Après deux ans de travaux de rénovation, la synagogue bleue (qui n’est plus bleue !) a rouvert ses portes le jeudi 7 février. La cérémonie d’inauguration a eu lieu en présence de l’ambassadeur d’Israël en Inde, Dr Ron Malka. Le bâtiment se trouve en plein centre du quartier de Kala Ghoda à Fort, Bombay Sud et la réouverture a coïncidé avec l’événement artistique annuel de cette zone, le Kala Ghoda Arts Festival.
L’édifice a été construit en 1884 par Jacob Sassoon en l’honneur de son père Eliyahoo Sassoon, qui était le fils d’un ancien dirigeant de la communauté juive à Bombay, David Sassoon. Celui-ci était arrivé à Bombay en 1832 fuyant les persécutions des juifs à Bagdad et devint rapidement une des figures proéminentes du commerce du coton et de l’opium d’abord en Inde puis en Chine.
Le bâtiment fut dessiné par les architectes de Bombay, Gostling et Morris, et financé par la famille Sassoon. Il a été construit dans le style néoclassique et le sol est fait en carrelage Minton importé de Stoke-on-Trent en Angleterre. L’intérieur comporte des vitraux de style victorien et un escalier et des meubles en teck de Birmanie.
La synagogue, de son vrai nom Keneseth Eliyahoo (assemblée d’Elias), est un lieu de prière pour la communauté juive Baghdadi et Bene Israeli de Mumbai qui était très importante jusqu’en 1947. La plupart de ses membres habitaient dans le quartier dans lequel se trouve aussi le “Jewish Club” et la bibliothèque David Sassoon. Pour les fêtes juives, il était courant que des chaises supplémentaires soient installées entre les bancs pour accueillir tous les fidèles. Aujourd’hui, le lieu de culte est fréquenté par la petite communauté juive étant toujours à Mumbai et par les étrangers qui viennent le visiter. Il est sous la responsabilité du Trust Sir Jacob Sassoon and Allied.
Parmi les personnes ayant visité le bâtiment, on cite souvent Madonna qui y est venue lors de son passage à Mumbai en 2008.
Cependant, suite à la diminution importante du nombre de juifs à Bombay après la création de l’état d’Israël (il resterait environ seulement 4 000 juifs à Mumbai), le bâtiment n’était plus maintenu et était en très mauvais état avant la restauration. Le plafond était percé et la végétation commençait à pousser à l’intérieur.
La fondation JSW (appartenant au groupe indien du même nom) a coordonné les travaux et en a financé une grande partie (le budget total serait de 5 crores roupies soit un peu plus de 600 000 euros), notamment la restauration des vitraux. Le reste des fonds ont été apportés par le World Monuments Fund, qui, avec le Jewish Heritage Programme Trust, participe à la restauration de monuments dans le monde et l’association Kala Ghoda, qui œuvre pour la conservation du patrimoine architectural du quartier.
“Keneseth Eliyahoo est un monument du 19ème siècle qui est un exemple de la diversité culturelle de Mumbai et montre, en particulier, comment les différentes communautés, les Juifs, les Parsis, les Gujarati Jains, les Maharashtriens et les Arméniens ont contribué au développement de la ville,” dit l’architecte Abha Narain Lambah, dont la société a été choisie pour mener à bien le projet de restauration. Le bâtiment, connu sous le nom de “Blue Synagogue” à cause de sa façade bleue ciel, qui avait été peinte ainsi par erreur, est maintenant blanc de la couleur de la pierre de Porbandar utilisée pour sa construction (une pierre calcaire) avec des panneaux bleu indigo. Les restaurateurs avouent n’avoir pas retrouvé la couleur originelle du bâtiment dans toutes les archives qu’ils ont consulté mais sont certains que la palette utilisée à l’époque était dans les tons naturels. L’intérieur, qui avait aussi été peint en bleu, est maintenant dans les tons vert gris comme initialement. L’équipe qui a travaillé sur le chantier a essayé de retrouver tous les détails de la construction telle qu’elle était au 19ème siècle et les visiteurs aguerris verront la ressemblance du hall de prière avec l’intérieur du Dr Bhau Daji Lad Museum, qui fut ouvert au public en 1872.
La synagogue était ouverte à tous avant les attentats terroristes de novembre 2008 pendant lesquels un des lieux attaqués fut le centre juif de Colaba. Depuis, l’entrée était interdite aux étrangers. Selon les journaux, suite à la réouverture, il sera de nouveau possible de la visiter en tant que touriste.