L’Etat indien du Mizoram partage une frontière longue de 510 km avec la Birmanie, mais aussi des liens ethniques importants. Les contacts et échanges de chaque côté de la frontière ont été facilités par un régime spécifique de libre circulation, aujourd’hui suspendu en raison de la pandémie. Depuis le début de la répression des manifestations contre le coup d'État en Birmanie, environ 300 ressortissants birmans, dont de nombreux policiers, sont entrés en Inde pour s’y réfugier, ce qui pose un problème à la diplomatie indienne qui ne s’est pas encore prononcée sur les événements birmans.
Les habitants du Mizoram sont fortement liés aux habitants de la région birmane frontalière et nombreux sont ceux qui sont touchés par la situation en Birmanie, a déclaré un responsable du gouvernement du Mizoram, ajoutant que c'était une question très émotive et sensible dans l'État. Dans une lettre datée du 18 mars 2021, le Chief Minister du Mizoram, Zoramthanga, affirme : “L'Inde ne peut pas fermer les yeux sur la crise humanitaire qui se déroule devant nous dans notre propre arrière-cour.” Il ajoute que la région birmane jouxtant le Mizoram est habitée par des communautés Chin qui sont de la même origine ethnique que les communautés Mizo du Mizoram : “Nous avons toujours eu des contacts étroits même avant que l’Inde ne devienne indépendante.”
L'Inde et la Birmanie ont un accord appelé le régime de libre circulation (FMR) qui permet aux habitants des deux pays de parcourir jusqu'à 16 km de l'autre côté de la frontière et d’y séjourner jusqu'à 14 jours. Des milliers de ressortissants birmans se rendent régulièrement pour travailler et rencontrer des proches. En mars 2020, le régime de libre circulation a été suspendu en raison de la pandémie de Covid-19 et n'a pas encore été rétabli. Selon des officiels du Mizoram, cela a généré une augmentation de la contrebande à travers la frontière.
Le gouvernement national indien a décidé le 21 mars 2021 de fermer tous les passages frontaliers avec son voisin birman afin de limiter l'arrivée de réfugiés sur son territoire. Mais, le Chief Minister de l'État du Mizoram n’est pas d’accord avec cette politique et s'est entretenu avec la personne qui a été nommée «ministre des Affaires étrangères» par l’ancien gouvernement birman destitué lors du coup d'État militaire du 1er février.
Had a fruitful meeting (online) this morning with Zin Mar Aung, Hon'ble Foreign Minister, Myanmar.
— Zoramthanga (@ZoramthangaCM) March 21, 2021
Our thoughts and prayers are with #Myanmar in these trying times. https://t.co/QLzZhwTKxC pic.twitter.com/QIw6wVkCxA
En s'adressant directement au gouvernement en exil - formé par les membres du parti NLD dirigé par Aung San Suu Kyi - M. Zoramthanga est peut-être allé au-delà de la position officielle de l'Inde sur la crise en cours. Les gouvernements indiens successifs ont toujours maintenu un équilibre sur la Birmanie au cours des deux dernières décennies, communiquant à la fois avec l'armée et avec le gouvernement élu après la transition démocratique. Après le coup d'État de 2021, alors que l'Inde s'est attachée à restaurer la démocratie en Birmanie, elle n'a pas condamné de manière proactive l'armée et s'est opposée aux sanctions imposées par les États-Unis.
Dans une lettre aux quatre États frontaliers de la Birmanie (Mizoram, Manipur, Nagaland et Arunachal Pradesh) le Ministère indien des Affaires Étrangères a déclaré que les gouvernements des États n'ont aucun pouvoir pour accorder le statut de réfugié à un étranger et que l'Inde n'était ni signataire de la Convention des Nations Unies sur les réfugiés de 1951 ni de son protocole de 1967.
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