Depuis décembre 1985, la Journée mondiale de l'habitat a lieu chaque année le premier lundi d’octobre. Elle met l'accent sur le droit fondamental de tous à un logement adéquat et rappelle également à la communauté internationale sa responsabilité collective dans l'avenir de l'habitat humain. Comme le souligne l’ONU sur son site, la COVID-19 nous a rappelé qu’une maison est bien plus qu’un simple toit.
En 2020, le confinement mis en place dans la plupart des pays pour endiguer l'épidémie a mis en lumière les inégalités encore très importantes dans le monde pour l'accès à un logement sûr, avec des équipements sanitaires, assez d’espace pour l’éloignement physique et un accès aux moyens de télécommunications.
Avant le début de la pandémie, l’ONU estimait à 1,8 milliard, le nombre de personnes vivant dans des bidonvilles et des quartiers informels, dans des logements inadéquats ou sans-abri dans le monde.
¼ des urbains indiens n’ont pas accès à un logement sûr
La Banque Mondiale estime qu’en 2014 en Inde, 24 % de la population urbaine vivait dans des bidonvilles.
Selon les données du gouvernement (recensement de 2011), 33 % des habitations des bidonvilles n'étaient pas équipées de toilettes et 64 % n'étaient pas connectées à un système d’égouts. Environ la moitié des ménages vivaient dans une seule pièce ou partageaient un toit avec une autre famille.
Cependant, 70 % avaient une télévision et 64 % avaient un téléphone portable, deux pourcentages qui sont très proches de ceux de la population urbaine en général.
Source Down to Earth
Une situation plus que préoccupante à Mumbai
Dans la capitale financière, plus de 40% des familles vivent dans des bidonvilles surpeuplés où la plupart des habitants squattent illégalement. Beaucoup ont un accès limité à des installations sanitaires de base.
Pendant le confinement, la rédaction a interrogé une famille vivant dans un des bidonvilles du sud de Bombay à Cuffe Parade :
“Notre quartier se situe en bord de mer et est constitué de ruelles peu salubres. Les “maisons” n’ont qu’une petite pièce, des murs très fins et un toit en zinc en général. La plupart n’ont pas l’eau courante ni de toilettes. Il n’y a pas vraiment de système d'égouts. Dans notre ruelle, il y a une arrivée d’eau équipée d’un robinet pour cinq maisons. Les toilettes et douches sont communes à plusieurs ruelles et nous devons payer 2 roupies pour les utiliser. Nous vivons surtout dans la rue.” (Confinement, 2 familles vivant dans des quartiers modestes témoignent).
Lors de la tempête qui a secoué le sud de Bombay le 5 août 2020, le toit de la maison de cette famille a été arraché et la pluie s’est abattue sans relâche à l'intérieur. Ce ne sont malheureusement pas les seuls à avoir souffert ce jour là. D’autres ont vu leurs habitations partir avec le torrent d’eau qui dévalait la ruelle dans laquelle ils habitaient. Chaque année, pendant la mousson, des centaines d’habitations des bidonvilles des villes indiennes sont inondées ou détruites par la pluie.
Moins de bidonvilles à Delhi
Selon le dernier recensement (2011), seulement 15 % des habitants de la ville sont “logés” dans des bidonvilles.
Fin août 2020, en pleine propagation de l'épidémie en Inde, la Cour Suprême a ordonné la démolition dans les trois mois de plus de 48 000 habitations de fortune se situant dans les zones de sécurité longeant une voie ferrée de la ville. 200 000 familles y vivent actuellement.
“Les habitants des bidonvilles ont un droit fondamental à la ville. Ils font partie intégrante du tissu social et économique de la ville... Si la démolition des bidonvilles est effectuée au milieu de la pandémie actuelle, plus de 250 000 personnes seront contraintes de se déplacer à la recherche d'un abri et de moyens de subsistance”, a déclaré un député du parti du Congrès.
La décision est actuellement en suspens en attendant d'être revue prochainement.
Constructions de logements abordables et réhabilitation des bidonvilles
En Inde, les États sont responsables de la fourniture de logements et d’équipements de base à leurs citoyens.
Le programme “Pradhan Mantri Awas Yojana (programme de logements abordables)” a été lancé en juin 2015 pour fournir une assistance du gouvernement national envers les États afin de faciliter le logement de toutes les familles éligibles, y compris les habitants des bidonvilles et d’autres catégories vulnérables parmi les citadins pauvres. Le projet est actuellement dans sa phase 2.
Selon une étude de 2015 des cabinets KPMG et Naredco, l’Inde devra investir plus de 2 mille milliards de dollars pour loger toute sa population en 2030.
Les programmes de réhabilitation et d’amélioration des bidonvilles ont toujours été l’un des principaux objectifs politiques du gouvernement indien. Le but de ces programmes est de construire des logements sociaux qui satisfont les normes de logement et permettent de réduire le déficit de logements.
A Mumbai, le Slum Rehabilitation Act fut voté en 1995. Vingt-cinq ans plus tard, le nombre d’habitations de fortune n’a pas diminué dans la ville et la qualité des logements construits laisse à désirer : manque de ventilation et d'échange d'air frais, température élevée dans les structures verticales, manque d’espaces dans lesquels les habitants peuvent se réunir ou se rencontrer... de sorte que les occupants choisissent souvent de retourner vivre dans un bidonville.
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