La publication d’une série d’indicateurs depuis la rentrée et des déclarations politiques récentes, permettent de se faire une bonne idée de l’état de l’emploi à Hong Kong. Que vous soyez sur place, tenté par un nouvel emploi, ou à l’étranger, en phase d’exploration d’une activité salariée à Hong Kong, voilà ce que vous pouvez espérer de votre recherche.
Politique en faveur de l’emploi à Hong Kong
Même si vous avez lu d’un œil distrait le discours du Chief Executive de Hong Kong ce 19 octobre, vous n’avez pas pu rater l’accent mis sur la reprise économique et les efforts pour attirer les talents. Création d’Un Talent Service Unit pour servir les entreprises dans des secteurs porteurs, visa Top Talent Pass Scheme pour les jeunes actifs, extension du Quality Migrant Admission Scheme pour les Chinois du continent, fin de l’obligation d’embaucher du personnel local grâce au Technology Talent Admission Scheme… de nombreuses mesures ont été annoncées pour accompagner les entreprises. Nous sommes à Hong Kong, le tout est donc saupoudré d’une série de mesures fiscales avantageuses. Hong Kong serait-il devenu une terre d’immigration pour actifs ?
Le discours du Chief Executive a pour toile de fond une prise de conscience par le gouvernement de la RAS que la baisse de population, -1.6% entre mi 2021 et mi 2022, qui concerne en particulier les actifs éduqués et les employés expatriés, pose un vrai problème. Car qui dit émigration dit démissions et postes vacants. Comment embaucher les remplaçants ? Des projets devront ils être annulés ou mis en péril par manque de ressources qualifiées ?
Chômage et grandes tendances du marché de l'emploi hongkongkais
Le rapport du service économique du consulat français nous donne aussi de bonnes indications. Ainsi, le taux de chômage indiqué pour septembre est de 3.9%. Il n’a fait que baisser depuis février 2021. Cette baisse vient après une période de chiffres élevés aux standards hongkongais, cause crise du Covid, et ce malgré le soutien accordé par le gouvernement aux employeurs via le Employment Support Scheme. Rappelons que ce Scheme, soutenu par le fonds Anti-epidemic Fund, avait permis de maintenir dans l’emploi des personnes (par exemple dans la restauration et les services) qui n’avaient pu travailler normalement à cause des restrictions et risquaient de perdre leur emploi.
Ce même rapport indique pourtant que la population locale active a légèrement augmenté sur la période. Certains Hongkongais, qui avaient en effet dû opter pour un arrêt de leur activité salariée pendant la fermeture des écoles et autres restrictions sanitaires, a repris sa routine métro-boulot-dodo. Il y a des départs (à l’étranger), mais il y a aussi un nouvel appétit local pour le retour au travail.
L’équation à résoudre, dans un tel remodelage du marché, est évidemment de savoir si les démissionnaires partis à l’étranger ont pu être remplacés par les locaux, de retour sur le marché. Rien n’est moins sûr, si l’on en juge par l’inquiétude en toile de fond du discours de politique générale et les appels à l’immigration.
Que disent les sites de recherche d’emploi à Hong Kong ?
Pour les chercheurs d’emploi qui ont quitté le monde du travail depuis quelque temps, il va falloir prendre conscience que le monde du travail salarié a été complètement chamboulé par le Covid, et ce partout dans le monde : télé-travail (souvent partiel), grande démission (great resignation), démissions silencieuses (quiet quitting), salaires liés à l’inflation… Tout a changé, y compris le rapport de force entre employeurs et employés.
Le nombre d’emplois ouverts sur les sites de recherche à Hong Kong a augmenté de 30% au 2ème trimestre 2022. La demande est au plus haut depuis le pic Covid. Le marché est ainsi très favorable aux chercheurs d’emploi. Voici un récent panorama sectoriel de Linksinternational.com:
Quelques exemples de métiers porteurs en ce moment : avec l’accélération de la digitalisation, l’informatique se porte bien à Hong Kong, et les experts en cybersécurité sont en forte demande. Les postes commerciaux sont aussi en plein essor, car il faut repartir à l’assaut des marchés.
Les augmentations de salaires en 2022 sont évaluées, en moyenne, à 3.2% environ.
Quid de l’emploi de femmes à Hong Kong ?
Pour les femmes qui nous lisent (et les hommes qui aiment les femmes), la lecture des chiffres clé du Women and Men in Hong Kong – Key Statistics (2022 Edition) publié fin juillet par le Census and Statistics Department (C&SD), aide à mieux comprendre la situation de la mixité en entreprise.
S’il y avait 910 hommes seulement pour 1000 femmes à Hong Kong (hors Helpers) en 2021, il y avait 987 hommes actifs pour 1000 femmes, soit 8% de surreprésentation des hommes. Cet écart se creuse avec l’avancée en âge et bien sûr la maternité, moment auquel de nombreuses femmes qui quittent le monde du travail.
De nombreux obstacles jalonnent la vie des femmes qui travaillent, en raison des biais culturels et stéréotypes de la société hongkongaise. Les femmes n’occupent que 11% des postes d’exécutifs, 33% des postes de management senior (c’est le plus mauvais en Asie après le Japon), la proportion de femmes qui travaillent (54%) est inférieure aux pays de même niveau de développement (67.6% aux US, 71% aux UK, 68% en France). C’est moins bien que la Chine continentale ou Singapour. Cette même sous-représentation se retrouve en politique. L’encadrement législatif est pourtant fort, sur les salaires, le harcèlement, le congé de maternité (14 semaines), l’équilibre vie personnelle-vie professionnelle. Les femmes étrangères semblent protégées de ces stéréotypes.
Espérons que les employeurs sauront s’appuyer sur toutes les ressources féminines présentes à Hong Kong, d’autant plus que les jeunes femmes sont plus diplômées du supérieur que les jeunes hommes. Le rôle des femmes sur le marché du travail est peut-être l’inconnue qui permettra de résoudre l’équation du remplacement des démissionnaires partis à l’étranger par des locaux, de retour sur le marché.