Édition internationale

Cinq points pour comprendre le conflit Inde-Pakistan

Depuis la nuit du 6 au 7 mai 2025, l’Inde et le Pakistan échangent des tirs d’artillerie le long de leur frontière disputée au Cachemire, faisant craindre une dangereuse escalade entre les deux puissances nucléaires. La communauté internationale multiplie les appels à la retenue.

Bombardements liés au conflit Inde PakistanBombardements liés au conflit Inde Pakistan
Écrit par Liz Fredon
Publié le 7 mai 2025, mis à jour le 8 mai 2025

 

Face au risque d’escalade entre ces deux puissances nucléaires, plusieurs pays, dont les États-Unis, la Chine et les membres de l’Union européenne, appellent à une désescalade

 

Dans la nuit du 6 au 7 mai 2025, la tension entre l’Inde et le Pakistan remonte brutalement d’un cran. En réaction à l’attentat du 22 avril à Pahalgam, qui a tué 26 pèlerins hindous, l’armée indienne lance une série de frappes baptisées « Opération Sindoor ». Neuf sites situés au Pakistan et dans la région du Cachemire administrée par Islamabad sont visés, des lieux que New Delhi accuse d’abriter des groupes armés islamistes.

Le Pakistan dénonce immédiatement une agression, affirmant que plusieurs missiles ont touché des zones civiles, notamment des mosquées. Le bilan est lourd : on décompte au moins 26 morts civils et une quarantaine de blessés, dont des femmes et des enfants. En représailles, les forces pakistanaises affirment avoir abattu cinq avions de chasse indiens.

Des échanges de tirs ont aussi éclaté le long de la ligne de contrôle au Cachemire, faisant des victimes de part et d’autre. Face au risque d’escalade entre ces deux puissances nucléaires, plusieurs pays, dont les États-Unis, la Chine et les membres de l’Union européenne, appellent à une désescalade. Lepetitjournal.com fait le point sur le conflit en cours…

 

1. Une rivalité historique centrée sur le Cachemire

Le conflit entre l’Inde et le Pakistan trouve ses racines dans la partition sanglante de l’Empire britannique des Indes en 1947. Au moment du partage, le sort du Cachemire, un territoire majoritairement musulman dirigé par un maharajah hindou, est resté incertain. Ce flou a déclenché la première guerre indo-pakistanaise, suivie de trois autres en 1965, 1971 et 1999. À ce jour, le Cachemire reste divisé entre les deux pays mais revendiqué dans son intégralité par chacun. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes dans ce conflit, qui mêle nationalisme, religion et intérêts géostratégiques.

En 2019, l’Inde a supprimé l’autonomie constitutionnelle du Jammu-et-Cachemire, aggravant encore les tensions. Des groupes armés séparatistes, parfois accusés d’être soutenus par le Pakistan, poursuivent leurs attaques, comme en avril 2025 à Pahalgam, où un attentat relance la crainte d’un nouvel embrasement.

 

2. Des arsenaux nucléaires en constante expansion

Tant l’Inde que le Pakistan sont aujourd’hui des puissances nucléaires reconnues de facto, même si aucun des deux n’est signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Depuis leurs essais respectifs en 1998, les deux pays ont étoffé leur arsenal, chacun possédant aujourd’hui entre 140 et 160 ogives nucléaires, et les projections annoncent jusqu’à 250 d’ici 2030. Le Pakistan développe des armes nucléaires dites “tactiques”, destinées à un usage de champ de bataille, notamment les missiles NASR à courte portée. De son côté, l’Inde mise sur une capacité de seconde frappe, avec des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et des missiles longue portée comme l’Agni-V. Cette course aux armements rend toute crise frontalière potentiellement explosive.

 

 

 

 

 

 

3. Une modernisation accélérée des forces armées

La rivalité militaire ne se limite pas à l’arme nucléaire. Depuis l’affrontement de février 2019, les deux armées ont entamé une modernisation rapide. L’Inde a renforcé ses capacités aériennes avec les avions Rafale français et a commencé à déployer des systèmes de défense anti-aérienne russes S-400. Le Pakistan, de son côté, a reçu de la Chine des chasseurs JF-17 et J-10C, ainsi que des batteries de défense HQ-9. À cela s’ajoute une guerre de communication : les deux pays mettent en scène leurs exercices militaires et affichent leurs nouvelles capacités dans les médias nationaux pour galvaniser l’opinion publique.

 

 

Le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, aurait déclaré “Either we live or no one will…” (“Soit nous vivons, soit personne ne survivra...").

 

 

4. Peut-on vraiment mourir à cause de leurs armes nucléaires ?

La question peut paraître provocatrice, mais elle est fondée. Un conflit nucléaire entre l’Inde et le Pakistan ne tuerait pas seulement des millions de personnes sur place. Une étude publiée en 2019 par Le Monde montre qu’un échange de 100 ogives provoquerait jusqu’à 125 millions de morts immédiates, mais surtout une perturbation climatique mondiale. Les incendies de villes entières projetteraient des millions de tonnes de suie dans l’atmosphère, bloquant les rayons du soleil. C’est ce qu’on appelle un hiver nucléaire. Cela entraînerait une baisse globale de température de plusieurs degrés, réduirait drastiquement les précipitations et mettrait à mal la production agricole mondiale pendant au moins une décennie. Le résultat pourrait être une famine planétaire pouvant affecter jusqu’à deux milliards de personnes. Donc non, on ne mourra probablement pas d’un missile lancé sur Paris, mais oui, une guerre nucléaire Inde-Pakistan pourrait bel et bien nous faire mourir… de faim. Selon le média Hindustan Times, le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, aurait déclaré “Either we live or no one will…” (“Soit nous vivons, soit personne ne survivra...").

 

 

5. Le paradoxe de la stabilité nucléaire

On pourrait penser que la possession d’armes nucléaires dissuade tout affrontement. C’est en partie vrai, car aucun des deux pays ne souhaite une guerre totale. Mais cette stabilité stratégique favorise paradoxalement des conflits de plus faible intensité. C’est ce qu’on appelle le « paradoxe de stabilité/instabilité ». En clair, sachant qu’un conflit majeur est peu probable, les deux États (et parfois leurs groupes armés affiliés) se permettent des provocations régulières, des frappes aériennes limitées, voire des cyberattaques, sans craindre une escalade totale. Cela maintient une tension permanente et rend chaque incident potentiellement dangereux. Ainsi, la menace ne vient pas forcément d’une volonté politique de guerre, mais d’un engrenage mal maîtrisé entre provocations locales, pression médiatique et orgueil national.


 

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