D’après les statistiques, ils seraient environ 5000 à Hong Kong et formeraient donc l’un des plus petits groupes d’expatriés du territoire hongkongais. Pourtant, malgré la discrétion de sa communauté, la Russie est intimement liée à Hong Kong.
Aujourd’hui, nous sommes partis à la rencontre de Diana, Tamara et Kira, trois jeunes femmes d’origine russe qui se sont installées dans le Port aux Parfums. Voici leurs impressions, ce qui leur manque de leur pays natal… et surtout, leurs bonnes adresses !
Qui êtes-vous, quand êtes-vous arrivé à Hong Kong et qu’y faites-vous ?
Diana : Je dirige une petite entreprise de conseil fournissant une assistance à ceux qui souhaitent ouvrir une entreprise à Hong Kong. Originaire de Russie, j’ai quitté mon pays natal à l’âge de douze ans et j’ai beaucoup voyagé depuis. Mon aventure à Hong Kong a commencé il y a huit ans lorsque nous avons déménagé ici avec mon mari et mes deux fils, depuis Shenzhen. Ce sont les affaires de mon mari qui nous ont amenés ici, et avons laissé notre bureau de Shenzhen entre les bonnes mains de notre personnel. En ce moment, comme nous vivons et travaillons à Hong Kong et que nos enfants étudient ici, je dirais que Hong Kong est devenu notre maison. En raison de la situation actuelle, nous avons voyagé dans presque tous les coins de la ville, qui nous est désormais très familière.
Tamara : Je suis étudiante à Hong Kong. J’y ai déménagé en 2019 avec mon petit ami qui travaille ici. De mon côté, j’étudie le mandarin !
Kira: Je suis publiciste et écrivain et je travaille actuellement en tant que directrice du Russian Language Center. Je suis arrivée à Hong Kong en 2003 avec ma famille. Mon mari est prêtre au sein de l’Église orthodoxe russe et spécialiste du christianisme en Chine. Il est venu à Hong Kong pour rétablir la paroisse orthodoxe russe fermée en 1970.
« Quand je suis à Hong Kong, Moscou me manque… et quand je suis à Moscou, c’est Hong Kong qui me manque. »
Comment vivez-vous l’éloignement avec la Russie ?
Diana : En temps normal, avant le Covid, nous rendions visite à mes parents en Russie chaque été et chaque hiver. Désormais, nous gardons le lien avec la famille par vidéoconférences. Bien sûr, énormément de choses sont différentes. Néanmoins, toutes les grandes villes ont cette ambiance particulière… Étant originaire de Moscou, je me sens très à l’aise et contente de vivre à Hong Kong. Me trouver à proximité de la mer est un énorme bonus pour moi.
Comme, à Hong Kong, la nourriture russe (surtout le caviar) nous manquait, nous avons donc ouvert une épicerie en ligne qui s’appelle foodshop.hk, sur laquelle nous vendons des produits russes. Nous avons également de nombreux amis russes qui nous font nous sentir chez nous.
Tamara : Hong Kong est complètement différente de la Russie et j’adore ça. J’adore le fait que ce soit une ville internationale ! Bien sûr, ce n’est pas facile de gérer la distance compte tenu de la pandémie… je ne peux pas rentrer chez moi quand je le souhaite, et parfois j’ai le mal du pays. Cependant, je pense que c’est mieux, pour moi, de rester à Hong Kong, car la vie est plus excitante ici.
Kira: Je suis née en Azerbaïdjan (ex-URSS) et j’ai déménagé à Moscou à l’âge de 16 ans, puis ensuite à Hong Kong. Je me sens donc à l’aise dans un environnement culturel différent. Quand je suis à Hong Kong, Moscou me manque… et quand je suis à Moscou, c’est Hong Kong qui me manque. Vivre entre les deux est la meilleure option pour moi.
Si je compare Moscou à Hong Kong, c’est une ville très calme et sans stress. J’aime cela. Mais, comparée à Moscou, Hong Kong manque de vie culturelle.
« Hong Kong offre de nombreux événements culturels russes. »
Comment parvenez-vous à maintenir le lien avec la Russie ?
Diana : Heureusement, Hong Kong offre de nombreux événements culturels russes. Il y a, par exemple, en ce moment une belle exposition sur les tsars de Russie au Hong Kong Heritage Museum. Il y a également de nombreux musiciens, artistes et interprètes russes basés à Hong Kong que nous pouvons voir lors des événements et des programmes.
Et puis, professionnellement, j’échange avec beaucoup de clients russes, tandis qu’à la maison, nous parlons russe, lisons des livres en russe et pouvons regarder des films dans cette langue. Cela fait la différence.
Tamara : Je parle régulièrement à ma famille et mes amis. Je regarde des émissions russes et je lis des ouvrages en russe. Et puis, je vais parfois dans des restaurants russes à Hong Kong.
Kira: De nos jours, ce n’est pas si difficile de maintenir le lien. Je communique quotidiennement avec ma famille et mes amis en Russie, je lis des ouvrages et publications russes, j’écoute des podcasts, je regarde des films. Et pré-Covid, j’avais la chance de pouvoir retourner à Moscou trois fois par an…
Avez-vous de bonnes adresses pour les Russes ou les fans de Russie à Hong Kong ?
Diana : Il y a beaucoup d’endroits tels que le Russian language centre, où enfants et adultes peuvent apprendre notre langue. Il y a aussi un certain nombre de galeries d’art appartenant à des Russes, mais aussi la Russian school of ballet, le Russian ballroom dance studios, etc., et il existe un club russe qui organise des réunions mensuelles.
Pour la petite communauté russe de Hong Kong, je suis particulièrement heureuse que nous ayons une église russe orthodoxe.
Kira: Le Russian Language Center — pour les fans de longue date. Si vous êtes suffisamment courageux pour faire face à la grammaire russe, c’est le bon endroit. C’est la première école de langue russe à Hong Kong, enregistrée en 2007. Il y a régulièrement des événements comme un ciné-club gratuit, divers événements culturels. Il y a aussi une bibliothèque qui est ouverte tant aux russophones que ceux qui souhaitent découvrir les auteurs russes, contemporains ou classiques. Il y a aussi le Russian Club à Hong Kong qui organise différents événements, dont le festival annuel Russian Culture Festival. Ça dure tout un mois en automne et c’est vraiment — selon moi — le meilleur moyen d’approcher la culture russe.
Sinon, il y a deux restaurants — Ivan the Kozak et Dacha, qui servant des plats ukrainiens et russes. Ce sont de bons endroits pour découvrir notre gastronomie. Une autre option pour ceux qui aiment manger est le magasin en ligne foodshop.hk, qui vend des produits russes. Et il y a la Russian Orthodox Church of St Peter and Paul pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur les traditions orthodoxes. Et puis, il y a toujours des Russes que vous pourrez rencontrer autour d’un café ?.
Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire du Hong Kong Cemetery, sachez qu’il y a plus de 150 tombes russes gravées et reconnaissables grâce à la croix à huit pointes.
« Depuis toujours, il y a eu une bonne connexion reliant la Russie et Hong Kong. »
Comment vos amis russes parlent-ils de Hong Kong ?
Diana : Mes amis russes parlent de Hong Kong positivement. Hong Kong est une ville d’opportunités. Elle a une riche histoire et une riche culture. Certains la trouvent trop exotique, mais la plupart sont très heureux d’y être. Il y fait chaud et c’est une ville sûre.
Tamara : Tous mes amis pensent que c’est une ville géniale pour y être et se réjouissent de me rendre visite un jour.
Kira: La plupart de mes amis qui sont venus me voir sont tombés amoureux de la ville. Ils la trouvent confortable, ordonnée, magnifique et très tolérante. Certains se plaignent toutefois de la chaleur estivale. Je ne peux qu’acquiescer.
Et vos amis de Hong Kong, que savent-ils de votre région natale ?
Diana : Certains de mes amis à Hong Kong sont allés à Moscou et St Petersburg en tant que touristes et certains ont même voyagé avec le Trans Siberian railway (un de mes rêves). Je suis toujours surprise positivement de voir que tous les tickets sont épuisés lorsqu’il y a un spectacle russe à Hong Kong. Depuis toujours, il y a eu une bonne connexion reliant la Russie et Hong Kong, à la fois historiquement et aujourd’hui. On m’a demandé de nombreuses fois si j’avais des recommandations pour de la musique russe, de la danse ou des professeurs d’arts. Beaucoup de Hongkongais considèrent que c’est excellent pour leurs enfants.
Kira: La première chose qu’ils savent, c’est qu’il y fait froid. Si je compare avec mes amis européens, beaucoup de mes amis hongkongais ne sont pas très familiers avec notre littérature et notre culture. Mais par rapport à moi, ils connaissent très bien les caractéristiques de la vie moderne en Russie et en particulier dans les régions. Ils connaissent aussi très bien la musique russe. Et je dois dire qu’ils connaissent mieux que moi la musique russe moderne.
Comment rencontrer des Russes à Hong Kong ?
Diana : Le Russian club à Hong Kong organise des événements comme des afterworks ou du networking. Il y a aussi un ciné-club russe ou encore le groupe Facebook « Russians in Hong Kong ».
Tamara : Avant, nous avions des Russian meet-ups tous les mois, mais en ce moment, c’est stoppé avec la pandémie. J’ai assez d’amis russes ici donc je rencontre toujours de nouvelles personnes par leur biais, ou via des groupes en lignes, sur Facebook, Instagram ou Telegram.
Kira: Je pense que rejoindre l’un des événements organisés par les Russes est une option. Ces événements sont habituellement multinationaux, donc vous ne vous sentirez pas comme un alien.