La septième et dernière phase des élections à la Lok Sabah s’est achevée dimanche soir dernier. Les résultats seront rendus publics le 23 mai. En attendant le dénouement final de cette élection hors du commun, l’embargo sur les sondages a été levé et les premières estimations sont sorties. Sans confusion aucune et dans une unanimité surprenante, elles annoncent toutes une victoire de la NDA, l’alliance regroupée autour du BJP.
Un parti, ou une coalition de partis, doit remporter 272 des 543 sièges de la Lok Sabha, chambre basse du Parlement indien (signifiant Chambre du peuple en Hindi) pour établir une majorité.
Pour rappel, en 2014, l’élection avait vu une phénoménale victoire du BJP de Narendra Modi, remportant 282 sièges, une majorité absolue, avec son seul parti et 336 sièges en tout grâce à son alliance avec la NDA. Le Congress de Rahul Gandhi, de son côté, vivait une humiliation historique avec seulement 44 sièges obtenus.
Pour ces élections de 2019, la majeure partie des analyses annonçaient une relative victoire de Narendra Modi, avec néanmoins un net recul des sièges obtenus, notamment en raison de la hausse des chiffres du chômage dans les villes, du mécontentement des agriculteurs dans une société encore très rurale et d’une défiance autour du renforcement du nationalisme hindou. La question qui persistait était : dans quelle mesure cette baisse serait-elle significative ?
La surprise est donc grande de voir les chiffres annoncés par les différents instituts. La synthèse réalisée par le Times of India donne ainsi 304 sièges à la NDA et 118 sièges à l’UPA, l’Alliance du Congress.
Pour le NDA, la variabilité des sondages va de 267 sièges (juste en dessous de la majorité) jusqu’à 365 sièges, ce qui serait un véritable raz de marée !
Selon le sondage CNN-News18- IPSOS, ce sont 336 sièges qui sont estimés pour la NDA, exactement le chiffre de 2014, qui correspondait déjà à une véritable déferlante, et seulement 82 sièges pour l’UPA.
Selon Mathieu Gallard, Directeur de recherche chez IPSOS, interviewé par lepetitjournal.com il y a quelques jours : « Cette avancée très minime du Congress le placerait largement en dessous des espoirs des leaders du parti ».
« Pour le BJP, il est intéressant de noter une apparente nette victoire en Uttar Pradesh, l’un des grands enjeux de ces élections. Il s’agissait de savoir si le parti de Modi allait réussir à endiguer la montée des deux partis locaux alliés, le Samajwadi Party (SP), et le Bahujan Samaj Party (BSP), et apparemment ce serait le cas. »
« En revanche, là où dans deux Etats de l’Est du pays, l’Odisha et le Bengale Occidentale, le BJP espérait progresser fortement, la percée n’est pas du tout celle attendue. »
« On devrait donc assister à un maintien de la victoire exceptionnelle du BJP, notamment dans les Etats de la ceinture hindi, avec un bilan beaucoup plus contrasté dans les Etats où il est faible traditionnellement. »
La participation devrait également se maintenir aux alentours des 66,4% comme en 2014, ce qui était déjà un chiffre très haut.
L’analyse des résultats Etat par Etat permettra des analyses plus fines dans les jours à venir, mais, selon Mathieu Gallard, « si ces tendances sont confirmées, on peut penser que les éléments sécuritaires fortement mis en avant par le BJP ont rencontré un écho dans l’opinion publique et que la personnalité de Narendra Modi reste un très grand atout pour le parti. A l’inverse, pour le Congress, le pari de mettre au centre de sa campagne un programme social de gauche ambitieux n’aura pas été gagnant. »
Bien entendu, en raison de l’immensité du pays et de la disparité entre les Etats, ces sondages sont à prendre avec du recul. En 2014, ils avaient prédit la victoire du BJP, mais pas dans toute sa mesure. En 2004, à l’inverse, le retour du Congress avait été une surprise. En revanche, dimanche dernier, l’unanimité des différents sondages semble laisser peu de place au suspens …