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Vive le Québec à Hong Kong!

6 québécois à Hong kong6 québécois à Hong kong
Sylvain, Pierre, Annie-Claude, Marc, Annick et Simon, 6 Québécois de Hong Kong
Écrit par Didier Pujol
Publié le 29 août 2021, mis à jour le 30 août 2021

Ils sont une poignée de Canadiens représentant la Belle Province à Hong Kong. Ils sont musiciens, consultants sur les changements climatiques, assistante de santé, directeur en cybersécurité ou directeur de l'innovation. Sylvain, Marc, Pierre, Bruno Annie-Claude, Simon et Anik ont accepté de nous parler de la façon dont les Québécois vivent leur expatriation à Hong Kong, loin de la poutine et du sirop d'érable, des pistes de ski du Mont Tremblant et des rives du Saint Laurent. Partons avec eux dans un voyage culturel sur les terres de Jacques Cartier et de Robert Charlebois sans quitter vraiment Hong Kong.

 

"J'ai rencontré ma femme hongkongaise au Québec"

Depuis combien de temps êtes vous à Hong Kong?

Pierre : Tout d'abord disons que j'ai rencontré mon épouse au Québec, à Montréal, elle native de Hong Kong. Nous avons décidé de venir vivre à Hong Kong en 2011, il a dix ans déjà! Nous nous sommes mariés en 1980... et oui comme les mariages inter-culturels sont solides!

Sylvain : Depuis le 1er Juin 2000.

Marc: Je vis à Hong Kong depuis une quinzaine d’années.

Bruno : Je vis depuis 10 ans à Hong Kong mais cela fait 22 ans que je tourne en Asie. Je suis marié et mes deux enfants sont désormais retournés au Canada pour suivre l'université.

Annie-Claude : Je suis à Hong Kong depuis bientôt 14 ans. J’ai vécu dans plusieurs quartiers de l’île, dont à Wan Chai qui est mon quartier actuel mais aussi mon préféré à cause de son côté pratique. Depuis qu’on ne peut plus voyager, je commence à me sentir à l’étroit en ville, alors je multiplie les escapades à Lantau ou à Sai Kung. Quelle chance de pouvoir s’évader dans les montagnes en moins d’une heure! 

Simon : Depuis l'automne 2013, soit 8 ans ici à Hong Kong après un détour de presque 9 ans par la Suisse donc hors Québec depuis plus de 16 ans.

Anik: Je suis à Hong Kong depuis un peu plus de 10 ans.

 

 

chateau frontenac au québec et tour IFC à Hong Kong
Le Chateau Frontenac de Québec à gauche et la tour IFC de Hong Kong à droite

 

"A Hong Kong, les typhons remplacent les tempêtes de neige du Québec"

Comment vivez vous l’éloignement du Québec? Qu’est qui est différent?

Pierre : J'adore la vie à Hong Kong, surtout le fait qu'il n'y a pas d'hiver artique! c'est la plus grosse différence! Pour ce qui est de l'adaptation: mon anglais est très bon et étant musicien professionel, j'ai immédiatement fait contact avec les musiciens locaux Cantonnais et expats établis depuis longtemps.

Sylvain : Très bien, je me suis toujours considéré comme un citoyen du monde et mon rêve était d’habiter entre la montagne et la plage, ce que je vis depuis que je suis ici. Les hivers sont beaucoup plus cléments ici. La vie musicale n’est pas aussi riche car il n’y a aucune institution qui a un programme de jazz à Hong Kong mais par contre, comme c’est un territoire très riche, en temps normal, il y a abondance de travail, beaucoup de grands noms ont visité et j’ai eu la chance de partager la scène avec plusieurs d’eux. J’ai eu le privilège de jouer sur des centaines d’albums et tournées avec les artistes les plus connus ici et en Chine. 

Marc: Avant mon arrivée, j’avais déjà passé pas mal de temps à l’étranger, notamment en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient. Je m’étais donc habitué assez tôt à l’éloignement avec le Québec. Avant mon arrivée à Hong Kong, je n’avais jamais eu l’occasion de connaître l’Asie. Mis à part les différences culturelles, les coutumes et la langue, j’ai trouvé assez facile de travailler et vivre à Hong Kong.  Pour un Québécois - en tout cas pour moi - je pense que la différence principale est le climat… chaud et humide, difficile à supporter, surtout l’été! Tout le contraire de notre rude hiver froid… qui ne me manque pas vraiment, sauf vu à travers d’une fenêtre et les pieds bien au chaud près du foyer. Je troque volontiers la tempête de neige pour le typhon! Surtout qu’ici on peut naviguer et faire de la voile dans de très bonnes conditions à l’année longue, alors qu’au Québec la belle saison ne dure que quelques mois…

Bruno: Ayant déjà vécu à Taiwan, Guanzhou et Pusan, Hong Kong n'a pas vraiment constitué un choc culturel. La grande différence avec le Québec selon moi est la vitesse à laquelle on vit ici, avec le niveau de stress associé. Heureusement, je pratique la randonnée (10km tous les matins avant le travail) et cela me permet de supporter la pression. Je ne ressent pas le manque du Québec si ce n'est tout de même depuis le début de la pandémie car des voyages professionnels au siège de mon entreprise américaine qui me permettaient de faire des crochets pour voir ma famille et les retours em été pour les vacances, nous sommes passés à des échanges virtuels avec les réseaux sociaux. Parfois la nostalgie s'installe.

 

Homme en randonnée à Hong Kong
Bruno en randonnée à Hong Kong

Annie-Claude : J’ai toujours bien vécu l’éloignement du Québec, principalement parce j’ai toujours aimé vivre à Hong Kong, et que je pouvais normalement rentrer chaque été me ressourcer auprès de ma famille. Par contre avec la pandémie et les règles de quarantaine, je commence à me sentir moins bien. 

Simon :  Avant de devenir père, j'ai toujours été attiré par les grandes villes, l'énergie et la diversité de l'expérience urbaine.  Maintenant, plus souvent qu'autrement, les grands espaces et l'air pur me manquent.  Une certaine nostalgie (probablement romantisée) de la vie de banlieue avec piscine, bbq, feu de camps et apéros entre voisins et amis.  J'ai eu une enfance en campagne bercée entre la pêche au lac familial, la cabane à sucre et les épluchettes de blé d'inde (maïs) en famille.  La réussite est vécue et perçue différemment entre le Québec et Hong Kong.  Au Québec avoir une grosse maison avec piscine, grosse voiture et voyager dans le sud est synonyme d'une vie bien réussie.  Ici, c'est plutôt le succès des enfants, le prestige des écoles fréquentés, le membership dans les clubs privées et les signes extérieurs de richesses avec articles de luxe (montres et sacs à main) qui semblent compter.  

Anik: Depuis 1998, j’ai passé environ trois ans au Québec. J’ai étudié et travaille à l’extérieur du Québec pendant plusieurs années. Donc je suis habituée. A part ma famille et mes amis, je crois que ce qui me manque le plus, ce sont les saisons. Chaque saison apportait quelque chose d’unique et je m’ennuie de ça. Les 5 à 7 sur les terrasses au printemps quand il commence à faire beau, le soleil qui se couche à 9pm en été, les feuilles des arbres qui changent de couleur à l’automne et les feux de foyer en hiver. Déneiger ma voiture à -20 degré Celsius a 7am, ça ne me manque pas! Hong Kong semble être un endroit qui ne dort jamais. C’est la plus grosse différence avec le Québec. Au Québec, c’est un peu plus tranquille.

 

 

"La Francophonie nous rapproche des Français de Hong Kong"

Avez vous des bonnes adresses pour les Québécois  ou fans du Québec à Hong Kong?

Pierre : Il n'y a pas beaucoup de Québécois à Hong Kong je n'en connais que deux, un musicien bien connu (Sylvain) et un autre qui oeuvre dans le milieu de l'audio-visuel et qui a été agent d'artistes au Québec. Pour ce qui des adresses pour les Québécois à Hong Kong, je n'en ai pas vraiment!

Sylvain : Pas particulièrement mais comme il y a tellement de Français dans le territoire, il est facile de trouver des francophones.

Marc: Je ne crois pas connaître d’endroit particulier où rencontrer d’autres Québécois à HK, mis à part peut-être au Cul-de-sac - maintenant fermé - qui à l’époque servait la fameuse poutine! Ou encore  peut-être à la librairie Parenthèses…

Bruno: Parmi les bars et restaurants canadiens à Hong Kong, le Big Bite, le Triple O's & Morty's font une poutine très honorable. Je recommande aussi le Honky Tonks et Le Last Resort. Ceci dit, nos nous retrouvons parfois à la Saint Jean (24 juin) ou avant les fêtes de fin d'année et demandons à chacun d'amener une spécialité comme la soupe au pois ou une tourtière.

Annie-Claude : Chaque fois que j’ai des invités du Québec, j’aime leur faire découvrir les restaurants de “Hot Pot” car nous avons une version adaptée que nous appelons “fondue chinoise”. Les Québécois sont festifs, et apprécient l’atmosphère fourmillante et conviviale de ces restaurants, sans parler de la bière locale qui y coule à flot! 

Simon : Malheureusement Hong Kong n'a pas (encore) de restaurant ou bar typiquement québécois.  Par contre, puisque la communauté d'expatriés canadiens est l'une des plus grandes (300000 dit-on), il existe donc quelques lieux dont les propriétaires ou le staff sont canadiens. Shady Acres ou The Last Resort sur Peel.  Big Bite, Triple O's & Morty's servent de la poutine.  Où l'on trouve de la poutine, on trouve des Québécois!

Anik: Je suis toujours à la recherche d’un bon endroit pour manger de la poutine à Hong Kong! Donc c’est moi qui aurais besoin d’une recommandation. 

 

association des québécois de Hong Kong
Les Québécois de Hong Kong lors de la Saint Jean

 

"Les Québécois ont une vision de Hong Kong déformée par les media"

Comment vos amis restés au Québec parlent de HK?

Pierre : Les Québécois sont très mal informés de ce qui se passe à Hong Kong. Je dois régulièrement rectifier ce qu'ils lisent dans les médias locaux du Québec, spécialement quand il y a eu les troubles avec les étudiants pro-démocratie à Hong Kong.

Sylvain : La plupart des Québécois ne connaissent pas beaucoup Hong Kong, certains croient même que c’est au Japon, haha! Ceux qui sont venus en ont un bon souvenir, par contre. Sérieusement, c’est une question à double tranchant car plusieurs musiciens québécois qui ont tourné en Chine ont une vision différente de celle exposée par les médias occidentaux, surtout depuis les émeutes de 2019. Dans mes posts Facebook, je montre les beaux côtés de Hong Kong, sa nature, son dynamisme, les concerts auxquels je participe, le bonheur que j’y vis, quoi.

Marc : Il est tout de même difficile pour eux de bien comprendre comment les choses se passent ici à HK, au-delà de ce qu’ils ont entendu à travers les médias.

Bruno : Mis à part les quelques personnes qui ont peu voyagé et posent (de moins en moins) des questions sur l'utilisation des baguettes, la langue utilisée ou la façon de résoudre les conflits, la plupart ont compris que Hong Kong était une cité internationale. Au moment des manifestations, les médias du Québec n'avaient par contre pas toujours la mesure des événements et souvent du mal à comprendre la situation.

Annie-Claude : J’ai des amis au Québec qui m’envient beaucoup. C’est exotique, ça suscite la curiosité, on me pose beaucoup de questions sur mon mode de vie. Le climat fait rêver aussi, surtout que les hivers québécois sont interminables. Depuis l’adoption de la loi sur la sécurité nationale, ma ville d’adoption fait beaucoup moins rêver, mon entourage s’inquiète un peu et ma famille est impatiente de me voir rentrer. 

Simon : Avant 2019, les caméras n'étaient pas souvent sur Hong Kong et pour plusieurs amis, Hong Kong était plutôt méconnue. Certains autres avaient le souvenir d'avoir brièvement vue la rétrocession de 1997 au téléjournal et me posaient des questions sur la localisation de Hong Kong et son statut. Après et durant 2019, plusieurs personnes s'inquiétaient de la situation ici sur le terrain. Souvent j'ai du rassurer mes amis et ma famille au Québec et, d'autres fois, j'ai aussi dû les sensibiliser à la situation. Difficile de trouver le juste équilibre (ie: ne pas trop les inquiéter versus prétendre que rien ne change et tout va bien). 

Anik: Je fais beaucoup de courses en sentier et de vélo. Mes amis de Québec sont toujours surpris de voir mes photos dans les montagnes ou sur les plages de Hong Kong. Plusieurs associent Hong Kong avec gratte-ciel et trafic. Ils ignorent le côté « nature » de Hong Kong qui est tellement facile d’accès. 

 

"Le groupe Facebook du Québec à Hong Kong est très dynamique"

Comment rencontrer des Québécois à HK?

Pierre : Comme je disais, je ne connais pas d'endroits ou rencontrer des Québécois à Hong Kong. Mais si vous voulez me rencontrer je joue souvent dans les clubs de jazz à Hong Kong. Au Peel Fresco et au Visage One en particulier. 

Sylvain : Avec le groupe Association Québec Hong Kong sur Facebook, qui organise des rencontres à l’occasion.

Marc : Il est pourtant facile de rencontrer les gens à Hong Kong - bars, resto, spectacles, concerts, soirées culturelles, clubs sportifs, etc.- mais il est plutôt rare de rencontrer des Québécois. On est beaucoup moins nombreux ici je crois que les autres Francophones.

Bruno : C'est surtout le groupe Facebook des Québécois des Hong Kong qui est à l'origine de contacts. Ensuite, on fait connaissance et rencontre plus de compatriotes. Ceci étant ma femme et moi cherchons plutôt les rencontres interculturelles, que nous trouvons en général plus enrichissantes.

Annie-Claude : Eh bien je suis ravie que vous me posiez cette question. Je dirige l’Association des Québécois à Hong Kong, vous pouvez nous trouver sur Facebook. Nous organisons des apéros quelques fois par année et nous ne manquons pas de souligner la Fête nationale du Québec chaque 24 juin.

Simon : Le groupe "Association Québec Hong Kong" sur Facebook est probablement la meilleure platforme pour rencontrer d'autres Québécois.  Avant la pandémie, plusieurs apéro (5 à 7 comme on dit au Québec) étaient organisés régulièrement. Autrement, le Canadian Club of Hong Kong organise aussi plusieurs événements où l'on peut rencontrer d'autres canadiens dont quelques francophones.

Anik: Pour moi, le meilleure façon de rencontrer des gens, Québécois ou pas, c’est en faisant du sport. C’est ainsi que j’ai rencontré la majorité de mes amis, incluant des Québécois! Il y a plusieurs groupes qu’on peut joindre et qui organisent des activités avant ou après les heures de travail, ou pendant le week-end.

 

Pour découvrir le Québec sans quitter Hong Kong:

 

Par ailleurs, cette année, et pour la première fois dans l'histoire des Trophées des Français de l'Etranger, l'édition de Hong Kong a ouvert le concours des Trophées des Français de Hong Kong à tous les francophones résidents à Hong Kong. Nous espérons donc que nos amis Québécois, Suisses ou encore Belges répondront présent à ce concours de talents.

Bureau du Québec à Hong Kong

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