksha (hindouisme et jaïnisme) ou nirvana (bouddhisme). Il est dit qu’il s’agit d’une loi de responsabilité personnelle, l’intéressé construit lui-même son karma et ne peut pas y échapper ni le modifier.
Selon les adeptes de ces religions, il y a une grande inégalité et beaucoup de souffrances dans la vie d’un être humain. La doctrine du karma cherche à expliquer ces phénomènes d’une manière rationnelle : ils ne seraient pas le « résultat d’un fonctionnement aveugle de l’univers » ni dûs « au destin ». L’idée même du karma se construit en parallèle et sur le motif de la loi générale des causalités - causes et effets – telle qu’elle existe dans l’univers physique.
Par conséquent, cette doctrine est basée sur la maxime : on récolte ce que l’on sème.
Les inégalités et les souffrances auxquelles un individu doit faire face et doit subir durant sa vie, sont les conséquences de ses propres actes antérieurs. Cette loi rendrait plus intelligible les inégalités de ce monde.
Pour les Jaïns
Les fondamentaux de la philosophie jaïnine sont que l’univers (le cosmos) s’est auto créé, s’auto gouverne, s’auto régule et s’auto administre selon « l’éternelle loi cosmique ». Les écritures jaïnes sont convaincues que le monde est voué à jouir d'une paix et d'une prospérité durables au lieu de la haine et de la violence qu’il connaît ici et aujourd’hui.
Selon la religion jaïne toutes les âmes humaines (jiva) possèdent en elles quatre qualités originelles : le savoir infini (jnāna) ; la béatitude infinie (sukha) ; la perception infinie (darshana) et l’énergie infinie (vīrya). Mais ces qualités sont voilées par karma.
Les Jaïns ne croient pas en un dieu créateur, protecteur et destructeur de l’univers. Ils croient que l’univers est anadi : sans début et sans fin.
La vie humaine terrestre, en revanche peut avoir une fin. Cette fin n’arrive pas lorsque l’individu meurt, il est susceptible de renaître et ne peut obtenir la « libération » qu’après un certain nombre de vies.
Les Jaïns croient que karma est de nature matérielle, il serait fait de fines particules de matière (pugdala) qui infiltrent l’âme.
Pour les Bouddhistes
Contrairement aux Jaïns, les Bouddhistes pensent que karma est de nature essentiellement mentale. Pour eux, ce concept est l’assurance de la justice cosmique.
Selon le point de vue, karma est un concept qui gouverne la sphère morale. Il propose une connexion naturelle entre les actes effectués et ce que vivent les être humains. Il ne requiert pas d’intervention divine. Il ne s’agit pas d’une récompense ni d’une punition d’un être supérieur. Non, chaque personne construit son propre karma comme si elle bâtissait elle-même sa maison. Ce sont les fondations qui donneront la forme de la maison et qui en assureront la solidité.
Les Bouddhistes pensent que karma ne dépend pas des comportements religieux, de rituels, de prières ou d’offrandes aux déités, mais est uniquement le fruit de nos propres actes.
Même si certaines branches philosophiques accordent au karma une dimension collective, karma est généralement compris comme une loi individuelle.
La doctrine karma postule que les actions effectuées dans la vie présente d’un individu porteront leurs fruits dans une existence future. De même, les joies et les souffrances qu’il expérimente aujourd’hui sont le résultat d’actions faites dans une vie précédente.
Karma est le garant ultime de la justice qui ne peut être obtenue qu’après l’expérience de plusieurs vies.
Pour les Hindous
Pour les Hindous, l’être humain aurait une mémoire cosmique de nature éthérique qui enregistrerait tous les événements qui se seraient produits dans une vie et dans tout le cosmos en même temps. Il s’agit de akasha (l’éther). Cette mémoire cosmique s’inscrit dans les chakras d’un être humain tout au long de ses différentes vies.
Les Hindous pensent que karma est dicté par akasha. Ils découpent karma en trois catégories ou étapes :
- sanchita, le karma qui ne s’est pas encore construit et ne s’est pas encore manifesté
- prarabhda, le karma expérimenté dans la vie présente
- kriyamana, le karma qui est en train de se construire pour la vie future
Ce qui diffère sensiblement des deux visions précédentes, c’est que les Hindous croient qu’ils peuvent avoir une influence sur leur karma et développer son aspect positif par un comportement religieux assidu.
Pour tous
Enfin, il existe un postulat commun aux trois courants religieux.
Il est dit dans les écritures que karma ne se manifeste pas instantanément, il se construit petit à petit pour arriver à maturité.
Avant cela, il est dit « dormant ».
Durant cette période, l’individu peut ressentir une appréhension face au présent, un mal-être.
Nous pouvons donc nous demander pourquoi karma ne se manifeste seulement qu’après un certain temps ! Des Indiens interrogés sur ce phénomène expliquent que c’est exactement comme lorsque l’on prend des substances toxiques (cannabis, opium), les effets ne se font sentir que quelques temps après. Donc, pendant la période dormante, le karma se reconstruit à partir des dernières données qu’il a emmagasinées.
En Inde, la doctrine du karma a des conséquences importantes notamment dans le domaine de la médecine. Elle explique parfois des maladies pour lesquelles la science n’a pas de réponse. Il en est de même pour des guérisons soudaines. On parle alors de « mauvais karma » (papa) ou de « bon karma » (punya).
Il n’existe aucune preuve objective de la théorie du karma. Ce n’est pas une loi que les sciences physiques peuvent expliquer ni prouver empiriquement. Cependant, karma reste, aux yeux des Indiens, la seule évidence en faveur de cette loi, expliquant les inégalités et les souffrances, l’immense diversité de résultats face à des situations données dans un environnement identique et les réactions émotionnelles différentes dans des moments similaires (joie ou crainte).