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Sami Bouakaze : “Je suis content de retrouver Bombay 20 ans après”

Sami Bouakaze Consul adjoint à BombaySami Bouakaze Consul adjoint à Bombay
Écrit par Isabelle Bonsignour
Publié le 14 octobre 2021, mis à jour le 19 décembre 2023

Il y a 20 ans, Sami Bouakaze découvrait Bombay en tant qu'attaché de coopération éducative au Consulat Général de France. En 2021, il a saisi l'opportunité de revenir travailler et vivre dans la ville et a pris son poste le 1er septembre 2021 en tant que Consul adjoint. 

 

Lepetitjournal.com de Bombay a eu le plaisir de l’interviewer et vous le présente.


Lepetitjournal.com Bombay : Bonjour, Monsieur le Consul adjoint, pouvez-vous retracer votre parcours ? Dans quels pays avez-vous été en poste ?

Sami Bouakaze : Je suis linguiste de formation, spécialisé en italien. En France, un des débouchés principaux pour cette formation est le métier d’enseignant. Mais, je voulais utiliser mes compétences autrement et j'avais même envisagé de devenir guide conférencier et de vivre à l'étranger. Lorsque j'ai atteint l’âge de faire mon service national, un ami m'a conseillé de postuler plutôt pour un poste de coopérant (ndlr : ancien intitulé du VIA - Volontariat International dans l’Administration). Et je suis parti en Afrique de l’Ouest au Ghana où j’ai été affecté en tant qu’attaché de coopération éducative. J’y ai découvert ma vocation et suis entré dans la carrière diplomatique.

A l’issue de mon séjour au Ghana, j’ai intégré le ministère des Affaires Étrangères et j'ai été affecté de nouveau comme attaché de coopération éducative au Nigéria, puis en Inde, à Bombay de 1998 à 2002.


Comment êtes-vous passé des services de coopération éducative aux services consulaires ? 

De retour à Paris à l’issue de ma mission à Bombay, après une quinzaine d'années dans les services culturels, j’ai changé de direction et j’ai intégré les services consulaires du ministère des Affaires Etrangères dont je fais partie aujourd’hui. 

J’ai été affecté comme chef de service des visas à Hong Kong puis à New York. Ensuite, j’ai rejoint le consulat de France à Mexico comme chef de service de l’administration des Français. De retour en France, j’ai travaillé 4 ans à la sous-direction de la politique des visas. Quand j'ai vu que deux postes se libéraient en Inde, Consul adjoint à Bombay et Chef de la section consulaire à Delhi, je n’ai pas hésité, j’ai postulé.

 


Mon objectif à Bombay : Rencontrer, connaître et être au service de la communauté française installée dans la circonscription.

 

Parlez-nous de votre premier séjour à Bombay ? 

Lors de mon premier séjour à Bombay, j'étais le seul attaché de coopération pour toute la circonscription du Consulat général, aujourd’hui, ils sont trois (une attachée de coopération audiovisuelle, un attaché de coopération universitaire et scientifique et un attaché de coopération éducative). L’attaché de coopération éducative, comme vous l’a expliqué Philippe Guillien (à ce poste à Bombay en ce moment), assure la promotion du français et la prospection auprès des écoles et des universités dans la circonscription en lien avec le réseau des Alliances Françaises. Je travaillais en tandem très étroit avec le Directeur de l'Alliance Française de Bombay qui s'occupait de la partie culturelle.

Le territoire de la circonscription était plus grand puisque le consulat de Bangalore n'était pas ouvert et notre circonscription couvrait aussi le Karnataka et l'Andhra Pradesh. J'ai beaucoup voyagé dans toute la circonscription, j'étais en mission en moyenne 15 jours par mois. Je connais donc bien toute la région ouest de l’Inde et Bombay. Cela a d’ailleurs grandement facilité mon arrivée en 2021.


Bombay a-t-elle beaucoup évolué en 20 ans ?

 

Oui, Bombay a bien changé, mais ce sont seulement certains quartiers qui ont évolué !

 

Lors de mon premier poste (1998 - 2002), l’activité était encore concentrée dans le sud de la ville dans les quartiers de Breach Candy, Malabar Hill, Churchgate et Nariman Point. Les consulats, les écoles et les entreprises y étaient installés. Le Consulat Général de France se trouvait sur Gamadia Road près de Peddar Road. Et cette partie de la ville me semble ne pas s’être beaucoup transformée. 

 


J'ai tout de suite retrouvé mes repères dans le sud de Bombay !


Par contre, il est clair que le centre névralgique de la ville s’est déplacé vers le nord, ce n’était de toute façon pas possible autrement puisque la mer est présente de trois côtés (sud, est et ouest).

Le quartier de Bandra a fortement évolué, nous n’y allions que très rarement et c’était une véritable expédition, le Sealink (ndlr : un pont routier longeant la côte et reliant le sud au nord) n’existant pas, il fallait traverser le quartier de Dadar et les embouteillages étaient fréquents. A Bandra, j’ai été très surpris de découvrir des cafés et des magasins à tous les coins de rue et une clientèle jeune et aisée.

Le quartier d’affaires de BKC (Bandra Kurla Complex) où le consulat est dorénavant installé, est méconnaissable pour moi. A l’époque, le terrain était encore en friches, seule l’école américaine y était en construction ainsi qu’un autre bâtiment.

 

En 2002, BKC n’existait pas et c’était difficile de se projeter dans l’avenir et d’imaginer les tours de bureau actuelles sur le terrain vague qu’était ce quartier !


Quel est le rôle du Consul adjoint ?

Notre réseau en Inde est le troisième réseau consulaire français dans le monde en termes de maillage. 

En Inde, la France dispose de 4 Consulats généraux et d’une section consulaire à l’Ambassade. De plus, un bureau de France a ouvert à Chennai il y a quelques années et un projet de deuxième bureau de France à Hyderabad est en cours.

 

Le Consul adjoint et le consulat sont au service de la communauté française et peuvent assister les Français résidant dans la circonscription avec un large éventail de services que j’invite chacun à découvrir sur notre site Internet. Cependant, nous ne sommes pas en mesure d’accomplir certaines tâches soit parce que ce n’est pas notre mission soit parce que nous n'en avons tout simplement pas le droit. Le Consulat se situe dans un pays souverain et doit en suivre les lois.

Un exemple : le Consul adjoint est officier d'état civil et ce statut selon la loi française lui permet de marier 2 Français, mais ce n'est possible que si le pays d'accueil l’y autorise. Aux Etats-Unis, ce n’est pas le cas.

Un autre exemple : au Canada, le gouvernement n’autorise pas la tenue d'élections d’un pays tiers sur son territoire donc les bureaux de vote ne peuvent être installés que dans des locaux consulaires ou diplomatiques. 

Dernier exemple : le consulat ne peut pas interférer dans le cours de la justice du pays, mais peut s’assurer que le ressortissant français a un avocat et un interprète si nécessaire et s’il le souhaite et qu’il est traité de la même manière que les autres personnes qui sont dans le même cas.

 


Le consulat ne peut faire pour les Français de sa circonscription que ce que le pays d’accueil l’autorise à faire.

Des informations utiles pour la communauté française en Inde ?

En France, on le sait peu, il est obligatoire de s'inscrire sur une liste électorale, mais en revanche, il n'est pas obligatoire de voter contrairement à d'autres pays.

 

Il n’est pas obligatoire de s’inscrire au registre des Français de l’Etranger, mais cela est fortement recommandé. Cela permet au consulat d’avoir une idée de la taille de la communauté et d’être ainsi capable de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des Français dans le pays d’accueil.

 

L’inscription au registre n’a que des avantages !


Aujourd’hui, il est possible d’obtenir une copie de tous les documents transmis au Consulat lors de l’inscription : passeport, carte d’identité, livret de famille… et qui ont été téléchargés. Bien pratique en cas de perte ! 

Il est aussi possible d’indiquer deux adresses électroniques, une pour les informations qui seront communiquées par le consulat et l’autre pour la liste électorale. Le consulat est tenu de transmettre aux candidats aux élections la LEC (liste électorale consulaire) sur laquelle apparaît l’adresse électronique de toutes les personnes inscrites sur cette liste électorale.

Le registre des Français de l’étranger n’est connecté à aucun autre registre, sauf pour l’état civil. Les administrations en France doivent suivre une procédure spécifique pour interroger un consulat sur un Français enregistré dans sa circonscription.

 

En conclusion ?

La crise sanitaire a eu un effet positif, de nombreux Français qui résidaient en Inde mais n’étaient pas présents sur le registre des Français à l’étranger se sont inscrits. Dans notre circonscription, le nombre de ces nouveaux inscrits a presque compensé les départs générés par la pandémie. 

 

Mon souhait pour cette mission est, si la crise sanitaire le permet, de pouvoir aller à la rencontre de la communauté française là où elle est installée dans la circonscription.

 

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